ABCD... Mystrade (OS)

L - Lycée

Mycroft referma son ordinateur portable et lâcha un profond soupir.

Sherlock s'était déjà mis dans l'embarras. Il n'était pas rentré au collège depuis un mois que trois élèves planifiaient déjà de l'assassiner, à cause d'une de ses déductions sur leurs activités peu recommandable. Sans Mycroft, le corps de Sherlock aurait probablement été retrouvé quelque part, une aiguille dans le bras. Comme si son petit frère se droguait...

Heureusement pour le cadet des Holmes, Mycroft veillait. Utilisant sans complexes sa position de préfet, il avait - depuis son admission - tissé à travers l'école un solide réseau d'information, qui se renforçait de jour en jour. Un professeur ne pouvait pas éternuer sans qu'il soit au courant. Et que Mycroft soit là pour lui tendre un mouchoir. En échange de quelque secret, bien entendu...

Le jeune prodigue regarda sa montre et sortit de sa chambre.

La nuit allait bientôt tomber, et il ne voulait pas rater le spectacle de ce soir. Une raclée monumentale pour les trois abrutis qui avaient osé envisager de toucher son frère. Suivit d'une descente de police en bonne et dû forme, histoire de mettre la main sur la drogue que Mycroft avait dissimulé dans leur chambre, et la liste de toutes les prostituées qu'ils avaient fait circuler dans l'enceinte de l'établissement.

Il était juste à l'heure.

Il grimpa sur les tribunes déserte du terrain de base-ball, et s'installa confortablement. Il aurait peut-être dû amener quelque chose à grignoter. D'ailleurs, la nourriture de la cantine était abominable.

Il était en train de noter mentalement ce qu'il pourrait utiliser pour faire pression sur les cuistots lorsque les trois ombres apparurent.

Mycroft étira ses lèvres dans un sourire que le gouvernement britannique apprendrait à craindre, quelques années plus tard.

Les trois adolescents appartenaient à l'équipe de base-ball. Ils discutaient en riant un peu trop fort, apparemment alcoolisés. Le fait d'avoir planifié un meurtre plus tôt dans l'après-midi ne semblait pas les préoccuper plus que ça.

Leurs rires s'étranglèrent soudain.

Quatre hommes venaient de sortir de derrière les vestiaires. Quatre malabars portant à bout de bras matraque ou poing américain.

Mycroft avait calculé l'acoustique du stade de telle façon à pouvoir entendre ce qui se disait sans être trop près de l'action.

-Alors, les gamins, commença l'un des nouveaux arrivant en renversant sa batte en travers de son épaule. Y paraît qu'on joue les amateurs ?

Le deuxième fit craquer les articulations de sa main droite.

-On... On... bégaya l'un des trois ados. On a rien...

L'autre leva sa batte.

Les trois meurtriers en herbe, terrorisés, n'osaient pas bouger, pas crier, pas appeler. Ils ne pouvaient que rester là, figés, à regarder cette batte s'approcher, imaginer la douleur, imaginer...

-EH VOUS-LÀ BAS ! Hurla une voix.

Mycroft fit une grimace déçue et se tourna vers le gêneur. Sa tête lui était familière, mais comme il ne connaissait pas son nom, il supposa qu'il l'avait déjà classé dans les personnes sans intérêt. Quelques rapides déductions lui permirent tout de fois de saisir qu'il s'agissait du capitaine de l'équipe de base-ball, sortie se promener la nuit à cause d'une rupture récente. La peste soit des adolescents, songea Mycroft en ignorant le fait qu'il en était un aussi.