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Elle rentra chez elle, sa pyramide plongée dans l'ombre, celle au-dessus festoie de spots transcendants, teintant la piscine profonde d'abysses mauves, détourant les feuilles des palmiers dans la nuit absolue.

Le triplex où se façade piano et billard dans une langueur royale palpite de rires distordus et du chant dévoyé d'Orphée aux enfers de Poliziano.

Elle a mal, pas physiquement, même si ça commence à saigner avec cette furie qui lui a râpé au sol aussi ses genoux comme une esclave.

En fait c'est plus une sensation diffuse, issue d'une quadrature impossible, la soupape d'une tension crânienne qui explose sur le kraft de ses brouillons, appesantit par la monumentale construction qui influe sur son état.

Eux qui cassent leurs escaliers de cristal, piétinent tout, c'est une nuit comme il en fait beaucoup en ce moment, avec beaucoup de monde, là plus personne, et heureusement, la façade triangulaire semblait fatiguée.

D'une lassitude maussade, Hugolin se couche.

Il éteint alors toutes les lumières.

Dans cette bienfaisance Hypy rabat les pans de son kimono dans son lit, lunettes et oeuvre littéraire en cours de lecture.

Le lendemain c'est le même réveil par un plongeon: elle entend la déflagration qui se perd jusqu'à elle, ouvre les yeux sur la silhouette blanche qui se rapproche.

Il veut réussir à dépasser son propre record.

Hypy met en route les enregistrements du PSIO : «Lâcher prise» et «Se libérer l'esprit». 

Il repoussa la limite. Du bout des doigts il effleura un pan de verre, pris ensuite appui dessus en une pirouette lente et fabuleuse, avant de se propulser. La remontée en flèche fut terrible et il faillit suffoquer totalement. Ses yeux crevaient de lumière et ses poumons se décloisonnaient. Il sentit son cerveau n'être plus qu'une bouée de bulles noires. De ses oreilles jaillirent des techniques psycho-acoustiques suraigues. Ces audiocaments allaient plonger son esprit dans un état de profonde détente s'il y restait.

Quand il sortit de l'eau, à bout de souffle, pâle, il vit qu'il n'était plus seul.

Ses parents sont revenus de leur voyage, un voilier amoureux au pôle nord. Ils déposèrent leurs moonboots et sortirent sur la terrasse, leurs polaires nouées sur leurs t-shirts touristiques.

Ils ont l'air comblés, ça change des engueulades d'incompréhensions auxquelles il avait droit d'assister habituellement. Ils se font des petit-déjeuners d'agrumes auprès de la piscine.

Lui-même n'a plus envie de participer au réquisitoire des angoisses. Il est calmé. Il a grandi.

Sa mère note ses changements imperceptibles: plus d'assurance en soi, moins dans son imaginaire, toujours aussi émotif.

Il a osé boire un café avec eux. Le ciel ne se refusait pas. Ce café d'adulte, tu sais. Toutes ces petites indépendances qu'on n'ose pas prendre alors que nos parents n'attendent que ça.

Oui ça m'a bouffé. Ce matin, en allant dans sa chambre, il s'est senti guéri.

Et pourtant.

L'obsède en ce moment un songe, quand la poussière d'étoiles grésille bien et que les vautours rassasiés ne peuvent plus tracer avec lui. Il est rempli au ventre par ça, secoué chaudement dans son sucre, constamment éloquent, mais dissocié dans sa chambre.

Morbide dans une pièce aux pauvres apparats de garçon capricieux, dont les illusions lui donnent un spectacle déplaisant qu'il ne veut plus voir.

Alors, pour ça, il se concentre dans son onirocriticon.

¸¸.•*¨*•♫♪ [Komaton - birdyland]

HypyWhere stories live. Discover now