Seulement la nuit

XVI

Cela fait maintenant quatre semaines qu'Edward est reparti pour Paris. 

John a insisté pour que nous organisions une petite soirée avec lui, pensant que ça enlèverait le froid qui pèse entre les deux garçons. Bien entendu, ça n'a rien changé, je pense même que ça a empiré les choses. Ce fut la soirée la plus gênante de ma vie d'autant plus que Mark est reparti avant la fin.

Après le départ d'Edward nous avons recommencé à rendre visite aux garçons et avons même multiplié nos rencontres. 

Inutile de préciser qu'entre May et Noah les choses s'officialisent petit à petit ? Je ne sais pas ce qu'ils attendent pour être honnête, mais c'est déjà comme s'ils étaient ensemble. En fait, on dirait qu'ils le sont depuis trois ans, bien que ce ne soit pas entièrement faux n'est-ce pas ? 

Quant à Mark... Au début les choses étaient compliquées. Il évitait toujours mon regard, encore plus durant le lapse de temps qui s'est écoulé après la superbe idée de John. Mais petit à petit, il s'est de nouveau rapproché de moi, et ça a commencé avec un petit café...

                                                                               ( THROWBACK )

Assise sur le banc du petit parc de l'immeuble où May et moi habitons depuis à peu près un mois à présent, je remarque à peine les enfants qui jouent juste sous mes yeux tant ils sont perdus dans le vide. Mais un élément non identifié vient percer mon espace personnel. Je lève la tête pour découvrir l'auteur de cette main mais je n'arrive pas à voir à cause de ce foutu soleil. 

Je me décolle alors légèrement et reconnait Mark ? 

- Oh ? Tu n'en veux pas ? Me demande-t-il avec un air déçu. 

Mes yeux se posent alors sur l'objet et l'odeur s'infiltre jusqu'à mes narines. 

- Heu... Je ne bois pas de café... Désolée... 

Il fait la moue puis hausse les épaules et vide le contenu d'un trait. Puis il vient s'assoir à une distance raisonnable de ma personne et se met à fixer le vide comme moi un peu plus tôt. 

- Mark ? je demande. 

Il se concentre alors sur moi. Mon dieu ce qu'il est beau ce gosse quand même ! 

- Qu'est-ce que tu fais là ? 

Il sourit. 

- Je suis venu réparer. M'assure-t-il. 

- Je te demande pardon ? 

Mark se tourne complètement vers moi, remontant sa jambe droite jusqu'au banc. 

- Je t'aime Khalil. Mais tu as fait ton choix et je le comprends tout à fait. ça me fait chier, bien sûr. Parce que oui j'étais là avant après tout, et depuis bien plus longtemps que lui et aussi parce que tout semblait pré-destiné et que tu as tout gâché et que... 

Il s'arrête un instant, ferme les yeux pour se recentrer. 

- Pardon. 

Il émet un rire bref et je vois bien qu'il se force à sourire. 

- Ecoute. Toi et moi on est liés et on ne peut rien y faire. Enfin si on peut, il n'y a plus de rêve après tout. Mais moi je ne veux rien y faire. Alors... Faisons comme si de rien était. D'accord ? J'en ai rien à foutre que tu l'aies choisi lui. J'en ai rien à foutre parce que je ne te laisse pas le choix. 

Pour l'instant JE suis à côté de toi. Je pourrai jamais t'embrasser et exprimer haut et fort ce que je ressens quand je te regarde. Mais au moins je peux passer du temps avec toi. Je ne demande rien de plus. Je n'ai... jamais ressenti un truc comme celui-là auparavant. 

J'essuie rapidement la petite larme qui s'est formée au coin de mon oeil et m'empresse de le prendre dans mes bras. Mais c'était la chose à ne pas faire parce que j'éclate littéralement en sanglots. Putain c'est trop fort pour moi ce... Truc. Je le serre un peu plus fort. Je ne le dirai pas, je n'admettrai pas ce que je ressens parce que je me sentirais bête de le dire et de ne pas le prouver par mes actions. 

La relations et les liens qui nous relient Edward et moi ne sont pas les mêmes que ceux que ceux que j'entretiens avec Mark . Et au final c'est peut-être ça ? C'est peut-être ce qui m'a poussé à choisir ? Les souvenirs qu'Edward et moi avons en commun, tout ce que nous avons vécu peut s'effacer d'un moment à l'autre. Voilà ce qui me fait peur au fond.  

Mais avec Mark c'est différent. Je sais qu'il sera toujours là et je ferai de mon mieux pour l'être aussi. On avancera ensemble, à notre façon. Peut-être que les choses changeront malgré tout. Malgré mon choix. Mais pour le moment je sais que j'ai fait le plus raisonnable et je suis reconnaissante envers Mark pour être resté, malgré tout. 

Ce jour-là il m'a raccompagné et nous sommes partis avec ma meilleure amie chez les garçons. D'ailleurs nous avons dû les harceler, elle et Noah. 

- Hé Noah ! Avait commencé John, assis sur un tabouret près du petit bar de la cuisine à siroter un petit verre. Pourquoi tu n'arrêtais pas de dire à May qu'elle ne savait plus tout de vos petits rêves ? Je parle au passé parce que je pense que tu lui as dit depuis. Aller, dis nous tout. 

Noah lève un sourcil. 

- Je ne vous dirai pas. 

- Hein ? Mais pourquoi ? s'exclame Kyle. ça y est maintenant tu nous caches des choses toi aussi ? 

- Quoi ? Non ! s'exclame Noah tout gêné. 

- Noah aller, sois pas comme ça, dis nous tout. Lance Layne. 

L'ensemble du groupe le regarde avec un air incompris. 

- Tu es très mal placé. 

- Bien lancé Hyung. S'écrie John à l'attention de Clarence. 

Layne me lance un regard bref avant de lâcher :

- J'aimais Kali. Voilà pourquoi je ne voulais pas mettre Mark au courant pour les rêves. 

Plus personne ne parle. Il était vraiment obligé de dire ça maintenant là, sérieusement ?

- Sé... sérieux ? demande Elias. 

Layne lui adresse un sourire des plus faux et se met à fixer ses mains. 

- A toi Noah. Tu n'as plus le choix maintenant. Dit le leader. 

Le concerné éclate de rire en se cachant le visage. 

- Non je ne vous dirai pas. Ce n'est pas parce que Layne a bien voulu parler que je le ferai. 

- Mhh... D'accord. May dis nous toi alors. 

- Ne leur dit pas. Lui chuchote Noah. 

- Hey on vous entend ! Je m'écrie. Enfin pourquoi j'interviens alors que je suis déjà au courant ? 

- Quoi ?! crie John. 

- C'est évident, May lui dit tout. Conclut Elias. 

- Kali dis moi je veux savoir. me supplie Mark. 

- Mh mh. Je dis en faisant non de la tête. 

Il me saute alors dessus sans prévenir pour me forcer à cracher le morceau. J'éclate de rire et la petite discussion se termine en bordel général. 

Voilà l'ambiance dans laquelle nous avons vécu pendant un an. Bien entendu nous devions aller à l'université mais la plupart de notre temps libre, nous le passions ici.

A la fin de notre année, May et moi avons dû rentrer à Paris pour régler quelques trucs avec notre école et savoir s'il était possible pour nous de continuer une année de plus en Corée...