N - Nécromancien (Partie 2/2)

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Moriarty était debout au bord du toit, les bras écartés. Il portait un costume si sombre qu'il se confondait avec la nuit. Sa peau, à l'inverse, était d'une pâleur morbide, dérangeante, impression que renforçait son visage fixe, ses deux yeux écarquillés – qui ne clignaient jamais – sa bouche tordue sans un rictus sans joie, et sa tête légèrement penchée sur le côté, comme si elle était trop lourde à porter.

-Je me doutais qu'ils n'enverraient pas mon petit Sherly, continua le Nécromancien. Ils savaient bien trop peur que je me resserve de son petit toutou contre lui...

Il descendit du rebord sur lequel il était perché, et s'approcha lentement de Mycroft.

-Je suppose, Mycroft, que tu estimes n'avoir rien à perdre...

L'aînée des Holmes resserra sa prise autour de son parapluie. Tant que Moriarty pensait que c'était la seule raison qui motivait sa venue plutôt que celle de Sherlock, il avait une chance.

-Malheureusement, continua le Nécromancien, on a toujours quelque chose à perdre. N'est-ce pas, Gregory ?

Le prénom frappa Mycroft comme un coup de feu. Il sentit son cœur se rétracter sur lui-même, comme pour absorber le choc de l'impact, mais la blessure était trop grande, trop importante pour être colmatée.

-C'est... Non... balbutia-t-il.

Ils avaient brûlé son corps. Ça ne pouvait pas être lui. Ça ne pouvait pas...

Moriarty se décala.

Il y avait une autre silhouette, dans son dos.

Une silhouette familière.

Oh, mon Dieu, si familière...

L'homme impossible fit un pas en avant.

C'était lui. C'était lui ! Son cœur partit en piqué, transperça sa poitrine, et s'en alla, incapable de survivre plus longtemps. Oh, Gregory, Gregory, Gregory... Il réalisait à présent à quel point il lui avait manqué, et combiens était important ce vide dans son cœur, ce trou vorace, ce gouffre impossible. Ça lui faisait mal, de le revoir ainsi, si semblable à ce qu'il avait été. Il portait les mêmes habits que le jour de sa mort. La même coiffure, la même cravatte, le même anneau, autour du doigt. Mais son visage était si vide...

Et il y avait un trou dans sa poitrine, juste au niveau de son cœur.

-J'ai brûlé le corps, réussit enfin à balbutier Mycroft. Comment...

-Mycroft, Mycroft, Mycroft, soupira théâtralement Moriarty. Tirez de ce que vous voyez les bonnes conclusions, sinon, vous n'êtes pas plus intéressant que le commun des mortels...

-Ce n'est pas son corps que nous avons brûlé, déclara Mycroft en évitant de poser les yeux sur le pantin au visage de Gregory qui se tenait droit, parfaitement immobile. Une simple reproduction alchimiste, je suppose.

-Précisément, répondit Moriarty avec l'air d'un enfant heureux qu'on comprenne enfin sa bonne blague. Maintenant, mon cher Mycroft, c'est là que tout se joue...

-Gregory est mort, déclara Mycroft, en essayant d'ignorer que les mots lui déchiraient le cœur. Celui qui se trouve ici n'est qu'un pantin. Je ne suis pas assez sentimental pour sacrifier le monde – y compris Sherlock – parce que j'ai vus le corps de mon ancien amant.

Le Nécromancien sourit de toutes ses dents. Et, soudain, pour la première fois depuis des années, Mycroft sentit un frisson de peur courir le long de son échine.

ABCD... Mystrade (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant