C - Curiosité

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Je précise que ceci est une fanfic un peu bête, ne faite jamais cela dans la vraie vie !

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Mais qui était cet homme ?

C'était la troisième fois que Lestrade arrivait à l'improvise chez Sherlock et John et qu'il croisait cet homme.

Une fois dans les escaliers, une fois bien installé dans un fauteuil, une autre fois sur le départ. Le même homme au parapluie noir.

Ces « rencontres » (si on pouvait appeler ainsi de brefs moments passés dans la même pièce durant lesquels leurs échanges s'étaient limités à « bonjour » et « regard méprisant-condescendant ») avaient beau être espacées de plusieurs mois, il n'y avait rien à faire : il n'arrivait pas à oublier le fascinant individu. À chaque fois qu'il sonnait au 221b pour amener une affaire au détective consultant, le visage de l'homme au parapluie effleurait sa mémoire, et il se demandait, amusé, s'il le reverrait aujourd'hui.

Une partie du mystère tenait aussi au fait que personne ne daignait lui expliquer quoi que ce soit sur l'inconnu. À chaque fois, il avait droit à une réponse allusive. Sherlock avait parlé d'un « enquiquineur », d'un « misanthrope paresseux insupportable » et d'un « être encore plus agaçant que vous, Gérald ». John avait esquivé la question avec un air gêné, et à chaque fois, Madame Hudson avait répondu qu'il s'agissait d'un « sale reptile ».

Alors lorsqu'il était seul chez lui, le soir, dans cet appartement froid ou personne d'autre ne vivait plus depuis que son chat était mort et sa femme partit avec une autre, il pensait à lui. Il avait l'air si classe, dans son costume impeccable. Son port de tête parlait d'un homme de pouvoir. Ses yeux portaient une menace froide. Il aurait pu être totalement insupportable, si une mimique amusée ne soulevait pas de temps en temps le coin de ses lèvres. Son parapluie, aussi, l'intriguait. Qui avait besoin d'un tel accessoire en permanence ?

C'était peut-être un dangereux mafieux, obligé de venir rendre des comptes à Sherlock... Mais non, ça ne lui ressemblait pas, c'était trop commun, trop cliché, pour un tel personnage. Le dealer de Sherlock ? John ne l'aurait jamais laissé ressortir en vie. Un ancien amant ? Hum... Non, là non plus, il ne serait pas ressorti indemne d'une confrontation avec l'ex-militaire. Un informateur, peut-être. Mais de quoi ? Et dans ce cas, pourquoi venir au 221b lorsqu'il n'y avait pas d'affaires en cours ?

Et il continuait ainsi des heures, dans son lit, à remplir sa solitude avec ses questions sans queue ni tête. Au point où il en était, il pouvait bien ammener cet inconnu dans ses fantasmes, s'imaginer qu'il dormait avec lui, dans ce lit trop grand. Qu'une bosse dans la couette était une main posée sur son épaule. Un creux dans l'oreiller l'empreinte d'une tête qui venait de se soulever. Un courant d'air sur ses lèvres la réminiscence d'un baiser qui peinait à s'effacer.

C'était un peu ridicule, peut-être. Mais chacun survit à sa solitude comme il le peut.

Et puis, un jour, il y eut cet appel. John, au bord des larmes, qui tentait tant bien que mal de contenir sa panique. Sherlock à l'hôpital, empoisonné.

Chambre 221. La vie n'est jamais dépourvue d'ironie.

Et là, dans le couloir, en sortant de la chambre... la dernière personne qu'il s'attendait à voir.

Lui.

Mais il avait l'air si triste. Et fatigué. Tout le poids du monde semblait peser sur ses épaules ployées, son regard plein d'angoisse, et ses lèvres tremblantes qu'il tentait tant bien que mal de garder impassibles. Adieu, mystérieux mafieux, individu plein de pouvoir, président de l'univers, dealer inssaisissable... C'était un homme au bord du désespoir.

Leurs yeux se croisèrent. L'homme au parapluie avait plus ou moins l'intention de passer sur l'individu avec un air de profonde indifférence, mais quelque chose dans le regard de l'inspecteur devait l'avoir intrigué, puisqu'il s'arrêta pour mieux l'observer.

Greg sourit.

L'autre le regardait sans rien dire, stupéfait de provoquer cette réaction sincère, sans mépris, haine, agacement ou ironie.

Et puis zut.

Greg attrapa son visage et plaqua ses lèvres contre les siennes, lui arrachant un baiser aussi bref que passionné.

Puis il se sépara, les joues brûlantes d'un feu animal. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de faire.

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, ne trouva rien à ajouter et, finalement, haussa les épaules avant de faire volte-face et de partir, le cœur incroyablement léger, emplit d'une douce allégresse.

Mycroft, stupéfait, les yeux ronds, la machoir béante, regarda partir celui qui venait de lui voler un baiser. Ses mains se portèrent à ses lèvres, pour chercher du bout des doigts la chaleur résiduelle de sa bouche contre la sienne. Il s'aperçut qu'il souriait.

Mais qui était cet homme ?

Voilà quelque chose qu'il était bien déterminé à savoir.

ABCD... Mystrade (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant