Penchant abscons

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"Maman !
- J't'ai déjà dit de pas m'appeler comme ça !"

Le carlin l'observa de ses yeux brillants, avant de faire un saut de côté quand un bout de chair sanguinolent faillit lui tomber dessus.

"Débarrasse-toi d'elle vite ! Il y a un groupe de jeunes humaines qui vont arriver à gauche !"

Thomas ravala difficilement sa salive.
Contrairement à d'habitude, la créature qu'il devait combattre mangeait non pas des humains mais des cadavres qu'elle pouvait trouver à droite à gauche.

La rue dans laquelle ils se trouvaient était parfaite.
Jonchée de rats et de chats, maintenant à moitié dévorés par le monstre qui grossissait au fur et à mesure que le combat avançait, au grand désespoir de Thomas qui n'en voyait pas le bout.

Presque un quart d'heure s'était écoulé depuis le début de la lutte, mais la créature ne semblait ni faiblir ni rapetisser. Elle faisait presque deux fois la taille du jeune homme et était trop grosse pour la petite rue, qui semblait peiner à la contenir.
Malgré ça, la grande avenue à côté semblait trop animée, tellement de gens s'y baladaient sans se rendre compte du combat qui s'engageait si près d'eux.

"Pourquoi tu m'aides pas ?!" S'énerva Thomas, à bout de souffle, à Mouki qui pour une fois semblait enclin à rester avec lui pour le moment.

Le bouclé frappa à nouveau de toutes ses forces la masse de chair gélatineuse et presque transparente dont était faite la bête, décrochant un bout qui resta collé à son bâton.
Avec une grimace de dégoût il recula jusqu'au carlin, qui se cacha derrière une poubelle.

"Tu me sers à rien, bordel ! Retiens au moins les gamines le temps que je m'en sorte !
- Malheureusement elles arrivent ! J'entends leurs voix !"

Thomas pu en effet entendre des voix nasillardes et beaucoup trop aiguës malgré les grognements de la créature, qui s'avançait lentement vers lui.
C'était au moins à son avantage : sa lenteur ne pouvait que faire gagner du temps au jeune homme...

... Qui, à sa grande surprise, se retrouva plaqué contre un mur sans rien demander, lui coupant le souffle.

L'homme masqué était là, et le tenait toujours par le cou d'une facilité déconcertante, sa main libre dans son dos comme s'il tenait une surprise.
Mais il ne tenait rien de plus que le petit corps de Thomas, qui se mit sur la pointe des pieds pour avoir au moins un appui, essayant de se débarrasser des doigts trop serrés autour de son cou.

Ses oreilles bourdonnaient, et il se demanda si c'était parce que sa tête avait heurté trop violemment le mur derrière lui ou qu'il commençait déjà à manquer d'air.

"Quelle surprise." Fit naturellement l'autre homme, Thomas se sentit presque démuni face à tant d'assurance dans ces simples mots.

Depuis son combat contre l'institutrice de l'autre fois il ne l'avait pas croisé, bien qu'il pensait l'avoir aperçu dans la pénombre de la nuit quand il s'était battu contre Victoire.

"Toujours aussi faible, à ce que je vois.
- Mais ta gueule est toujours aussi forte, à ce que je vois."

Il y eut un silence, témoignant à la fois de la surprise de son interlocuteur et de celle de Thomas qui se surprit lui-même d'avoir assez d'air pour articuler une telle réplique.

Un rire guttural s'échappa de la bouche de l'homme masqué, qui provoqua un frisson au plus petit sans qu'il sache pourquoi.

"J'aime beaucoup votre répartie." Il jeta un œil à la bête qui s'était retrouvée nez à nez avec le groupe d'adolescentes, qui avaient hurlé de terreur en la voyant. "C'est un peu tard pour les sauver maintenant, vous le savez ?
- Lâche-moi et j'te prouve le contraire.
- Même si je vous lâchais vous n'y arriveriez pas. Vous êtes trop faible."

Magical... Boy ? - TerrainkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant