Chapitre 1: La demoiselle

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Foutue ascenseur encore en panne. Je n'avais pas une minute à perdre car j'étais déjà en retard pour le début de mon travail. Pour dire vrai, il était tout autant en panne que moi en retard, c'est à dire très souvent. Je me mis à courir vers la cage d'escalier. Je n'avais pas d'autre solution. Les escaliers tombaient à pic, même si je ne l'aurais jamais reconnu à voix haute.

Je regardais les escaliers en soupirant, j'étais au quatrième étage. Je devais avoir une quarantaine de marches à monter. Tout à coup, ma motivation revient et je les grimpais en montant les marches deux à deux. Je fus essoufflé en un rien de temps, je n'étais pas sportif. Pas du tout même, la dernière fois que j'avais fait un footing devait remontée à près de deux ans. J'avais de la chance d'être quand même très fin car je n'avais guère beaucoup d'appétit. Je continuais de courir tout en montant sans m'arrêter de marmonner. D'un seul coup, je croisais une demoiselle qui me montait encore plus vite les escaliers que moi alors qu'elle était juchée sur des talons de près de dix centimètres. Cet aspect m'impressionna en premier lieu mais ce n'est pas ce qui accrocha mon regard par la suite. Elle était vétue tout de rose, quand je pense à rose c'est tel un bonbon. Des pieds jusqu'à la tête, il y avait du rose de partout. Je n'en revenais pas. Son chapeau, sa robe, son manteau et ses chaussures, tous rose. Je fus si ébété que je m'étais presque arrété. En réalité cela me permettait de reprendre mon souffle. La demoiselle s'arrêta elle aussi, quand son regard se posa dans le mien elle me fit un grand sourire. Puis elle me dit:

-Courage!

Je ne savais pas trop quoi répondre, elle devait avoir pitié de moi. En effet, je devais être aussi rouge qu'une tomate. J'observais cette femme du coin de l'oeil, je ne l'avais jamais vu auparavant dans notre entreprise. Il est vrai qu'il y avait une centaine de personnes mais quand même une femme aussi visible par son style, je l'aurais remarqué. Non il était clair que je ne la connaissais pas ni de vue, ni de réputation.

-Vous êtes nouvelle, demandais je.

-Tout à fait, je suis là depuis exactement une semaine et je vois que cette ascenseur est souvent en panne.

-Oui, marmonais je en fronçant les sourcils.

-Je ne trouve pas cela dérangeant, s'exclama t-elle.J'adore faire du sport.

Au début je croyais qu'elle ironisait comme je le faisais tout le temps. Sauf que je vis dans son regard vert qu'elle ne rigolait pas. Je n'en revenais pas, une sacré bonne humeur ce dégageait de sa personne. Mes poils s'hérissaient à ce constat. Comment pouvait-on être d'humeur aussi joyeuse?

-Ah oui? Vous venez de quelle planète?

Ses yeux s'écarquillèrent devant ma mauvaise humeur et ma réplique cinglante. Son grand sourire réapparu immédiatement.

-Je suis de Tour, d'origine, je m'appelle Lucie Martin. et vous ?

- Yann Stanin.

-Enchantée, s'exclamait-elle.

Ce n'était pas mon cas alors comme j'avais plus qu'horreur des hypocrites, je préférais ne rien répondre. Je passais devant elle sans un regard. J'allais encore être en retard, si ce n'était pas déjà le cas. Je continuais mon ascension de l'horreur dans un léger grognement. Je devrais me remettre au sport. Enfin quand j'aurais réglé les problèmes de ma vie privée.

-Et vous! Attendez moi, hurlait-elle tout en me rattrapant.

La demoiselle rose ne semblait pas avoir envie que notre échange de mots s'arrête ici.

-Je suis en retard, je suis en retard, repetais je.

Je ne m'arretais pas une seconde. Cependant, elle me rattrapa en chemin. A mon niveau, elle aggripa mon bras. Au début je croyais qu'elle l'avait fait juste pour tenter de me retenir. Sauf que je remarquais suite à un regard sur sa tête qu'elle était en réalité tombé.

-Voila le résultat quand on court avec des chaussures pareilles, marmonais je.

Sa réaction me choqua au plus au point car elle explosa de rire. Je venais de me montrer grossier sûrement à un niveau inégalé mais elle en rigolait. Sur qui étais je tombé?

-Je suis assez maladroite, annonçait-elle. Cela vous dit que l'on mange ensemble ce midi ? J'aimerais découvrir plus de monde que les gens de mon service.

Je m'étais montré infecte, cela ne semblait pas l'atteindre. Non pire, elle me faisait un immense sourire.

-Non.

Je lui tournais de nouveau le dos. Elle était trop joyeuse pour moi. Trop pétillante. Je ne le supportais pas car je ne comprenais pas comment on pouvait être ainsi. Je vivais dans un enfer personnel depuis une année. Je crois que je jalousais ceux qui étaient heureux, je n'arrivais pas a leur ressembler. Je n'arrivais pas à m'en sortir. Mon travail était la seule chose qui me rapprochait des êtres humains normaux. Cette entreprise me permettait de m'évader, en travaillant dur j'oubliais les problèmes qui m'attendaient à la maison.

J'arrivais enfin à mon étage et suite à un coup d'œil sur ma montre je me rendis compte que j'avais près de vingt minutes de retard. J'allais me faire tapper sur les doigts. J'avais parfaitement raison car au moment où je voulus me glisser dans mon bureau sans me faire surprendre, mon supérieur sortit du sien. 

-Yann Stanin, vous êtes encore en retard c'est la troisième fois en une semaine. On en avait déjà parlé, c'est inacceptable. Je commence à me demander si je ne vais pas vous virer.

-Non excusez le, supplia une voix derrière moi. Tout est de ma faute, je suis tombée dans l'escalier et il m'a gentiment porté jusqu'à cet étage.

Je n'en revenais pas de l'apparition de la demoiselle rose. Elle m'avait suivit à mon étage et elle venait de me sauver la mise. Cette fois je ne m'en saurais pas sortit tout seul. Pourquoi avait-elle fait ça ? Qu'attendait-elle de moi? Je le compris rapidement quand elle me glissa en arrivant à mon niveau:

-Vous m'en devez une! On mange ensemble ce midi et la dette sera effacé.

Je crois que je n'avais pas d'autre choix que de dire oui.

La Milliardaire Rouge, VermillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant