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Il est cinq heures du matin passées quand j'ouvre la porte de chez moi en furie sans me soucier du bordel que je fais. Tant mieux si je les réveille d'ailleurs. Al étendu sur le canapé comme souvent sursaute suite à mon vacarme. Ce n'est pas à lui que j'en veux le plus mais là, je m'en tape royalement. Lui aussi n'a fait que mentir. Je me jette sur lui pour le maintenir sur le sofa et le bloque avec mon avant bras sous la gorge.

- Vous comptiez vous foutre de ma gueule encore longtemps ?! hurlé-je en lui mettant mon poing dans la tronche ensuite. J'étais censé savoir quand qu'Hector est votre putain d'oncle hein ?! continué-je en le frappant à nouveaux. Bah alors, on ne se défend pas Monsieur zéro violence ? T'as rien à dire ? crié-je rouge de colère.

On me tire brutalement en arrière avant que je ne donne un coup supplémentaire à Allen. Blaine me plaque contre le mur du salon en serrant une main autour de ma gorge. Il m'envoi valser si fort que le cadre qui cache le coffre tombe au sol.

- Tiens, voilà traître numéro deux ! ris-je.

- Maintenant tu vas te calmer ! Al n'y est pour rien ! Si tu dois t'en rendre à quelqu'un, c'est moi ! C'est MOI qui ai choisi de te mentir sur Hec et ta mère, PAS lui ! m'engueule Blaine.

- T'as même l'air fier de ça, frérot, me moqué-je.

- Putain t'es complètement pété Skully, fait-il en relâchant la prise qu'il avait sur moi.

Je profite de ce moment pour lui mettre une droite en pleine gueule. Blaine ne se laisse pas faire et riposte en me foutant son poing dans les côtes. Outch ! Je me plie en quatre instantanément. Ce con a tapé pile où j'ai mal et la douleur me foudroie sur place sans préavis.

- Ce que t'es lâche mon pauvre Blaine. Frapper où je suis faible. T'es pathétique, dis-je en me levant difficilement et crachant à ses pieds.

- Si ça te fait plaisir de le penser, ne te gênes pas. Reviens me parler quand tu auras grandi un peu Skully, fait-il en me tournant le dos.

- C'est MAINTENANT qu'on doit parler ! Je veux tout savoir Blaine ! dis-je alors qu'il se retourne enfin pour me regarder. Tout de suite ! Sinon je me barre et tu ne me reverras plus jamais. Je ferais comme si tu étais mort, déclaré-je en avançant. Comme si je ne t'avais jamais croisé.

- Bien, fait-il en se posant sur le divan.

J'écoute Blaine qui devoile enfin une partie de sa vie dont j'ignorais tout. Il entame difficilement en me parlant de sa mère qui les a abandonné lorsqu'ils étaient très jeunes. Comme la mienne l'a fait également. Je reconnais dans ses yeux la souffrance qui m'a longtemps animé. Je vois son visage triste et abîmé par le chagrin. J'ai toujours pensé que ce mec était bien plus fort que moi. Qu'il était invicible face à la cruauté de la vie. Mais le fait est que, s'il souvre un peu, en realité, il est comme moi : un orphelin.

Il me parle ensuite de son enfance régie par Hector, l'oncle terrible, le frère de sa mère prostituée. Hector ne les a jamais aimé son frère et lui. D'ailleurs, personne n'aurait pu deviner le lien qui les unissait. Il a juste vu en eux de bons petits toutous pour faire son sale boulot. Il me parle des magouilles qu'il a dû faire pour lui pour éviter à son frère de sortir du droit chemin le temps que c'était possible. Blaine marque une longue pause, mal à l'aise, avant d'avouer qu'il a souvent dû assister à des mises à mort de mauvais payeurs. Il n'ose même pas me regarder dans les yeux quand il déclare ensuite qu'il a dealé, qu'il s'est battu, qu'il a tué... Toujours dans l'unique but d'éviter à Allen d'en faire autant. Blaine négocie sans cesse le destin de son frère en se sacrifiant depuis leur plus jeune âge. C'est là que je vois l'étendu de l'amour fraternel. La bienveillance de Blaine.
Allen n'a pas échappé à la vente de drogues mais quelques part, c'est peut-être la solution la moins pourrie.

In my memoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant