Chapitre 4

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Je suis à table avec tout le monde. Autour de moi se trouve Audrey, Evie, Doug bien entendu mais aussi Mal, Jay, Carlos, Ben et même Chad qui essaie de reconquérir Audrey. Je n'ai dit à personne de ma décision. Je connais parfaitement mes camarades : ils ne me laisseront jamais y aller et je les comprends. Surtout Evie. Je n'aime pas mentir mais je n'ai pas le choix. Je me dis que ce n'est pas réellement un mensonge. Je ne leur dis juste pas mon choix. Je fais simplement semblant. Je reste moi-même, rigolant, parlant tout en mangeant comme à mon habitude afin de ne rien laisser paraître. Personne a l'air de remarquer quoi que ce soit, ce qui m'arrange plutôt bien. Lorsque nous avons fini, nous restons quelques minutes ensemble avant de rejoindre notre chambre respective. Je partage la mienne avec Audrey.

Nous faisons notre rituel sur notre lit. Chaque soir, avec Audrey, nous nous racontons une histoire chacune mais pas n'importe laquelle. Sur l'un de nos camarades. Nous devons imaginer leur avenir, leur relation amoureuse avec quelqu'un d'autre, leur vie sur ils avaient vécu sur l'île de l'oubli et j'en passe. C'est une habitude. Au début, nous l'avons fait pour rigoler, pour se rapprocher mais à présent, c'est devenu une évidence de le faire. C'est sûrement ridicule mais ça nous fait bien rire avant d'aller dormir.
- Tu sais, commence Audrey, je commence à me demander si c'était une bonne idée de continuer de parler avec Chad.
- Il te colle toujours ?
- J'ai l'impression que c'est pire qu'avant.
- Sois clair avec lui et il comprendra.
- J'ai beau lui dire que je ne l'aime pas comme il le voudrait, il continue.
- C'est vrai qu'il est collant mais ne baisse pas les bras. Il finira par se rendre compte que tu ne l'intéresse plus.
- J'espère.
- J'irais lui parler si tu veux. Il m'écoutera peut-être.
- Merci.


Chad est toujours autant amoureux d'Audrey. Malheureusement pour lui, ce n'est pas réciproque. Il est vrai qu'Audrey n'arrête pas de lui dire qu'elle n'est pas intéressée mais Chad ne l'entend pas de la même manière. Il est persuadé qu'elle refuse de voir la vérité en face. Pour être honnête, je ne sais pas comment elle fait pour rester aussi calme. Elle doit avoir un don je suppose.
- Bonne nuit Peython, me dit Audrey en s'allongeant dans son lit.

- Bonne nuit Audrey.


J'éteins la lumière et ne bouge plus. J'attends de nombreuses minutes avant de finir par me lever, vérifiant bien si Audrey dort. Je me change dans le noir complet afin de mettre des vêtements sombres. Je finis par sortir de cette chambre en faisant extrêmement attention de ne faire aucun bruit. Si elle m'entend, ma mission sera terminée avant même d'avoir commencé. Le couloir est vide. Cela fait bizarre de n'entendre aucun bruit, d'être la seule éveillée dans ce royaume. Je me dépêche d'aller au bureau de Ben. Je me déteste déjà de le voler mais pour aller de l'autre côté de la barrière, je n'ai malheureusement pas le choix. J'espère simplement qu'il ne m'en voudra pas. Posant ma main sur la clenche, je regarde autour de moi afin d'être sûre que personne ne me voit. J'ouvre tout doucement. Le bureau est dans le noir : personne à l'horizon. Je referme derrière moi pour ne pas attirer l'attention sur quelqu'un arrive et prend la télécommande qui ouvre la barrière. Je sais très bien où elle se trouve. La dernière fois, Ben les a sorti devant nous et le connaissant, il ne les a pas changé de place parce que personne n'oserait voler ici. Ce n'est pas dans notre habitude d'être comme ça. Nous n'avons jamais appris à faire ce genre de chose, ce n'est pas respectueux. Pourtant, je suis en train de commettre une faute qui peut être impardonnable. La télécommande en main, je sors en vitesse. Toujours personne à l'horizon. C'est en quelque sorte une chance pour moi. Je ne traîne pas bien longtemps et pars très rapidement dehors, mettant ma capuche de ma cape vert foncé. Je me dirige à présent vers le jardin où Mal range son scooter. Je sais qu'elle va m'en vouloir mais pour traverser la barrière rapidement, il me faut un véhicule. Je ne voudrais qu'en plus, quelqu'un de l'île de l'oubli en profite pour passer la barrière. Je vais éviter de commettre d'autres erreurs. Mal laisse toujours les clés de son scooter dessus. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour ne pas les perdre. Je ne démarre pas tout de suite, ne voulant pas faire trop de bruit. Je le déplace jusqu'au portail et c'est uniquement à ce moment là que je décide de le démarrer. Respirant un bon coup, j'active la barrière et traverse avec le scooter. Je referme aussitôt et découvre l'île de l'oubli tout en descendant du scooter, le laissant sur le côté. Ce n'est pas du tout comme je l'avais imaginé. Je savais très bien que c'était un endroit spécial, différent d'Auradon mais rien que le début de cette île me surprend. Tout est sombre, sale et détruit. J'avance un peu, ne sachant vraiment où aller et observe chaque recoin, chaque détail de cet endroit. Je ressens la colère et la haine des habitants. Il y a quelques tâches de sang, m'indiquant que des bagarres ont eu lieu. Des cris résonnent bien qu'il fait nuit. Je me demande même si il est possible de dormir paisiblement dans ce lieu. Je ne me sens pas à l'aise ici. Des frissons me parcourent le corps. Je comprends aussitôt ce qu'essayaient de me dire Evie et les autres lorsqu'ils parlaient de l'île de l'oubli. Comment est-il possible de grandir sainement dans un endroit pareil ? Ce n'est tout simplement pas possible. Je croise certains habitants et la peur monte petit à petit. Impossible pour moi d'être rassuré. J'ai l'impression que c'est la loi du plus fort. Je baisse la tête, n'osant même pas regarder les habitants qui sont sur ma route par peur. Je regrette mon choix mais maintenant que j'y suis, je me vois mal refaire demi-tour. Je dois prendre sur moi, même si c'est difficile et aller jusqu'au bout de mon idée. Je me fais discrète afin de ne pas attirer l'attention sur moi, afin de ne pas me créer des problèmes, étant clairement incapable de me défendre face à ses personnes qui ont l'habitude de se battre, d'être constamment dans la violence. Il n'y a aucun respect ici. Aucune règle. Chacun vit comme il l'entend. Chacun vit comme il le désire et si une personne n'est pas d'accord, une bagarre peut rapidement se mettre en place. C'est horrible de vivre dans de telles circonstances.

Je suis en train de marcher depuis plusieurs minutes. De très longues minutes. Une heure même et je n'ai toujours rien trouvé jusqu'à ce que j'aperçois au loin un long manteau rouge. Comme le Capitaine Crochet. Mon cœur s'emballe à la vue de ce manteau. Il y a d'autres personnes autour. Impossible pour moi de voir correctement mais cela ne m'empêche pas d'avoir terriblement. Et si c'était réellement lui. J'avale difficilement ma salive et décide de m'approcher. Je dois savoir si c'est bien lui. Je ne suis pas venue pour rien, devant aller au bout de mon choix. Il est de dos mais cela ne m'empêche en rien de le détailler. Je ne m'approche pas totalement. Je ne voudrais surtout pas qu'une personne me remarque. Je reste donc à une certaine distance. Des cheveux noirs assez longs, un chapeau de pirate mais mes yeux se dirigent vers sa main gauche. Un crochet à la place d'une main. Mon cœur manque un battement. Mes jambes me tiennent à peine debout. Je ne bouge plus, ne disant plus rien. Le Capitaine Crochet se trouve à quelques mètres de moi. En arrivant ici, je ne sais pas réellement ce que j'attendais mais maintenant que je suis là, en voyant le pirate, je ne sais plus quoi faire. Je me retrouve bête mais surtout paralysée par la peur. Même de dos, il est impressionnant. Il est même plus grand que je ne le pensais. Je vois sûrement des pirates à lui discuter. Ils ont l'air de tenir à lui ou plutôt, d'en avoir tellement peur qu'ils font absolument tout ce qu'il désire. Il a une certaine prestance. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite pensée pour mon père en le voyant. Qu'est-ce qu'il me dirait si il me voyait ici à quelques mètres de son pire ennemi ? Je suppose qu'il me gronderait. Je sais même à l'avance qu'en rentrant, je serais puni si il était au courant. Punie jusqu'à la fin de ma vie. Le Capitaine se retrouve. Mon cœur bat de plus en plus vite. Heureusement, il ne me remarque pas. Je peux voir son visage. C'est la première fois que je le vois en chair et en os. Cela me fait tout drôle mais dans le mauvais. Il est encore plus effrayant de face. Il fait bien plus peur. Il n'a pas l'air d'avoir changé, il ressemble vraiment aux photos des nombreux livres que j'ai pu lire. Comme si il n'avait jamais vieilli alors qu'il est évident qu'il a pris un peu d'âge depuis qu'il a quitté le pays imaginaire. En le regardant depuis quelques minutes à présent, j'ai l'impression de me rapprocher de mon père, de comprendre un peu plus certaines choses, comme si j'avais fait partie de son histoire, de son aventure. C'est étrange comme sensation mais je pense avoir déjà fait un pas en le voyant.
- Capitaine Crochet, murmuré-je.

Du rêve à la réalité. (EN COURS DE RÉ-ÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant