Fais lui oublier

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PDV Samantha

- Vide ? Développe.

- Vide de l'intérieur. Tu as dit vouloir me refaire sourire, mais je pense que tu n'y arriveras jamais. Pas toi et tes hommes en tout cas.

Frank, l'homme qui m'interroge et accessoirement mon oncle, me regarde de haut en bas. Son regard est jugeur, il n'aime pas ce qu'il voit, c'est évident. Me voyant trembler il pose se veste sur mes épaules avant de continuer.

- Tu as beaucoup maigris, tu es malade et tu es blessée... Depuis combien de temps n'as-tu pas vu ton reflet ?

- Trois jour.

- Comment tu vivais chez lui ?

- Plutôt bien. Je n'étais pas enfermée dans une pièce, j'avais de quoi survivre et une hygiène convenable.

- Et tes cicatrices ? 

- On n'aime pas sa victime au point de lui faire des caresses.

Sa mâchoire et ses poings se contractent.

- Il a été plus loin ? Je veux dire, il t'a forcé à faire des choses ?

- Il ne m'a pas violée Frank.

- Tu as changé Sam. Je me doute que tu as souffert mais il a été jusqu'à te faire perdre l'étincelle de vie que tu avais dans les yeux...

- La dernière fois que je t'ai vu j'avais quatre ans. Si tu avais daigné prendre de nos nouvelles au lieu de disparaître tu aurais su que ça fait bien longtemps que j'ai perdu cette étincelle. D'ailleurs pourquoi c'est toi qui m'interroge ?

- ... Tes parents t'expliqueront mieux que moi. Je les ai appelé, ils devraient arriver dans quelques minutes.

Au même moment, trois coups sec retentissent contre la porte avant que celle-ci ne s'ouvre. Dans l'entrée de la pièce se trouve mes parents, ma mère en larme et mon père impassible.

- Samantha... Oh mon petit bébé j'ai eu si peur, pardonne moi...

Ses bras m'entourent et elle me serre avec force, je ne lui rend pas son étreinte. Une main se pose sur mon épaule, celle de mon père, je ne réagis toujours pas.

- On va rentrer à la maison. C'est fini ma chérie, c'est fini...

Je les repousse. Je n'ai pas oublié qu'ils sont partis alors que je souffrais chez l'autre.

- Ne t'en fais pas Sam, tu pourras te venger. Nous allons tout faire pour que tu te sente mieux et que ce passage de ta vie soit rayé pour de bon !

Dit l'homme qui a l'air de se foutre de mon retour.

- Il a raison, tu vas suivre une formation et tu entreras dans une agence de hunter. Tu deviendras forte ma fille, et tu feras souffrir ce monstre autant qu'il l'a fait pour toi !

- C'est inutile, il est mort.

Mes parents se tournent pour la première fois depuis leurs entrée vers mon oncle, le regard dur.

- Et bien elle s'occupera des autres.

- Et mon avis, on s'en fout ?

- Que voudrais-tu faire d'autre ?

- Leur parler?

Leurs yeux s'agrandissent et la bouche de ma mère s'entrouvre. Tous me regardent comme si j'étais une bête de foire.

- Mais pourquoi ?

- Cette information vous est inutile, je veux juste leur parler. Seule.

- Tu te rends compte des risques que tu prendrais ? C'est hors de question !

- C'est d'accord.

- Pardon ?! Non mais qu'as-tu mangé ce matin pour être aussi fou Yoan ?! Tu veux la faire tuer ? Elle n'ira pas les voir seule et elle n'ira d'ailleurs pas les voir du tout !

- Elle leur parlera, mais nous ne serons pas loin et prêt à agir s'il y a le moindre problème. Elle a passé beaucoup de temps avec l'un des leur, elle saura mieux s'y prendre que nous pour leur soutirer des informations.

- On aura pas le temps d'agir ! Je te rappelle que ces choses sont bien plus rapide et forte que nous ! S'ils sont ici ce n'est pas grâce à nous !

- Taisez-vous.

- Elle a passé près de deux mois avec l'un des leurs et tout ce que tu trouves à faire c'est la renvoyer dans une salle avec eux ? Mais ça va pas la tête ?!

- Elle a 17 ans, elle sait ce qu'elle veut !

- Je vous parle.

- Sa sœur devait avoir 17 ans, elle a eu ce qu'elle voulait et elle en est morte !

- La ferme !

Mon poing frappe le bureau à ma droite, faisant sursauter mes tuteurs. Ils me regardent avec surprise, comme s'ils avaient oublié que je suis dans la même pièce qu'eux.

- Je ne vous demandais pas votre avis, j'irai les voir et j'y vais tout de suite que vous le vouliez ou non !

Voix dure et froide, ils ne s'opposaient jamais à ma volonté quand je l'employait avant.

- Frank.

Ma mère regarde mon oncle comme si elle lui demandait quelque chose tandis que Frank semble perdu.

- Elena c'est pas une bonne idée...

- Fais-le. Yoan, tu sors.

- Ne fais pas ça Frank, compte sur moi pour t'encastrer si tu le fait !

- Faire quoi ?

- Je suis désolé Samantha, nous n'avons plus le choix...

Les bras de Frank attrapent les miens et m'empêchent de bouger. Ma mère s'approche de moi, une seringue en main, tandis que j'essaie en vain d'échapper à mon oncle. Tout m'indique qu'il faut fuir, et vite, si je ne veux pas mal finir. Mais j'ai beau bouger dans tous les sens Frank reste plus fort que moi. La sensation de gêne qu'une aiguille procure quand elle se plante dans votre corps m'envahit. Mon père ne réagit plus, il regarde mon oncle et ma mère comme s'il voulait les tuer pendant que moi je tente de garder les yeux ouvert. Malgré mes efforts je sens mes genoux fléchir et mon oncle me retenir. Je sombre peu à peu dans un sommeil qui, j'en suis sûre, sera le pire de tous.

.......................................

J'ouvre les yeux et m'assied sur le rebord du lit.

Tu t'appelles Samantha Gray.

Je me lève avant de me diriger vers la salle de bain.

Tu as 25 ans.

Un peu d'eau froide sur le visage, un regard à mon reflet.

Tu n'étais pas fille unique, mais il les a tué.

Des vêtements qui finissent par terre, l'eau qui coule sur mon corps.

Tu as la rage en toi. Elle lui est dédiée.

Du savon, du shampoing, je sors de la douche et me sèche.

A lui, et à tous les autres meurtriers de son genre.

Vêtements propres sur le dos, je brosse mes cheveux.

Tu n'es plus sûre de ton passé.

Puis je me lave les dents.

Mais tu es sûre d'une chose...

Je passe la porte de ma chambre et rejoins l'entrée de mon appartement.

... Tu veux te venger.

Un grand sourire aux lèvres.

Tu veux Tous les retrouver.

J'ouvre la porte et me retrouve dans la rue.

Et les tuer jusqu'au dernier.

Aujourd'hui, je vais savoir si la piste que je suis depuis trois semaines est juste.

Aujourd'hui, tu vas te venger...

Ça ne devait pas être toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant