N - Nécromancien (Partie 1/2)

4.4K 304 80
                                    

Mycroft tourna brusquement sur le côté, faisant claquer dans son sillage son long manteau noir.

Il longea les ruines de l'abbaye de Westminster, faisant à chaque pas claquer contre les pavés la pointe de son parapluie. Un parapluie noir, bien sûr, aussi sombre que le ciel sans étoile, au-dessus de sa tête, que son manteau, son costume, et son regard.

Il s'arrêta brusquement, et dessina du bout de son parapluie un petit cercle sur le sol. Le dessin tracé luit un instant d'une lueur bleue pâle, avant de s'évanouir. Bien : personne ne le suivait.

Il se glissa entre les deux barreaux descellés, et entra dans les ruines de l'abbaye par un vitrail en miettes.

Ses pas, à l'intérieur, soulevèrent de petits nuages de poussières. Il promena un instant son regard à l'intérieur de l'abbaye, glissant sur les statuts sans visages, les bancs brisés, et l'autel au sol. Il se souvenait encore du visage de Londres, avant la venue du Nécromancien. Il se souvenait du soleil. Il se souvenait des gens qui arpentaient sans frayeur les rues de la ville. Il se souvenait d'un visage...

Il se reprit, et tourna le dos à la nef. Ça ne lui ressemblait pas, d'être aussi sentimental. Il avait une excuse, toutefois. Ce soir était le grand soir. La dernière bataille.

Les morts contre les vivants.

Il s'approcha d'une porte vermoulue et la poussa du bout du pied, histoire de vérifier que le mécanisme fonctionnait. Derrière, il n'y avait qu'une pièce froide, dévorée par la végétation et la moisissure. Parfais. Il referma la porte, et traça dessus, du bout de son parapluie, un symbole alambiqué. Puis, il poussa de nouveau le battant de bois.

Derrière se trouvait un escalier.

Il le descendit à pas mesuré. Il ne se pressait jamais. Au moins, le Nécromancien ne lui avait pas enlevé ça.

Bien entendu, ce fut Madame Hudson qui l'accueillit aux pieds des marches, une mitraillette dans une main, et une bombe alchimique dans l'autre. Cette femme était une logeuse des plus dangereuses... Pour tout avouer, lorsque Londres – et le monde – était tombé, elle avait d'elle-même prit une arme pour se rallier à la cause des vivants.

Il lui adressa à peine un regard, notant au passage son état tendu, et les signes les plus évidents d'anxiété, avant de continuer sa route.

Au bout du couloir se trouvait un vaste caveau, où s'activaient une bonne centaine de personnes. Certain distribuaient des bombes alchimiques, d'autres des fioles de potions tue-morts, tandis que les plus doués révisaient les mouvements élémentaires de l'art du baritsu alchimique.

-Mycroft, râla une voix familière, où est-ce que tu étais passé ?

Sherlock surgit de derrière un pilier. Il avait rempli les poches de son trench-coat de potions, et son frère nota que son écharpe luisait étrangement – certainement un sort de rigidité, pour pouvoir l'utiliser en guise armure. Mycroft posa un regard douloureux sur la large cicatrice qui barrait la joue de son cadet, résultat d'un feu alchimiste lancé par Moriarty, lors de la grande bataille qui leur avait tant coûté, trois ans plus tôt. Il ne s'était jamais pardonné de ne pas avoir réussis à éviter à son petit frère la souffrance de ce sort, qui lui avait brûlé la peau durant trois jours entier avant qu'il trouve comment l'éteindre.

-Oh, fit Sherlock en tirant de l'apparence de son aîné les conclusions nécessaires à ses déductions. Tu es retourné sur sa tombe, avant la dernière bataille. Je comprends.

Ils détournèrent tous les deux le regard, peu enclin à laisser paraître leurs émotions.

-Mycroft, dit enfin Sherlock, tout doucement, je ne t'ai jamais dit que... Que j'étais désolé. Et si on ne devait plus se revoir, je voulais te dire... Si j'avais pu éviter...

ABCD... Mystrade (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant