Riren - Caïd

Chapitre 17 : Un plan foireux ?

Lorsque la porte de la cellule d'Eren s'ouvrit le lendemain, ce dernier resta couché ; il n'avait absolument aucune envie de se lever. Ça ne valait plus le coup. Il se rendormit et se réveilla une heure plus tard, non pas par envie, mais parce qu'un sale gamin blond avait pris l'initiative de le secouer dans son sommeil. Eren grogna et se tourna vers Armin.

"Dégage, je veux voir personne..."

"Fais pas l'enfant Eren. Allez, viens ! Hanji veut te parler !"

"Qu'est-ce qu'elle me veut ?"

"Tu verras, mais je pense que tu seras réceptif à ce qu'elle a à te dire..."

Cette dernière phrase piqua la curiosité d'Eren qui se leva, non sans grogner et râler que ça avait intérêt à être important.

Il fut amené dans la bibliothèque où l'attendaient déjà Hanji et le groupe de soldats. Armin ferma la porte derrière eux et Hanji leva vers lui ses yeux surmontés de ses lunettes embuées par l'excitation. Elle arborait son fameux sourire de celle qui venait de trouver un plan pour s'évader. Eren soupira et s'affala sur la chaise tirée à son intention.

"Bon, je suppose qu'on est là pour un nouveau plan d'évasion foireux ? C'est quoi cette fois, creuser un tunnel dans les murs en pierre à la petite cuillère ? Fabriquer des ailes avec les draps de nos lits et se jeter par-dessus les murailles ?"

Sans se laisser démonter, Hanji partit de son petit rire nerveux si particulier.

"Eren, Eren, Eren... c'est bien mieux que ça voyons ! On va libérer Livaï et s'enfuir avec lui en provoquant une émeute !"

"... C'est ça ton plan génial ? Je le savais, c'était de la merde. Premièrement, l'émeute il faut la provoquer. Deuxièmement, une émeute c'est bien beau mais si c'est pas organisé et que tout le monde est pas dans le coup on se fera écraser. Troisièmement, comment tu veux libérer Livaï ? C'est impossible."

"Difficile mais pas impossible ! J'ai tout calculé, cette fois-ci ça peut pas rater ! Parce que mon petit Eren, on a le soutien de la majorité des détenus !"

"Et comment c'est possible ?"

"Rien de plus simple : la Titan Family imposait sa loi de force dans la prison. Les autres détenus en avaient assez de subir ça, alors quand Livaï les a tués... disons que ça leur a rendu un fier service. Alors ils trouvent pas très juste qu'il soit condamné pour ça. Tu me suis ?"

"Ouais, je vois."

"Donc, j'ai élaboré un plan et j'ai parlé à beaucoup de détenus qui sont avec nous ! Je n'aurai plus qu'à leur distribuer leurs rôles une fois que tu auras approuvé le plan."

Eren ferma les yeux et soupira longuement. Ça allait être long.

"Je t'écoute."

"Alors voilà comment ça va se passer : pendant l'exécution, Livaï sera attaché à un poteau au milieu de la cour. Des fusilliers seront disposés en rang devant lui. D'autres gardiens seront disposés de part et d'autre de la cour avec des chiens pour avoir une précaution supplémentaire. Erwin sera dans son bureau à l'abri, et donnera les ordres depuis sa fenêtre."

Eren l'interrompit :

"Comment tu sais que ça va se passer comme ça ?"

"J'ai mes sources, mon petit Eren ! Bref, voilà mon plan : il faudra d'abord neutraliser les fusilliers. S'ils nous mettent en joug, on est foutus. J'ai pensé à un moyen très original qui est de neutraliser les fusiliers en utilisant les chiens des gardiens."

"Oula... tu me fais peur. T'es sûre que c'est pas un plan foireux ?"

"Mais nooon, je t'assure ! Alors, on va faire en sorte que les fusilliers soient occupés avec les chiens. Et pour ça on va leur jeter de la viande dessus !"

