Ça ne devait pas être toi

Toujours obéir à sa mère

Après cette crise, je me suis enfermée dans ma chambre. Absolument rien ne laisse paraître que j'ai eu peur ou que j'ai pleuré. Mais ça, ma mère s'en fiche.

- Ce n'était qu'un cauchemar, je vais bien maman.

- Depuis quand des cauchemars font revenir tes émotions ?! Je m'inquiète pour toi Samantha, je ne veux pas que tu recommences tes crises de panique en pleine nuit.

- J'ai fais une crise parce que je l'ai revu, et que ça a fait remonter les souvenirs. Et de toute façon est-ce que j'ai l'air d'être dans le même état que tout à l'heure ?

- Non, et ça m'inquiète aussi. Je ne sais pas si tu te rends compte de ce qu'il c'est passé Sam, tu as eu peur ! et tu as pleuré ! ça fait 12 ans que tu n'as pas eu d'émotions !

- Et alors ? Tu es habituée maintenant, non ?

Quelqu'un frappe à la porte. Marianne entre et s'installe à côté de ma mère.

-Je sais que c'est pas forcément le bon moment pour demander ça, mais... Sam, tu veux bien aller à la boutique avec moi ? demande-t-elle.

- Oui, tu n'as...

- Non. me coupe ma mère. Si cet homme est bien ici, c'est trop dangereux. Vous ne sortirez pas de cette maison sans un adulte. Compris?

Je regarde Marianne, attendant sa réponse. Elle hoche la tête. Je fais de même.

- Très bien. vous avez faim?

- Non.

- Moi non plus. Heu... J'aimerais parler à Samantha, en seule à seule. Tu peux nous laisser s'il te plaît maman ?

Elle reste un instant, ne sachant pas si elle devait partir ou non, et fini par sortir de ma chambre.

- Il faut que je te pose quelques questions Sam, c'est important.

- Je t'écoute.

Elle reste silencieuse quelques secondes avant de reprendre la parole.

- Tu es sûre que c'était lui ? demande-t-elle.

- Oui. Mais je suis aussi sûre que ce n'était qu'un cauchemar. Ne t'inquiète pas pour ça.

- Comment tu fais? Je veux dire, pour ne pas montrer tes émotions ? Tu as vu la scène où cet homme a... Où il a...

- Ne le dit pas si tu n'y arrives pas.

elle hoche doucement la tête

- Et tu en fais des cauchemars. Pourtant on pourrait croire que rien de tout ça n'est arrivé. tu ne montres rien ! alors que moi je pleure presque tous les soirs pour... Je... J'y arrive pas...

- Je vais être honnête Maria, je ne sais pas. Après ce qu'il s'est passé, j'ai été vidée de tout. Je n'arrivais plus à être comme avant, c'est comme si on m'avait retiré une part de moi. Depuis je ne ressens rien, et je peine à me souvenir du nom de chaque émotions.

- Je veux être comme toi... Ne plus ressentir tout ça, ne plus avoir à me plaindre...

- Les gens trouvent ça bizarre d'être comme moi, ils se moqueront de toi et tu auras encore plus mal que maintenant. Crois-moi, tu ne veux pas être comme moi.

- Tu as eu mal, toi ? Quand ils se moquaient ?

- Non, parce que je ne ressentais rien. Toi tu ressens encore des choses, et tu pourras le cacher autant que tu voudras, ça te fera mal.

- Je veux aller à la boutique avec toi.

- Pourquoi?

- Parce que s'il est vraiment ici, je veux en être sûre. Je veux le voir de mes propres yeux. S'il te plaît...