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Je vois Hector tomber au sol, percutant la commode derrière lui au passage.

- Noah ! crie Sarah alors que j'entends Blaine hurler « Skully ».

Je ne me sens même pas partir à mon tour, mais le fait est que je m'écroule littéralement sur le parquet du bureau sans être capable d'amortir ma chute. Sarah, en pleurs me rejoint sans attendre. Elle place alors ma tête sur ses genoux après s'être assise par terre près de moi. Je détourne un instant mes yeux d'elle pour observer Allen qui semble tétanisé, son arme toujours pointée là où Hector se tenait il y a encore quelques secondes. Blaine lui retire le flingue des mains avant de venir à son tour à mes côtés. Mon regard se porte à nouveaux sur Sarah qui tremble et ne cesse de pleurer tout en passant ses mains dans mes cheveux.

- Pourquoi tu pleurs Princesse ? demandé-je en caressant sa joue avec ma main.

C'est là que je remarque qu'au lieu de lui donner un geste d'affection, je ne laisse en fin de compte qu'une traînée de sang sur sa jolie pommette. Je panique soudainement et tente de voir d'où provient la blessure. Je m'agite alors que Blaine tente de me maintenir.

- Bouge pas. Reste tranquille frérot, fait-il en appuyant fort ses mains sur mon abdomen. Al, appelle les secours, fait-il calmement ensuite. Ça va aller Skully. T'en fais pas. Ils vont arriver vite. Sarah, file-moi ta veste, demande-t-il ensuite.

Ma belle blonde s'exécute sans rien dire, juste en laissant toujours les larmes couler sur les tâches de sang que j'ai posé sur sa joue. Blaine se sert de la veste de Sarah pour comprimer ma plaie un peu plus fort. C'est là qu'une vive douleur me traverse, m'arrachant un cri de souffrance. Sarah sanglote un peu plus en murmurant mon prénom, inquiète. En réalité, je n'ai pas vu l'étendu des dégâts, mais moi aussi je flippe. Je n'ai jamais eu autant mal de toute ma vie et voir les tronches qui font tous, ça s'annonce mal.

- Dix minutes ! lance Al en s'accroupissant avec nous. Tiens encore dix minutes Skully. Ils arrivent.

- Les doigts dans le nez mon frère, dis-je en plaisantant et faisant le signe « V » de victoire en sa direction. Alors comme ça monsieur zéro violence a buté ce connard d'Hector, ris-je fébrilement. T'attaques fort pour une première.

- T'as vu ça hein ? fait-il en tentant de rire pour éloigner les larmes naissantes aux creux de ses yeux. Je n'allais pas te laisser prendre le melon tout seul "Monsieur j'me la pète" , dit-il en prenant ma main.

Je me marre mais je suis vite rattraper par ma blessure qui me torture. Je commence même à avoir froid et tremble comme une feuille. Comme si j'étais cloué au lit avec de la fièvre. Je repense alors à ce jour quand j'étais petit, enroulé dans ma couette à cause d'une mauvaise grippe. Je me sens dans le même état qu'à cet instant là, la douleur en plus évidemment. Maman m'avait apporté un bon bol de chocolat au lait fumant avec une gaufre à la confiture de framboise. Ce parfum me remonte immédiatement dans les narines. Comme un souvenir venu de loin juste pour moi, pour venir me chercher. Ma mère s'était ensuite blottie contre moi sous la couette en me chantant du "Maryline". Je crois d'ailleurs qu'elle n'aimait chanter que ça. Une fois remis et réveillé de notre sieste, je l'avais regardé dormir. Elle était belle. Tellement belle. Elle m'aimait. Je suis si désolé de ne pas avoir su la retenir. De ne pas l'avoir fait changer de vie.

Je suis à nouveau foudroyé sur place par une douleur aiguë mais je tente de ne pas exprimer ma souffrance pour ne pas les alarmer. Je regarde alors Blaine en essayant de faire abstraction des sanglots de Sarah.

- Frérot ? Je vais avoir besoin de toi encore un peu si tu veux bien, dis-je à mon ami. Un dernier service tu vois...

- Dis pas des conneries. Ça va aller je t'ai dit. Fais pas dans le mélodrame ça te va mal, rit-il.

- Blaine, je suis sérieux, dis-je avec aplomb. Je veux que tu prennes soin de Sarah. Comme t'as fait avec moi, avec Al. Je veux que tu la considères comme la famille. Que tu sois là pour elle à ma place. Fais attention à elle, dis-je en commençant à sangloter.

Sarah pleure de plus belle en serrant ses bras sur moi.

- Promets-moi Blaine.

- Je te le promets. Mais tu le feras très bien tout seul. Maintenant arrête un peu de parler.

- Sarah ? dis-je en tournant ma tête pour regarder l'immensité de la tristesse qui a pris place sur son visage. Faut pas pleurer ma belle. T'as entendu Blaine ? Ça va aller, dis-je pour la rassurer.

Mais j'ai la nette impression que je tente moi aussi de me convaincre.

Elle rit nerveusement mais pleurs sans cesse. Ce son est tout simplement atroce. J'ai déjà tellement mal, et la voir dans cet état me fait juste souffrir davantage.

- Pourquoi t'as fait ça ? murmure-t-elle.

- Super Noah est dans la place ma jolie, plaisanté-je. Pour vous servir belle demoiselle, dis-je en déposant un baiser sur sa main qui est près de ma tête.

Voyant son visage se ternir de plus en plus, ma douleur disparaître et tout ce qui m'entoure s'évaporer, j'ai soudain d'énormes regrets.

- Je suis tellement désolé Sarah, dis-je en lâchant prise et laissant mes larmes dégringoler le long de mes tempes. Je sais que j'ai merdé. Tu n'aurais jamais dû être là. Je suis désolé. Tellement désolé... Pardonne-moi, s'il te plaît Sarah. Pardonne-moi, dis-je en tentant de la serrer dans mes bras.

- Chut... murmure-t-elle. Calme-toi. Tu sais bien que je t'aime même quand tu prends les mauvaises décisions, avoue-t-elle en sanglotant de plus en plus fort. Je suis là, et je resterai là...

Je souris, apaisé par ses paroles et ferme enfin les yeux. J'ai envie de lui dire que je ne la laisserai jamais partir loin de moi, mais je n'en n'ai plus la force. Je me laisse alors emporter par une vague douce et inconnue. Je me sens bien, léger, comme en plein rêve. Je perçois encore au loin les dires de mes amis. Ils s'inquiètent au sujet des secours qui traînent à arriver. Mon prénom résonne de plus belle dans ma tête. Comme un écho qui s'éteint lentement.

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In my memoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant