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Je claque la porte d'un geste violent, toujours furieux. Allen devant la télé sursaute et me regarde étrangement. 

– Quoi ? dis-je sûrement trop fort et loin d'être aimable.

– Ça n'va pas ? demande-t-il en se levant.

– Non ça ne va pas putain ! Ton frère me pète les couilles à vouloir tout gérer ! m'énervé-je. 

– Il a fait quoi ? 

– Il m'a pris un boulot pour Hec, pour rembourser ma dette. Mais je n'ai pas besoin de ça ! J'aurai pu me démerdé tout seul ! Maintenant, va falloir que je me la joue Franck Martin pour l'autre con ! 

– Franck Martin ?

– Ouais Le transporteur quoi ! Putain avec toutes les merdes que tu regardes, tu ne connais pas ce truc ?!

– Et ? Il est où le problème ? 

– Le problème c'est que je ne veux pas bosser pour lui. Lui ramener les conneries qu'on vole, okay. Faire les combats qu'il organise, okay. Mais ça doit s'arrêter là. 

Allen marque une pause et passe ses mains sur son visage. Son regard change en quelques secondes et son soupire ne présage rien de bon. Allen montre rarement de l'inquiétude, alors voir la tête qu'il a maintenant ne me plait pas du tout.

– Tu sais, commence-t-il, moi aussi je bosse pour lui...

– Bah oui comme moi quoi.

– Nan... je veux dire que je ne fais pas que ce que tu penses... Tu sais les baraques, les effractions...

– Et tu fais quoi d'autre au juste ? demandé-je inquiet. 

– Tu crois que je pêche où la came que je vends hein ? C'est la sienne ! Moi aussi je suis son larbin tu crois quoi ? 

– Depuis quand ? dis-je alors que je comprends qu'Allen me cache des choses depuis sûrement trop longtemps. 

– Depuis le début ! Depuis que j'ai 13 ans je fais sa pute okay ?! s'énerve Al.

– Mais comment ton frère a laissé faire ça putain ?! dis-je sous le choc.

– C'est compliqué Skully... Alors fais ce que Hec demande, et passe à autre chose.

– Vous me rendez dingue putain  ! dis-je alors qu'Allen se rapproche de moi.

– Fais pas la gueule à Blaine okay, enfin, c’n’est pas simple pour lui non plus.

– Et comment je suis censé savoir ça hein ? Personne ne me dit rien dans cette baraque ! Vous m'avez gonflé les Pearce, j’me casse.

– Attends, tu n'vas pas partir comme ça ?! Viens, on discute !

– C'est bon lâche-moi !

Je me retrouve alors dans la rue à presque une heure du matin sans savoir quoi faire ni où aller. Hors de question que je recroise un Pearce cette nuit. Je risquerai de m'emporter et d'agir sans réfléchir. Je ne sais pas ce qui cloche chez eux mais franchement, j'en ai ras le bol ! Avec Blaine qui est bizarre depuis quelques temps et Allen qui me sort ça maintenant. Nan mais depuis quand ils se foutent de ma gueule ? D'accord, je ne suis pas leur vrai frère mais quand même. Cinq ans que je vis avec eux et partage leur mode de vie. Je pensais quand même avoir assez ma place pour connaître leurs secrets. À croire que non.

J'ai tellement les nerfs qu'il faut que j'aille me défouler. Avec Blaine, Allen et Hector, sans parler de Mason et de son abruti de frangin, clairement j'ai ma dose ! Mais à cette heure-ci, la salle de Benny est fermée et je ne connais qu'un seul autre endroit où je pourrai passer mes nerfs. Et me faire un billet au passage. Direction : La Cave. Cet endroit porte ce nom car il est au sous-sol d'une boîte. Boîte gérée par une bande de camés.  Je n'ai d'ailleurs jamais mis un pied en haut, je trace toujours directement à La Cave. Allen vient avec moi en général. Il en profite pour refourguer ses "fruits et légumes". Les propriétaires de cet endroit sont d'ailleurs de très gros "clients". Leur truc, c'est clairement la cocaïne. Mais ils achètent aussi une dose conséquente d'extasies pour le niveau boîte de nuit. Quand je pense que tout le fric que Allen se fait va tout droit chez  cet enfoiré d'Hector...

Je fréquente cet endroit depuis mes 15 ans. Avant même d'avoir mis mon fameux coup de tête à l'autre buse au lycée. La Cave a été témoin de nombreuses fois de mes coups de colère. Et cette nuit, je suis super en pétard ! Je prendrais n'importe quel con qui veut se mesurer à moi. Même si j'ai encore les atroces douleurs de la vielle qui me tiraillent, à l'heure qu'il est, je n'en ai strictement rien à carrer. Quitte à avoir mal, autant que ça serve à quelque chose.

***

Il est 4 heures du matin quand je sors de La Cave plus riche de 800 dollars, et sûrement avec quelques bleus de plus.  Mais au moins, je suis détendu. Je réfléchis alors à ce que je vais bien pouvoir faire hormis rentrer à la maison. Croiser Allen ou Blaine risquerait de compromettre ma bonne humeur retrouvée.  Voyons... qu'est-ce qui pourrait bien garder mon sourire en place ?

Sarah ! 

C'est joyeux que je monte dans ma voiture et roule jusqu'à la maison des Jane. Une fois garé devant, je me rends compte qu'il est presque 5 heures du mat' et qu'elle doit sûrement dormir. Mais j'ai tellement envie de la voir, de la serrer contre moi. Notre "collé/serré" quelques heures avant était juste parfait, mais j'ai tellement eu envie d'aller plus loin. D'ailleurs c'est sûr, si Blaine ne nous avait pas interrompu, j'aurais évité de passer une soirée de merde pour au final, m'afubler encore de quelques blessures. Enfin bref...

En regardant la maison de plus près, je remarque qu'il y a une légère  lumière au salon.  Déjà debout ? Au moins, j'aurais moins de remords à la réveiller. Je sors de ma voiture et avance d'un pas confiant vers la fenêtre du salon. Les yeux derrière la vitre, je remarque que Sarah est allongée sur le canapé, des écouteurs dans les oreilles et remue la tête doucement, le sourire aux lèvres en faisant du playback.

Mais non ?!

Je souris comme un débile en comprenant ce qu'elle chante. Cette chanson était complètement sortie de ma tête. En franchement, entre nous, c'était très bien comme ça. Mais cette fille est définitivement une magicienne et parvient à me faire fredonner comme un con devant une fenêtre à 5 heures du matin. Cette chanson qu'elle me faisait sans cesse écouter à l'époque du lycée.

Je décide de vérifier si la clé de la porte est toujours logée dans la petite cabane à oiseaux en haut à droite près  de la lampe. Par chance, les vieilles habitudes de Sarah n'ont toujours pas changé. J'ouvre et entre tout en souriant encore. Un peu plus et je vais avoir la face paralysée à force de sourire comme un abruti. J'avance sagement et m'assoie sur le bord du canapé près d'elle. Elle ouvre les yeux, sans même avoir l'air surprise et me tend un écouteur. Elle se plaque au fond du canapé pour me laisser la place de m'allonger contre elle. Comme il y a longtemps, elle niche son nez dans ma nuque en faisant voyager ses doigts sur mon ventre en écoutant les paroles. C'est tellement bon d'être là.

You know you love me, I know you care
Tu sais que tu m'aimes, je sais que tu t'inquiète
Just shout whenever, and I'll be there
Crie n'importe quand, et je serais là
You want my love, you want my heart
Tu veux mon amour, tu veux mon coeur
And we will never, ever, ever be apart
Et nous serons jamais, jamais, jamais séparés
(Baby - Justin bieber)

You know you love me, I know you careTu sais que tu m'aimes, je sais que tu t'inquiète Just shout whenever, and I'll be thereCrie n'importe quand, et je serais làYou want my love, you want my heartTu veux mon amour, tu veux mon coeurAnd we will ne...

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In my memoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant