15.CUNO

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15. CUNO


On devait sortir ce soir mais Cuno reste dans son lit.

Elle essaye de se doser les minéraux qu'elle a dans l'organisme grâce à un compteur camajok pour accuser une carence.

Elle est quandmême habillée pour sortir, avec ce qui serait une nuisette en satinnoir si elle ne l'enfilait pas pour partir faire sa chouette de nuitaussi, et je l'ai aussi déjà vue avec pour traverser lesboulevards, prendre un taxi, aller au bure...

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Elle est quandmême habillée pour sortir, avec ce qui serait une nuisette en satinnoir si elle ne l'enfilait pas pour partir faire sa chouette de nuitaussi, et je l'ai aussi déjà vue avec pour traverser lesboulevards, prendre un taxi, aller au bureau, aller à la plage.

Sa télécommandeuniverselle est à côté d'elle, elle l'effleure toutes les minutesce qui lui donne un intense sentiment de confiance en elle. C'est cequi lui a permis de m'ouvrir les quatre portes d'entrée depuis sonlit de mahogany à baldaquin, comme si mon épouse ma princessem'attendait derrière ses voilages en matière irisée plastique.

Son buildingest une vraie prison, aussi sécurisée en tous cas, avec des sasinterminables beaux comme des galeries d'art avec peintures,sculptures et marbres.

Son appart, uneéglise catholique, un confessionnal pour agents de la hype.

Elle a mis son parapluie dans une urne de la dynastie des Nguyen, la pillarde.

Tout son sol est en moquette noire, irréprochable, et j'y vais pieds nus,appréciant son contact pelucheux. Je traverse son vaste salon aux murs de charbon faits au tadelakt si je me souviens bien, un petit robot aspirateur traçant silencieusement des figures zen par terre.

Je pénétraisdans sa chambre par une porte chinée du Rajasthan puis arrivais sousun oeil-de-sorcière ancien. Une paire de rideaux noirs à droite luicachait le monde extérieur trop laid et trop moderne.

Une cheminéecentrale ou plutôt un brasero offrait sa petite flambée malgré ledanger moquette.

Il faittoujours trop chaud chez elle, mais quand elle vient chez moi elletrouve qu'il y fait frais alors que c'est une serre que j'ai.

Le crâne estlà avec sa scénographie du mois.

Il avait trouvéun compagnon de jeu, espèce de squelette de bébé humain blanchi enposition de danse. Son vase à fleurs avait la forme d'un coeuranatomique bien rouge avec des fleurs, bien noires. A côté setrouvait une photo de mariage qui n'est pas le sien, car il date de1924.

J'ai dit "plusde bon thé plus de bonté" comme on allait s'ennuyait autant semettre d'accord tout de suite. ça puait un de ses capricesnarcissiques où il lui fallait l'attention exclusive de tout lemonde. Hey! Pourquoi je ne lui offre pas le bénéfice du doute ?

Dans sa cuisinenoire, Hypy sort des tasses marquées arsenic, belladonne, cyanure,fait bouillir l'eau en cherchant les sucres en forme de crâne.

Parce qu'elleveut que tout le monde suive sa perfection, qui est à un degréabsolument inégalé et inutile, que ce soit son ménage, son décor,son maquillage, ses accessoires, son alimentation, son mode dereproduction, sa rhétorique... Tout a été étudié depuis desdizaines d'années dans une famille où l'on sait qu'on a un hautpotentiel. Tout est calculé avec ses logiciels coûteux et ellet'attend en présentiel pourte sortir le graphique de ta destinée.

HypyWhere stories live. Discover now