VI

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John s'avance vers la porte et sonne à deux reprises avant que le propriétaire ou le locataire peu importe, vienne lui ouvrir. Je reste bouche bée devant le spécimen. Cheveux bruns légèrement en bataille, débardeur blanc assez lache pour que ton puisse entrevoir une bonne partie de ses tatouages et un piercing au nez pour couronner le tout. Je souris : comme Edward. Mais mon sourire s'efface aussitôt. Pour l'instant, Edward m'en veut, et pas qu'un peu.

Nous le suivons à l'intérieur où Layne est assit sur le fauteuil, un pull noir sur le dos et les mains enfouies dans la poche du survêtement. Je me rends compte à cet instant que je m'inquiétais aussi pour lui, ça fait du bien de le revoir. Nous prenons place en cercle, une fois de plus mais c'est à peine si le blond ne nous remarque. Je constate que Christian ne s'installe pas :

 - Je... J'ai quelque chose à terminer alors faites comme chez vous. Si vous avez besoin de boire ou de manger quelque chose n'hésitez pas.

Puis il disparaît dans une salle à côté. Probablement sa chambre ou son bureau ? Enfin il a bien raison de s'échapper, lui au moins il n'a aucune obligation de subir cette tension.

 - Bien. Commence John, comme à son habitude. Je suis au courant depuis moins longtemps que vous, pourtant je trouve que cela fait déjà trop de temps que ça dure.  C'est le moment pour vous de vous expliquer une bonne fois pour toute qu'on en finisse...

Il marque une pause.

 -... Et que je retrouve mes hyungs.

 Un frisson me parcourt la colonne vertébral. Lorsque John parle sur ce ton, les choses prennent tout de suite une tournure plus émouvante. Et là, je devine qu'ils sont vraiment allés trop loin. Pourtant, personne ne répond. John se mord la lèvre et vient se gratter neuveusement l'arrière de la tête. Il faut que j'intervienne et vite. 

- Layne. Il lève pour la première fois la tête au son de ma voix. Pourquoi as-tu voulu cacher tout cela à Mark ?

Contre toute attente, May prend à son tour la parole :

 - On y pense jamais, mais j'ai moi aussi été privée de toute cette histoire jusqu'à hier soir... Enfin peut-être un peu plus tôt si on compte ma prise de conscience des rêves d'il y a deux jours. Alors pourquoi, Layne ? Pourquoi nous l'avoir caché à moi et à Mark ?

Le concerné rigole doucement.

- Alors quoi, tout le monde sait maintenant ? Vous en parlez si librement, tout le monde ici est au courant de notre secret ?

Nous hochons toutes les deux la tête. Puis à mesure que Layne parcourt le cercle des yeux, chacun reproduit ce même mouvement d'approbation. Il soupire :

 - « Tout se sait », m'a-t-on dit un jour.

 - Oui alors autant tout dire maintenant, TU VAS PARLER A UN MOMENT OU MERDE ?!

Je sursaute. Je n'avais pas remarqué la montée d'agacement de Mark depuis notre arrivée.

- Mark le respect s'il te plaît, c'est ton hyung. Le reprend Clarence. 

Ici en Corée, le respect est essentiel, c'est même vital. Mais l'intervention de Clarence montre bien que c'est une vertu à laquelle il tient particulièrement. Je ne les avais jamais vu hausser le ton ou se disputer auparavant alors forcément, ça fait bizarre... Enfin, peut-être que Mark n'en a rien à faire lui. Mais je me trompe visiblement car il baisse la tête d'un air défaitiste.

- Excuse toi. Reprends Clarence sur un ton autoritaire.

 - Clarence... Tente de le calmer John alors que l'on peut désormais voir ses veines se dessiner à travers la peau de son cou.

- Non ! Il doit s'excuser c'est son hyung il n'a pas à lui parler comme ça ! C'est pas suffisamment humiliant pour vous de vous être disputé dans la rue ?! Ouvertement, comme ça, devant tout le monde ?!

 La tension monte et je ne sais plus où me mettre. Clarence lui, il sait très bien : il se lève et sans demander son reste, passe la porte d'entrée. Je me demande s'il fait les cent pas dehors ou s'il a pris la voiture. Enfin mon interrogatoire intérieur ne résiste pas longtemps face aux visages défaits du groupe. John ne parle pus à compter de cet instant. Il se lève à son tour et part le rejoindre sans adresser le moindre regard aux deux garçons.

Noah choisit cet instant pour tenter de faire avancer les choses. Il va se poser aux côtés de Mark et lui attribue une petite tape amicale. Layne lève les yeux un bref instant pour observer la scène puis revient dans sa position de bernard l'hermite.

- Mark, je pense sincèrement que tu devrais t'excuser. Commence-t-il avec son éternel voix douce et apaisante.

Je me demande comment c'est possible de s'énerver contre Noah, il a l'air si innocent ! Enfin... A mon avis ce n'est qu'un aspect sur certains plans. Non je ne suis pas du tout en train de penser à quelque chose de malsain pour qui me prenez-vous enfin !

 Le brun pince ses lèvres, il semble réfléchir à la proposition de manière attentive. Puis il pose ses mains sur ses cuisses et le frotte nerveusement avant de prendre le taureau par les cornes.

 - Layne. Je suis désolé. Je me suis emporté mais j'aimerais que tu nous dise ce qu'il se passe, pourquoi est-ce que tu as voulu me cacher tout cela ? Et à May aussi.

Je suis étonnée du calme avec lequel il s'exprime. On comprend tout de même qu'il y trouve une certaine difficulté car il détache ses mots les uns des autres comme pour veiller à ne pas faire la moindre erreur. Un moment passe avant qu'il ne se décide à parler, sauf qu'à cet instant la sonnerie de mon téléphone retentit : Edward. Je m'apprête à répondre lorsqu'il raccroche subitement. Quoi ? Depuis quand il me bipe ? A moins que ce ne soit pas un bipe ? en réponse à mon questionnement,  John fait irruption dans la pièce, Edward le succédant.

 - Kali tu as de la visite. Me dit-il.

Je sens une certaine empathie dans sa voix, comme s'il voulait me soutenir en ces temps durs et je lui en suis reconnaissante car j'en aurais bien besoin. Edward se pousse légèrement pour laisser passer un troisième individu : Glenn.

- Et...toi aussi May.

Là, il a plutôt l'air incompris. C'est vrai, les garçons ne savent même pas que Glenn existe. Mais je ne parviens pas à encaisser la confusion de May. Elle l'a vu dans le taxi tout à l'heure non ? Je me repasse alors les images dans la tête, bien qu'elles ne soient pas des plus agréables à voir. Glenn était déjà entré dans le véhicule, elle ne l'a donc peut-être pas vu tout compte fait.

J'écarquille ensuite les yeux devant son entrée si soignée : le brun se dirige droit sur May, contournant tout ce qui se trouve sur son passage et saisis son visage avant de poser un baiser passionné sur ses lèvres. De là où je suis, je ne peux pas voir si elle y répond mais ça n'en a pas l'air. Mon impression se confirme par la frustration qui traverse le visage du brun. C'est bien May ! Continue ! Bien entendu il fait comme si de rien était et s'assoie à ses côtés en passant son bras autour de ses épaules. Je ne sais pas si je rêve mais il me semble qu'il lance un regard assassin à Noah. 

May me regarde, totalement incomprise. C'est maintenant certain, elle ne l'avait définitivement pas vu tout à l'heure. Je cherche une solution à toute vitesse, je ne me suis jamais retrouvée dans un tel embarras et ça doit être pire depuis la perception de Marine des évènements.

- Heu... Christian a dit où se trouvaient les toilettes ?

Je ne trouve évidemment rien d'autre à dire ! Sans attendre de réponse, je saisis le poignet de mon amie pour l'entraîner dans je ne sais quelle pièce de la maison.

Seulement la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant