La Rose de Sang

Chapitre 5

[ Je me lève et me dirige vers la porte.]

   - Evelyn !

Je me tourne vers Kyle et sans prévenir, ses bras musclés m'enserrent dans une étreinte rassurante.

   - Sois vraiment prudente, je pars pour une mission dans un coin reculé du pays, j'en aurais pour un mois. Ne fais pas de conneries.

   - Ne t'inquiètes pas papa !

Il rit et desserre son étreinte.

   - Va ma Rose de Sang !

Je remets ma capuche et mon foulard puis sort de l'auberge. J'adresse un clin d'œil à Steve et Arthur, puis m'enfonce dans le profondeurs de le ville. Il va commencer à faire noir, je devrais rentrer chez moi. Je grimpe sur le rebord d'une fenêtre et escalade jusqu'au toit. Je regarde les toits de la capitale. Mon regard se perd dans l'architecture du palais. Je ne suis qu'au quartier pauvre, où le taux de criminalité ne cesse d'augmenter. Je n'ai jamais mis les pieds dans le quartier luxueux, près du palais. Pourtant, pour poster le Noalys, je vais devoir y aller. Mais pas ce soir. Le vent commence à souffler, la neige glissé des toits en formant des mini tornades. Résignée, je rentre chez moi.

Le lendemain, réveillée et les petits rayons de soleil matinaux, je sens que quelque chose s'est passé, que quelque chose a changé. Je ne sais pas quoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. Je me lève lentement, le poignard posé sur la table désormais dans ma main. Je ne me change pas, de peur que quelqu'un n'entre. Alors, armée d'un poignard et habillée d'une simple nuisette, je sors de ma chambre, en ne faisant aucun bruit. Dans la salle de bain, il n'y a rien. Dans la cuisine non plus. Mais dans le salon, une énorme traînée de sang s'étend sur toute la pièce. Un corps immobile est sur le tapis. Je m'approche et remarque que c'est quelqu'un que je connaissais.

   - Léo !

Je m'approche de sa tête. Son visage est froid, ses yeux fixent le vide. Une énorme entaille apparaît au niveau de son cœur. Je me relève et regarde aux alentours. Même si je pense savoir qui est l'auteur de ce crime, il doit y avoir un indice. Sur un miroir au-dessus de mon canapé, il y a un N inscrit en grand, écrit très certainement au sang.

Le Noalys a encore frappé. Que faire ? Je ne me laisserais pas abattre. Je vais retourner à sa planque, ou du moins là où il était basé, et je vais fouiller. Mais d'abord, je dois déplacer Léo.

Après avoir soufflé une bonne dizaine de fois, trébuché une bonne centaine de fois, traîné le corps du voleur qui ne pesait pas 5 grammes mais 3 tonnes, nettoyé son sang qui souillait devant chez moi et dans  toute ma maison, je suis arrivée à le mettre à la poubelle. Je sais, c'est ignoble de faire ça, mais je n'avais pas le choix ! Soit tout le monde me voyait en nuisette à trainer le corps de Léo en me soupçonnant de l'avoir tué, soit je le mettais à la poubelle sans que j'ai trop à me déplacer et sans être visible. Ensuite je viderais la poubelle dans la fosse à déchets et puis c'est tout ! De toute façon, c'est une poubelle privée, personne ne peut me la prendre ni la remplir. J'y ai accroché une chaîne. Ben quoi ? Ce qui est à moi est à moi, pas aux autres.

Donc ensuite, je me suis assise par terre dans mon salon pour souffler une énième fois, ma nuisette tâchée de sang ainsi que mes mains et les cheveux en bataille.

   - Très éprouvant n'est-ce-pas ?

Je sursaute. Je croise un regard ambré, hypnotisant. Devant mon regard surpris, l'homme se moque. Je me rends compte que l'homme est habillé en bleu, donc sans conteste le Noalys. Je me mets debout direct, les muscles tendus et prêts à en découdre. Je cherche des yeux mon poignard que j'avais laissé dans le salon pour transporter Léo.

   - C'est ça que tu cherches ?

Je repose mes yeux sur le Noalys. Il est en train de jouer avec mon arme ! Et merde. Je suis désarmée, sans protection. Comment vais-je m'en sortir ?