"Ugh... je le savais c'était de la merde. Et tu la trouves où la viande ?..."

"Il se trouve que j'ai des talents de voleuse... et je sais qui possède la clef de la buanderie. Bon laisse-moi finir : on jette la viande sur les fusilliers, les chiens se jettent sur eux. Bien sûr, quand ils auront mangé la viande les chiens se laisseront rappeler à l'ordre et c'est pour ça qu'il faut les neutraliser avant. Il faudra donc mettre de puissants somnifères dedans. Un des détenus a un traitement à base de somnifères pour dormir la nuit, il a accepté de me les donner. Ensuite, la première chose que fera Erwin en voyant ce qui se passe, c'est de courir à son téléphone pour appeler l'armée. Alors il faudra qu'il soit débranché. Je sais comment faire : je mettrai un chewing-gum sur la serrure, comme ça quand les gardes fermeront ma porte pour la nuit je pourrai en sortir à volonté. Je me glisserai dans le bureau d'Erwin et je couperai le fil du téléphone. Je ferai en sorte que ça ne se voie pas bien sûr. Je prendrai la viande et la cacherai dans ma cellule après avoir mis les somnifères dedans. Donc le lendemain, on lâche les chiens sur les fusilliers et on en profite pour leur piquer leurs armes ; et pendant ce temps Eren tu iras libérer Livaï. Moi je courrai dans le bureau d'Erwin qui sera en toute logique en train d'essayer d'appeler l'armée. Je le ramènerai et je convaincrai les soldats restants de se rendre en l'utilisant comme garantie. À ce moment-là, il nous suffira simplement d'enfermer tout ce petit monde dans nos cellules après avoir obligé Erwin à ouvrir les portes, et de prendre les moyens de transport à notre disposition pour nous barrer le plus loin possible ! Il y a un hélico de combat sur le toit avec une contenance de 10 personnes. On montera ensemble dedans et les autres prisonniers n'auront qu'à prendre des vivres et partir avec les bateaux à moteur. Pour les gardiens et le directeur, pas d'inquiétude : ils ne mourront pas de faim dans leur cellule. Le directeur est tenu de donner des nouvelles tous les jours à la même heure et en constatant que ça n'est pas le cas, l'armée viendra voir, et nous on sera déjà loin ! Alors, tu penses quoi de ce plan de génie ?"

Elle se laissa tomber sur sa chaise en croisant les jambes et les bras, l'air totalement satisfaite, attendant les louanges de son entourage. Mais un silence obstiné lui fit face. Eren prit enfin la parole.

"Ce plan est stupide, il n'a aucune chance de fonctionner... mais je suis prêt à essayer les choses les plus stupides pour empêcher cette exécution. Les gars vous en pensez quoi ?"

Mikasa réfléchit, le regard dans le vide.

"C'est totalement suicidaire... mais après tout, on a tous encore tellement d'années à passer ici... être ici ou mort c'est pareil de toute façon. Je marche."

Armin se manifesta.

"Moi aussi j'en suis. Je suis condamné à perpétuité de toute façon, j'ai rien à perdre."

Hanji se tourna vers les soldats restés muets.

"Et vous ?"

Ils levèrent le regard et hochèrent la tête en silence, déterminés à sauver leur chef.

"Bien alors on est tous d'accord ! Je mets tout le monde au courant et on commence l'exécution du plan dans deux jours !"

Ils se séparèrent le coeur lourd, chacun se demandant s'il avait signé son arrêt de mort. Eren alla quant à lui se recoucher pour le reste de la journée. En soupirant, il s'installa sur le dos dans son lit, jambes croisées et sa tête reposant dans le creux de ses bras. Son regard se perdit au plafond tandis qu'il se repassait en boucle le plan d'Hanji dans sa tête.

Tsss... ça marchera jamais.