In my memories

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Bip... Bip... Bip...

Putain mais c'est quoi ce bordel ? On ne peut pas dormir en paix ? Encore Allen qui doit regarder un de ces films à la con avec le volume à fond. 

J'essaie d'ouvrir les yeux  mais les referme aussitôt, ébloui par la lumière violente de la pièce qui m'agresse. Mais au même moment, je réalise que quelque chose me bloque la gorge et me fait mal. Je dirige ensuite doucement ma main vers mon visage. Enfin doucement, je n'ai pas vraiment le choix de faire autrement, je n'ai clairement plus de force. J'ai encore dû me prendre une cuite monumentale. Il va vraiment falloir que j'arrête de picoler un de ces jours. Ma main arrivant sur mon torse, je sens tout un tas de câbles posés sur ma poitrine. Remontant ensuite mes doigts jusqu'à ma bouche, je panique lorsque je sens l'énorme tube coincé entre mes lèvres. Je m'agite, j'étouffe totalement et ouvre enfin les yeux. Mais la lumière à beau être intense, je ne distingue rien dans la pièce. Tout est flou et l'angoisse me gagne davantage. J'ai envie de hurler, gagné par l'affolement et l'incompréhension. Etre à ce point mouvementé ne me ressemble pas, mais là, je ne comprends rien, je ne vois rien et suffoque seconde après seconde. 

— Noah ? entends-je.

Sarah ? Je me stoppe un instant, le temps d'être certain de l'avoir bien reconnu.

— Al, va chercher le médecin ! 

Blaine ?

— Noah, tout va bien, assure la voix de Sarah. Calme-toi... Je suis là...

Elle prend mes mains dans les siennes pendant que j'essaie de me concentrer pour voir correctement son visage. Elle détend sa prise pour ensuite caresser mon visage. Comme un aimant, mes doigts aussi viennent effleurer sa joue. Je me relâche, apaisé par elle. Mais je n'aime pas sentir sa joue mouillée par la tristesse. Je sais parfaitement qu'elle pleur, et ça à cause de moi. Elle passe lentement ses doigts sur mon front, comme le ferait une mère pour calmer son enfant. Je me décrispe et reprends une respiration normale. 

— Sarah, dis-je dans un souffle presque inaudible, à cause de l'entrave qui habite ma gorge. 

— Je vais vous demander de sortir s'il vous plait, annonce une voix inconnue. 

Je vois alors la silhouette un peu moins floue de Sarah se lever, ainsi que celle de Blaine. Je commence à mieux distinguer ce qui m'entoure et ça me rassure. Je constate aussi que Allen est près de la porte, aux côtés du médecin. J'ai envie de dire à Sarah de rester avec moi, mais rien ne sort de ma bouche. Je sens sa main quitter la mienne et j'ai déjà mal de la laisser partir. Reste avec moi...

— Je suis juste devant, je reviens vite, fait-elle avant de m'embrasser, comme si elle avait entendu mes pensées. 

 — Heureux de vous revoir parmi nous Monsieur Perretta. Je suis le Docteur Ivanovski, c'est moi qui ai prit en charge votre opération. N'essayez pas de parler maintenant, je vais programmer l'extubation. Les coups qui vous ont été porté ont occasionné une détresse respiratoire. Vos trois côtes cassées n'ont pas arrangé les choses. Quelque part, vous avez même eu de la chance que vos poumons ne soient pas perforés, vos lésions auraient pu être bien pires, voire mortelles. Cependant, la police va quand même venir vous poser quelques questions. Un citoyen anonyme les avait prévenu de votre état avant que vos amis ne viennent vous chercher. 

La police ? Merde pourquoi les flics putain ?! 

Drake ! 

Tout à coup, des flashs de la veille me parviennent, revivant chaque coup que Drake m'a porté, avant de me jeter dans le fossé le plus proche. Je me souviens de chaque douleur qu'il m'a infligé, chaque respiration que j'ai manqué, chaque fois que le lui ai dit d'arrêter. Putain, Hector va me buter !

**

— Hec ? dis-je à Blaine. T'as eu des nouvelles ? 

—  Je l'ai mis en sourdine, avoue-t-il.

—  Putain, il va avoir la mort ! râlé-je.

—  On verra ça pl1us tard frérot. Ça fait déjà quatre jours qu'il doit être en train de bouillir, il n'est plus à un jour près maintenant.

— Comment quatre jours ? demandé-je choqué.  

— T'es resté quatre jours dans le coma Skully.

— Putain de merde ! Faut qu'on se barre, dis-je en me redressant. 

—  Tu comptes aller où comme ça ? demande-t-il alors que je peine à m'asseoir sur le rebord du lit. Tu tiens à peine debout.

— Les flics vont arriver putain ! lâché-je en posant enfin un pied à terre et tentant de me lever.

Ce simple geste m'arrache une grimace épouvantable. Bordel ce que ça fait mal ! 

— Pose ton cul tout de suite, lance Sarah en entrant dans ma chambre. 

Je la regarde sans broncher, et obéit. Elle tend un soda à Blaine ainsi qu'un sandwich et me rejoint en se posant sur le bord de mon lit. Allen aussi est là, les mains chargées de tout un tas de conneries à manger. 

— Comment va la Belle au bois dormant ? demande-t-il en riant.

— Je t'emmerde sale con, ris-je alors qu'il me tape dans la main. 

Je tente de garder la face et de ne pas grimacer une fois de plus, mais clairement, même un "check", ça me défonce.  

 — Ça al'air d'aller, s'amuse Al , si on met de côté ta gueule de zombie dépravé. 

 — Al ! râle Sarah. Tu ferais bien de te regarder avant de te foutre de lui.

— Désolé chérie, mais regarde ma gueule de beau gosse, lance Allen le sourire aux lèvres. 

  — Moque-toi encore de lui, et je te promets que tu auras la même tronche que lui, rit Sarah. Compris chéri ? 

Tout le monde se marre, et franchement, ça fait du bien. Ils ont l'air de plutôt bien s'entendre tous les trois. On ne soupçonnerait pas le large fossé qu'il y a entre notre monde et celui de ma belle mademoiselle Jane. Je me détends peu à peu, heureux d'être là et de les voir joyeux également. Je veux profiter de ce moment de complicité tant qu'il en est encore temps. Dans quelques heures, la dure réalité va venir frapper à ma porte. Je vais devoir faire face à mes conneries si je veux avancer, et prier fort pour qu'Hector me croit innocent dans tout ce bordel. Mais avant, il va falloir que je garde la tête froide pour affronter la police. Je ne vais devoir flancher sous aucun prétexte. Heureusement pour moi, je n'ai pas de casier. J'espère donc pouvoir les endormir un peu comme je veux, il ne pourront jamais parler récidive et tout le bordel. J'ai la chance d'avoir tout appris aux côtés du meilleur, Blaine. J'ai toujours éviter de me faire chopper, et sans me vanter, je ne me suis pas trop mal démerdé jusque-là. J'espère être à la hauteur de ce nouvel obstacle vers ma nouvelle vie, pour enfin oublier tout ça. Profiter enfin de Sarah sans aucune entrave. Plus de Hec, ni Drake ou bien Mason, plus de filcs. Juste nous.