Retour en enfance

275 24 0
                                    

- Aller, dépêches-toi !

- Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ?

- Mais oui ! Tu la veux ta poupée ou quoi ?

- Mais maman a dit que c'est pas bien de voler !

- Maman n'est pas là Sam ! bouge toi ou on part sans toi !

Je les suis. Si Joey dit qu'on peut le faire sans se faire gronder, je lui fais confiance. Nous entrons dans la boutique et nous approchons de l'étagère des poupées. Elle est là, MA poupée. Joey la prend et me la tend.

- Bon anniversaire ma petite Sam. Et toi Maria, tu veux quoi?

- Une boîte à musique !

- Y'a quelqu'un ?

- Merde, le gérant ! On se casse !

- Et mon cadeau !?

- Plus tard !

Nous courons entre les rayons, essayant de semer le vendeur de jouet qui nous court après. J'ai peur, je sais qu'on a fait une bêtise, mais je veux pas être grondée. Je rentre dans le dos de Joey qui s'est arrêté, il ne bouge plus et tremble un peu. Lui aussi, à peur.

- Voyez vous ça, des voleurs... Vous savez ce que je fais au voleurs ? Je les punis, et vous ne serez pas une exception !

Maria prend place avec moi dans le dos de notre frère, c'est lui qui nous a forcé à y aller, pour nous protéger je crois. Je me penche légèrement et arrive à voir l'homme qui nous a coincés. Il a un couteau dans la main, j'ai peur.

- S'il vous plaît, laissez nous partir. On va vous rendre ce qu'on a prit et on recommencera plus, s'il vous plaît.

- Oh c'est tentant, mais voyez vous, je n'en ai aucune envie. J'ai besoin de m'amuser un peu, ça fait longtemps.

Il s'approche de Joey qui, lui, recule et nous force à faire de même.

- Laissez mes sœurs partir, je vous expliquerai si vous voulez mais elles n'y sont pour rien.

- J'aimerais bien, mais plus on est de fou, plus on rit...

Joey nous crie de partir, nous ne voulons pas le laisser tout seul mais il nous supplie presque de le faire. Alors on le fait. On recule doucement pendant que le vendeur s'approche de Joey, et quand il nous le dit, on part en courant, et en pleurant. Marianne est devant, elle a toujours couru plus vite que moi. Elle est trop devant moi pour entendre ce que j'entends. Un cri. Joey a crié, il ne va pas bien, et nous, on s'enfuit. C'est injuste.

- Marianne attends !

Elle ne m'entend pas, j'avais ralenti et ça lui avait permit de presque disparaître de mon champ de vision.

- Marianne !?

J'ai encore plus peur. Joey ne va pas bien, je dois l'aider comme il m'aide quand je vais pas bien. Maman aurait voulu que je l'aide si elle était là. Je fais demi-tour et retourne à la boutique avant d'ouvrir la porte et de m'arrêter. Je ne peux plus bouger, je suis figée. Ce que je vois est horrible. Le vendeur est assis sur Joey, il lève son couteau et le baisse plusieurs fois avant de se lever et se décaler de façon à ce que je puisse voir mon frère. Du sang. Du sang partout. Il a le ventre ouvert, même d'ici je peux le voir. Son visage ne ressemble plus à rien. L'homme ne semble pas se soucier de lui et tourne la tête vers moi. Oh non, s'il vous plaît, pas moi ! Je pleure, Joey ne se relève pas, et l'homme s'approche de moi. Je recule et je crie. J'ai peur.

- Joey ! Réveille toi Joey aide moi !

- Ton frère est mort petite peste. Mais ne t'en fais pas, tu vas le rejoindre.

Il sourit, lui est content. Je recule. Encore. Et je hurle. Encore. Je me retourne et repart en courant. Il me suit, j'en suis sûre. Aller, plus que quelques mètres et je serais chez moi, avec Maria, maman et papa! Je n'entends plus les pas derrière moi. Il est parti ? J'ouvre la porte de chez moi et vois Marianne dans les bras de nos parents, en larme. Quand ils me voient sans Joey leurs pleurs redoublent. Surtout ceux de Marianne.

- Où... Où est Joey ma chérie ?

- Joey n'est plus là maman... Joey est... Il est mort.

Tout le monde pleure alors que mes larmes à moi commencent à s'arrêter. Maman me prend dans ses bras. Je me sens pas bien, j'ai l'impression qu'on m'enlève quelque chose mais je ne sais pas quoi. Ça doit être le choc, ça ira mieux demain, quand je me réveillerai. Tout ça n'est qu'un cauchemar. Oui, un horrible cauchemar.

Mais quand je me suis réveillée, Joey n'était plus là. Et une part de moi était partie. Quand je me suis réveillée, je n'avais plus d'émotion.

Ça ne devait pas être toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant