Proélefsi

chapitre 1 (partie 2)

Ainsi mon père, grand médecin qu'il est, a décidé que j'avais un problème psychologique et qu'il fallait consulter. Je devais tous les mercredi après-midi, aller consulter un vieux monsieur grisonnant qui me demandait ce que je voyais dans ma tête. S'est de lui l'idée du carnet à dessins qui c'est transformer en carnet mêlant écrits et dessins car je trouvais que cela manquait de précision au vue de mon niveau de dessin. En plus de tout cela mon père me donnait une boîte de médicaments, des antidépresseurs à prendre chaque matin.

Je quitte ma chambre à pas feutrés et traverse le couloir pour rejoindre la salle de bains que je partage avec mes deux colocataires provisoires.

Jess et Amélie.

La pièce à coucher de Jess est juste à côté de la salle de bains mais elle a le sommeil lourd, si bien que l'appart' pourrait s'effondrer qu'elle ne le remarquerait même pas !

Je ferme la porte et retire mon pyjama trempé avant de tourner le robinet d'eau chaude. Je me glisse sous le jet d'eau et savoure cet instant de pur bonheur. Il ne va pas durer longtemps si je veux garder de l'eau chaude pour mes deux amies sinon elles pourraient m'étriper !

A contrecœur je coupe l'eau et sors de la douche, je ressens vite le froid de la pièce et me dépêche de m'enrouler dans une serviette. Je traverse le couloir à contre-sens pour rejoindre ma chambre et choisis rapidement un jean et un pull blanc simple que j'enfile vite fais.

Je sors une nouvelle fois de ma chambre et m'approche de celle de Jess. Tout doucement, je tourne sa poignée de porte et rentre dans sa chambre. Plusieurs posters sont accrochés sur le mur et ses vêtements sont éparpillés partout en petit tas.

Du Jess tout craché !

Je grimace légèrement découvrant le lisseur sur la table de chevet juste à côté d'elle. J'avance doucement vers son lit et m'arrête pour observer le visage de Jess écrasé sur son matelas. De la bave sortait de sa bouche et je trouve que ce serait vraiment nul de ne pas immortaliser cet instant.

Retenant mon souffle, je prends délicatement son portable et fais un gros plan sur sa tête. Je prends la photo et me l'envoie par sms en laissant échapper un petit rire jubilatoire.

Quand je relève la tête, je me rends compte que Jess me regarde avec des yeux exorbités.

- Alexia Mary Claire Tevery...

A ce moment précis, je compris qu'il fallait que je coure.

Et très vite.

Je jette son portable sur son lit et cours en direction du salon, Jess sur mes talons. Je dois atteindre la salle de bain avant elle. J'attrape la bombe chantilly posée sur la table basse et lui lance avec un coussin pour la faire tomber. Elle attrape au vol la bombe et le coussin qu'elle me lance dans les pieds. Je trébuche pour m'écraser par terre Jess au-dessus de moi.

J'ai beau me débattre je n'arrive pas à la renverser. Elle ouvre la chantilly et la secoue un sourire mauvais sur sa face.

-Non Jess... pitié... j'effacerai la photo !

- Tu le mérite Alex...

-Tu peux encore faire machine arrière...

-C'est trop tard.

Elle appuie sur le siphon et j'ai juste le temps de fermer les yeux avant que se déverse la chantilly sur mon visage. Une fois que Jess a fini de m'humilier, j'essuie la crème qui recouvre mes yeux et les ouvre pour voir mon amie se relever.

Mes vêtements sont foutus.

Ma dignité aussi.

Je ne parle même pas de mes cheveux.

Je suis bonne pour prendre une deuxième douche.

Après avoir fini de me préparer, je me dirige maintenant vers la cuisine pour manger comme une grosse truie jusqu'à l'arrivée de notre taxi. J'arrive dans la cuisine où Amélie est déjà assise sur l'un des plans de travail extrêmement sales de cette petite pièce. Dès qu'elle me voit, elle pointe sa petite cuillère sur moi d'un air accusateur.