III

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*toun toun*

J'ai fini dans les toilettes et la petite sonnerie de l'avion ne se garde pas de l'annoncer aux passagers de la même classe que moi. Je longe les couloirs et regagne ma place aux côtés de May, plongée dans son livre depuis que nous sommes parties.

Ça n'a pas vraiment tardé, déjà dans l'aéroport je la voyais crever d'ennui alors que j'étais occupée à déguster mon Chattam. Je lui ai alors donné son livre qu'elle était bien heureuse de recevoir, la preuve en est, elle ne l'a pas lâché depuis notre départ il y a deux heures déjà.

Je souris, satisfaite de la scène qui se déroule sous mes yeux puis je récupère mes écouteurs et me replonge dans le film que je regarde depuis vingt bonnes minutes.

Bien entendu mon esprit divague jusqu'à Edwardd. Le départ était trop difficile... En même temps, il ne faut pas s'étonner, je vais être séparée de lui pendant un an voire deux si je n'arrive pas à revenir sur Paris pendant les vacances... C'est énorme !

Parfois je me demande si cela n'aurait pas été moins dur de le quitter, comme l'ont fait May et Glenn, mais je regrette toujours ces pensées l'instant d'après car je l'aime vraiment énormément. Nous sommes mal toutes les deux à présent. Ma mère a bien essayé de me consoler au téléphone tout à l'heure mais tu parles, un départ c'est un départ.

Je déverrouille mon téléphone et mon cœur se serre lorsque mon fond d'écran s'affiche. On est vraiment un couple goal en fait ! Mais ouais, il va me manquer...

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Mesdames et messieurs bienvenue à l'aéroport Incheon. La température est de 15°C, nous vous demandons de garder vos ceintures attachées jusqu'à l'arrêt du véhicule et vous remercions d'avoir voyagé avec notre compagnie. Bon séjour et à bientôt.

Et tout cela en coréen, puis en anglais et enfin en français. C'est tellement agréable, vous n'imaginez pas à quel point.

Je ne crois pas qu'il soit possible d'exprimer le degré d'excitation que nous avons ressenti au moment de l'atterrissage. En fait non, il est présent depuis un moment, bien avant qu'on rejoigne le sol mais je ne sais pas...

A vrai dire, mon esprit était orienté vers deux choses principales : Séoul et Edward. A présent je ne ressens plus aucune peine, juste de l'excitation, un soulagement aussi. Car oui, ce voyage nous en rêvons depuis notre année de première, vous imaginez ?! Cinq longues années se sont écoulées depuis ! Et aujourd'hui nous y voilà.

-Pardon, pardon !

Je lève les yeux par pur hasard pour découvrir l'auteur de cette voix et me fige. Attends quoi ? Non ! Des cheveux bruns, grand, casquette, même démarche... Non ça ne peut pas...

-Amber qu'est-ce que tu attends ? Aller levons-nous j'ai trop hâte là j'en peux plus d'attendre !

Et comme une imbécile je me suis tournée pour la regarder parler et j'ai perdu ma cible de vue. Je grimace et me lève immédiatement en prenant May par la main, il va falloir aller vite. Je prends tout de même le temps de sourire aux hôtesses en quittant l'engin et tire mon amie de plus belle, une fois dans les couloirs reliant l'avion au bâtiment.

-Hé doucement pas si vite quand même !

-Faut savoir ce que tu veux ! Je rétorque. Elle voulait que je me dépêche non?

Nous regagnons une sorte de grand hall. Je scrute les environs et m'arrête sur les contrôleurs vers lesquels l'ensemble des passagers se dirigent, mais lui il n'y est pas.

-Tu cherches quelque chose ? Me demande mon amie de nouveau, voyant que j'ai adopté l'attitude d'un félin en pleine chasse.

-Oui. Han ! Il est là !

Mon sang fait plusieurs tours dans mes veines, les battements de mon cœur s'accélèrent et ma tête commence à chauffer. Je ne pensais plus à lui pour tout vous dire. J'avais oublié toutes ces histoires de rêves, de réalité, de disparition. J'ai fait un effort surhumain pour tout mettre de côté alors ne me dites pas que c'est Mark Johnson qui se tient ic...

Oh... Il a l'air de tout sauf de Mark vue de face. Une sorte de déception s'empare de moi puis quelques secondes plus tard, de la honte. L'espace d'un instant Edward n'existait plus, il n'y avait que lui, Kookie. Pourtant je ne le connais absolument pas si ce n'est que par ses activités professionnelles ou ces... «Rêves» que je faisais étant élève de terminale il y a de cela trois ans et demi.

Puis les temps ont changé, Blueberry n'exerce plus comme avant étant donné que Clarence a dû partir au service militaire. Oui comme vous pouvez l'imaginer, c'était une rude épreuve. Mais ils sont toujours présents pour les fans autant qu'ils le peuvent, ils n'ont pas disparu et je leur serai toujours reconnaissante d'avoir été là pour moi indirectement. Même si entre temps j'ai construit ma vie d'étudiante et laissé un peu de bride à mon fanatisme quelque peu puissant !

Enfin, tout ça pour dire que je n'ai plus vraiment de raison de penser à lui, et encore moins de ressentir une telle sensation en le voyant ! Enfin pas lui, son sosie... Oui bon vous avez compris.

Et ça ne va surement pas recommencer ! J'essaie d'orienter mes pensées vers mon petit ami pour ne pas être submergée par les questions que je me pose depuis le lycée et qui n'ont toujours pas eu de réponse. Et la plus importante de toutes : POURQUOI ? A quoi bon faire ce genre de rêves si c'est pour qu'après ils disparaissent sans laisser la moindre trace ? Et puis où est la logique dans tout cela ? C'est possible scientifiquement au moins ? Le pire c'est que je crois que non... Et si j'étais devenue folle ? Non impossible May a vu Layne elle aussi. Et justement si tout cela est vrai, pourquoi est-ce que l'on m'a forcé à mentir à ma meilleure amie ?

STOP ! Ma tête chauffe.

Heureusement celle-ci me tire de ma rêverie pour me signifier qu'il est tant d'avancer. Nous récupérons nos bagages très rapidement d'ailleurs et à la sortie de l'aéroport je n'ai pas besoin de me concentrer pour faire disparaître mes pensées parasites : Séoul me captive. Enfin je suis ici ! 

Je fais face à mon amie, valise en main :

-Que ces années soient encore plus belles que les précédentes.

Elle répète exactement la même formule en guise de réponse et, toute souriantes, nous prenons notre première photo sur le sol sud-coréen et l'envoyons à nos amies restées en France. Les pauvres, elles aimeraient tellement être là... Nous les rassurons en leur promettant de les faire venir un de ces jours puis nous trouvons dans l'obligation d'achever la discussion.

Oui car il est déjà midi, du coup c'est psychologique : j'ai faim. De plus nous avons passé approximativement 11 heures dans cet avion, il est temps de SE DOUCHER, de se coucher dans un vrai lit et de se poser devant un repas exceptionnel rien que par le fait qu'il soit cuisiné par des coréens, en Corée du Sud même.


Seulement la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant