[ 25 ] Sarah

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Je me redresse et lui tends ma main. Il ne la rejette pas et s'en empare sans trainer. Il nous conduis jusqu'à la chambre alors qu'il dévore mes lèvres à nouveau. Une fois dans ma chambre, devant mon lit, je le regarde qui m'observe avec envie. Voyant le désir dans ses yeux noirs, j'ote délicatement mon débardeur et me retrouve vite presque nue devant lui. Cette scène, je l'avais imaginé tant de fois... Je ne pensais pas devoir attendre si longtemps, mais je ne voyais pas les choses autrement que de cette manière. Ici, avec lui.

– Oh Sarah... Si tu savais depuis quand j'attends ça.

– Je sais.

Et oui, je le sais si bien...

Noah ne laisse plus les secondes défiler davantage et m'allonge sur le lit derrière moi. Il est très doux et tendre, déposant de langoureux baisers sur mon corps. Mes gémissements trahissent mon envie au fur et à mesure que ses mains se promènent sur ma peau, ma poitrine et plus bas, bien plus bas.

Sentant que Noah chavire de plus en plus, je détache son jean et laisse mes mains maladroites saisir son érection. Nos bouches toujours scellées, je sens une chaleur indéfinissable grandir en moi avec fureur. Une sensation inconnue mais tellement grisante s'empare de moi et je ne souhaite qu'une chose : que Noah me montre à  quel point il tient à moi.

– Putain Sarah je, je n'vais pas tenir encore longtemps si tu commences à faire des trucs comme ça.

– Qui t'as demandé de retenir quoi que ce soit ? murmuré-je difficilement alors que je suis prête à  exploser. Viens...

Voyant Noah prêt à prendre possession de moi, je n'ai pas peur. J'ai confiance en lui et je sais que c'est ce que j'ai toujours voulu. Même si je pensais que ce jour n'arriverait plus jamais. Alors qui entre en moi doucement, j'ai une impression  étrange qui me submerge. Je ne dirais pas que j'ai mal, mais la sensation n'est pas très agréable au premier abord. Il doit sûrement remarquer mon trouble car il stoppe ses mouvements pour planter son regard émerveillé dans le mien.

– Ça va ? demande-t-il inquiet.

– Oui... Ne t'en fais pas... C'est juste que... bah je t'ai attendu quoi...

– Comment ça ?

– Bah j'avais toujours pensé m'offrir à toi, la première fois. Et puis... Je suis partie. Et je n'ai jamais trouvé personne d'autre pour jouer le rôle qui t'était destiné...

Comment lui dire les choses autrement ? Pourquoi lui aurais-je caché la vérité  ? Je m'étais "réservée" pour mon Super Noah à l'époque. Malheureusement, j'ai dû partir et laisser de côté ce doux rêve. Loin de lui, j'ai écarté tous les hommes qui auraient pu être à sa hauteur.

– Je t'aime Noah, lâché-je contre ses lèvres.

Inutile de retenir mes mots plus longtemps. Ça fait tant de temps qu'ils étaient bien rangés au fond de mon coeur. Depuis que je l'ai retrouvé, c'est  comme s'il avait amené la clé avec lui. La clé qui ouvre mon âme et libère mes sentiments oubliés. Oui, je l'aime, et ça depuis des années. Il l'embrasse d'une manière encore inconnue, tendre et pleine d'espoir. C'est alors qu'il entame une danse sensuelle, mêlant nos deux corps pour ne faire qu'un. Noah ne dit plus rien mais je vois dans ses yeux le message qu'il essaie de me faire passer : lui aussi, il m'aime. 

***

J'observe son visage abîmé alors qu'il dort paisiblement dans mes bras. Comme un enfant, il a posé sa tête sur ma poitrine pour que je lui caresse les cheveux, et emmêlé ses jambes dans les miennes. Je survole ensuite doucement l'hématome qui colorie son oeil droit, en prenant  bien soin de ne pas le réveiller. Je suppose que vu l'heure à laquelle il a débarqué,  qu'il ne s'était pas encore couché. Remarque, je n'ai pas dormis beaucoup non plus... Après son départ tout à l'heure, j'ai tenté d'aller me coucher après un film à l'eau de rose. Mais deux heures après, mes yeux étaient déjà bien ouverts. Dans ma tête, plus question de sommeil une seconde de plus, seul Noah avait envahi mes pensées et effacé toute impression de fatigue. En me levant, j'avais vu mes écouteurs sur mon bureau, c'est là que je les ai branché à mon téléphone pour mettre la musique que j'écoutais en boucle à l'époque où nous étions amis et jeune couple d'adolescents. J'ai sûrement dû l'écouter une bonne dizaine de fois avant que le parfum de Noah me chatouille les narines. Même son odeur n'a pas changé. Je vois parfaitement en revanche qu'un tas d'autres choses ne sont plus pareilles. Jamais je n'avais vu autant de blessures sur son visage, son corps, et ça me terrifie. J'aimerais pensé que ça n'est rien de grave, et je ne lui montre pas mon inquiétude. Je ne veux pas paraitre envahissante et m'incruster dans sa nouvelle vie. Même si je meurs d'envie de savoir pour quelle raison il est dans cet état, et quelle est cette nouvelle vie dont il ne parle jamais. Il se contente chaque fois de nous rémémorer nos souvenirs. Même si j'adore parler du lycée et de toutes ces années, je connais déjà cette histoire. J'aimerai vraiment qu'il me parle du "nouveau lui", même si je pense que les réponses qu'il me donnera ne me plairont sans doute pas. J'ai comme l'impression qu'il est en plein dans une situation dérangeante. J'ai bien vu que cette nuit, il avait plus de blessures au visage que plus tôt dans la journée. Je ne suis pas idiote au point de ne pas le voir. J'espère seulement que Noah saura me faire confiance pour me parler. J'ai été si loin, trop longtemps je crois...

Une répétition de vibrations me sort de mes pensées. Je pense que le bruit vient de la poche du jean de Noah, roulé en boule au pied de mon lit. Je caresse alors le visage de mon bel endormi pour le réveiller gentiment. Je ne sais pas quelle heure il peut être, mais voyant que la nuit semble moins noire à travers la fenêtre, je suppose qu'on est le matin. Je murmure à Noah  qu'il doit se réveiller. De toute façon, moi aussi je dois me lever pour aller à l'hôpital.

Une fois les yeux ouverts, je lui signale que quelqu'un tente de l'appeler depuis un moment.  Il rampe ensuite jusqu'au pied du lit pour attraper son téléphone. Il doit sûrement être en train de lire je ne sais quoi. Mais une chose est sûre, ça a le don de m'inquiéter. Car vu le silence pesant qui règne, et la tête qu'il fait, ce qu'il est en train de regarder ne semble pas l'enchanter.

- Tout va bien ? demandé-je.

- Euh... ouais... t'inquiète. Je dois y aller.

Je le regarde se lever, le visage fermé, remettre ses vêtements, et un sentiment étrange me parcours. J'ai réellement l'impression que quelque chose ne va pas, et je regrette sincèrement qu'il ne partage pas ses soucis avec moi. Mais j'ai dit que j'attendrais qu'il soit prêt, alors c'est ce que je ferais. En tout cas, je vais essayer du mieux que je peux.

***

Arrivée au Chicago Hospital, je ne saurai pas exactement dire mon humeur. Je suis heureuse, mais inquiète.  Heureuse de cette nuit passée dans les bras de Noah, mon premier amour, le seul que je n'ai jamais eu d'ailleurs. Mais je suis également soucieuse car je sais qu'il me cache pleins de choses. Des choses dont il n'est sûrement pas fier. Sinon pourquoi me les cacher ?

- Rohhh c'est quoi cette tête que tu me fais là ? demande Lucy alors que j'arrive au vestiaire.

- Elle est comment ma tête au juste ?

- T'as l'air d'avoir une indigestion de la mort ma poule. C'est moche.

- Oh tu n'abuses pas un peu là ? dis-je vexée.

- Si peut-être, se moque-t-elle.

- Salut les meufs ! lance Maleek en entrant à son tour.

Lucy  et Maleek sont deux internes de quelques années de plus que moi. J'aurais tellement aimé faire comme eux. Sauver des gens, les soigner, tout ça quoi. Mais bon, on va dire que je contribue à ma façon. L'accueil des patients et de leurs familles fait aussi parti de mon travail. C'est vrai que j'ai mon nez dans la paperasse la plupart du temps, mais bon... Il faut bien que quelqu'un le fasse. Et puis, je ne suis que stagiaire aujourd'hui, pour voir si je serai capable de gérer le remplacement de Fiona d'ici quelques semaines qui doit partir en congé maternité. J'espère vraiment être à la hauteur pour qu'ils me gardent. J'aime bien travailler ici. Ça me change du Krak qui me sert uniquement à payer mes factures.

- On se retrouve au déj ? demande Maleek à Lucy et moi.

- Ouais, dit ma collègue en direction du beau métisse. Souhaite moi bonne chance ma poule, j'assiste Mayer, fait-elle avec une mine dégoûtée.

- Bah bonne chance, ris-je.

J'enfile ma blouse bleue et referme mon casier. Allé c'est parti...

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Je pense m'arrêter là pour cette semaine. Alors je vous souhaite à toutes un Joyeux Noël. Espérons que vous avez été sages ;-)

In my memoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant