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- Edward ! Je m'écrie de nouveau. 

Les clients de l'hôtel me regardent avec de gros yeux mais je ne les calcule pas. Sans déconner, mon mec est en train de m'éviter parce qu'il pense que je le trompe, là tout de suite il n'y a que son jugement qui m'importe.

Mon cerveau boue, qu'est-ce qu'il fait là ? Je le vois quitter le bâtiment et parler à un gars. G... Glenn ?! Quoi ?! Edward a sûrement dû lui dire qu'ils s'en vont car celui-ci lui emboîte le pas après avoir regardé rapidement derrière, c'est à dire : moi. 

Je crie de nouveau son nom en accélérant le pas, je me mets finalement à courir lorsqu'un taxi se présente devant eux.

- Edward. Je dis en attrapant son bras.

Il se tourne vers moi, un air de dégoût collé au visage. Son comportement me déstabilise, je me sens si... sale. Il rit brièvement :

- Tu ne sais même pas quoi dire Khalil ?

Mon sang fait un seul tour dans mes veines : il est si... Méconnaissable. Les mots ne sortent pas. Il sourit faussement puis son visage se ferme, comme s'il était prêt à pleurer mais il se tourne et ouvre la portière sans demander son reste.

 - Edward ce n'est pas ce que tu crois... je dis finalement. Il baisse la vitre et me lance : 

- Si tu trouves mieux, tu m'appelles ?

Alors le taxi démarre, me laissant seule et démunie. Je garde longtemps la tête baissée, les yeux rivés sur le sol. Tout est allé si vite... Je soupire. Edward doit penser tellement de choses... Et avec raison. Je veux dire, il ne faut pas une imagination débordante pour croire que votre copine vous trompe lorsque vous la voyez sortir d'une chambre d'hôtel avec un mec. Et puis que dis-je sortir ? Il était carrément affalé sur moi !

 Lorsque je réalise que je suis sans vie sur un trottoir en plein milieu de passants, je me décide à bouger. Mais en me retournant je croise May, stupéfaite. Elle et les autres sont debout là. Ils essaient sans doute de comprendre la situation quoiqu'elle ne soit pas si implicite que cela. Plus loin je remarque Mark, encore à l'entrée du bâtiment. Lorsqu'il croise mon regard, il se décide à tourner les talons, probablement pour retourner dans sa chambre.

Je reporte mon attention sur mon amie. Elle a l'air sous le choc et devant son expression, je ne peux plus me retenir. J'éclate en sanglots alors elle s'avance vers moi pour me prendre dans ses bras. Elle ne fait pas autant de bruit que moi, mais je suis certaine qu'elle pleure elle aussi. Qu'est-ce qu'ils font là putain ? 

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Personne ne parle depuis que nous avons embarqué et avec Mark dans la voiture, l'ambiance ne peut qu'être pesante. Malheureusement nous ne sommes pas le centre du monde et il nous reste des choses à régler. Donc comme prévu, nous nous rendons chez Christian. 

A notre arrivée je décide de rester seule un moment dans la voiture. Mon téléphone à la main je ne me serre de mon pouce que pour maintenir l'écran allumé. Il affiche le numéro d'Edward qui n'attend qu'une seule chose : que je clique dessus. Si je l'appelle maintenant, qu'est-ce que je vais lui dire ? Il n'est même pas certain qu'il me réponde. 

Finalement la sonnerie de mon téléphone retentit. C'était bien la peine d'hésiter pendant des heures, le destin vient à moi de lui-même. Je réfléchis à toute vitesse sans vraiment trouver quoi dire en fin de compte. Je décide d'improviser, ce serait bête de louper son appel. 

- Où est ce que tu es ? me demande-t-il. 

Bon bah au moins je n'ai pas eu à engager la conversation. 

- Khalil ! 

Je sursaute, son ton est si froid... Je ne l'ai jamais vu comme ça. Et puis il me demande où je suis mais je ne connais pas l'adresse de Christian moi ! Je l'entends soupirer depuis l'autre bout de l'appareil. 

- Ecoute. Je suis à l'aéroport là. Si tu ne me dis pas où tu es tout de suite, je m'en vais. 

- Je ne sais pas. Je dis avec empressement. Je ne sais pas où je suis, je ne connais pas l'adresse. 

Je jette un coup d'oeil à travers le pare brise, cherchant un éventuel repère que je pourrais lui transmettre mais je regrette mon geste car je croise le regard de Mark, une fois de plus. Mon sang se glace. Si Edward vient ici... 

- ...activée, j'arrive. 

Quoi ? Il parlait ? 

- Quoi ? Edward ? 

Trop tard, il a raccroché. Je gesticule dans tous les sens pour évacuer ma frustration mais rien n'y fait alors je balance mon téléphone sur le siège d'à côté. Comment ça j'arrive ? Il est sérieux là ? Comment ça il arrive ? Il ne connait même pas l'adresse... 

AH ! Je reprends mon pauvre téléphone : ma géolocalisation est activée. Je souris malgré moi, mon copain est un psychopathe stalker, comme moi. Evidemment c'est un sourire de courte durée car je me rappelle qu'il ne vient pas me voir par pur plaisir mais pour me demander des comptes. 

Je descends de la voiture sous le regard de tout le groupe. Je me sens déjà mal, pourquoi ils ont besoin de me fixer comme ça par dessus ? Mais Clarence me lance un sourire en guise de soutien, ce qui réchauffe légèrement mon coeur. Ils ne me jugent pas, ils sont avec moi. C'est en tout cas le sentiment que cela m'apporte, et je préfère croire que c'est vrai. 

- Alors ? me demande May lorsque je suis assez proche d'elle pour que nous puissions entretenir une conversation à deux places. 

- Il arrive. 

Elle hoche simplement la tête. J'apprécie le fait qu'elle garde son calme, c'est déjà bien trop agité à l'intérieur de ma tête. 

- Qu'est-ce que tu vas faire ? me demande-t-elle en regardant Mark. 

- C'est à dire ? 

- Je veux dire, je ne te demande pas qui tu vas choisir. Juste, qu'est-ce que tu vas faire là tout de suite avec Mark et Edward au même endroit ? 

Mon coeur me pince lorsqu'elle prononce le mot "choisir". Il n'a jamais été question de choisir ! Je veux dire, je sors avec Edward, je l'aime un point c'est tout.

Pourtant, il me semble avoir réfléchi un quart de seconde à sa question. Je soupire. 

- Je ne sais pas May. 

Elle ne pousse pas son interrogatoire plus loin et c'est très bien comme ça. Je ne me sens pas d'en parler maintenant au quel cas je risque d'éclater en sanglots. Je trouve tout de même surprenant qu'elle ne m'ait pas parlé une seule fois de Glenn, mais je suppose que c'est pareil de son côté. 







Seulement la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant