La poudre recouvrit sa peau sous un geste parcimonieux. Les fines particules se déposaient tel un film invisible entre ses pores pour matifier son épiderme. Son bras se trouva rapidement voilé de cette poussière, tout comme le reste de son corps. Taehyung dut se mordre la lèvre de douleur lorsqu'il maquilla son poignet. Plusieurs couches furent nécessaires pour ne plus apercevoir la moindre rougeur ni le plus infime hématome. Tous ses membres étaient éprouvants. S'inspectant dans un miroir, le garçon fut satisfait du résultat ; plus aucune blessure ne le criblait d'apparence et le masque couleur peau n'était pas du moins remarquable, même de très près. Son séant s'échoua finalement sur la chaise de sa coiffeuse tandis que ses doigts se trituraient, son regard se perdant au niveau du sol. La culpabilité lui rongeait les sangs. À cause de son inattention, son aîné avait était dans l'obligation de le punir, bien qu'il détestât cela. En à peine un jour, l'enfant s'était fait remarqué. Comment se passerait le reste du séjour de cet invité indésirable. Ce problème le rendait anxieux. Il allait devoir redoubler d'effort pour faire subsister cette mascarade aussi longtemps que possible. Perdre sa couverture était inimaginable. Soupirant, ses pupilles glissèrent vers la fenêtre barricadée. Cohabiter avec cet habitant du monde de derrière l'effrayait au plus haut point. Le garçon voulait juste qu'il s'en allât au plus vite.
Yoongi soupira de bien être tandis qu'il plongeait plus profondément dans son bain. Le liquide brûlant massait ses muscles endoloris avec délectation. Si bien que ses yeux se fermèrent, appréciant le remous des bulles éclatant en une senteur de rose à la surface pour se reformer aussitôt. Il était bien là. La chaleur aspirait le moindre de ses émois. Plus rien n'existait d'autre que cette sérénité parfaite l'emmitouflant. Levant finalement les voiles qui barraient sa vue, le baigneur joua distraitement avec la mousse au teint aussi pâle que les fleurs de cerisiers. Ses lèvres, son menton s'en retrouvèrent recouverts en une pilosité factice. Cette imitation ridicule lui valut un rire – les flocons de savon se divisèrent sous son exhalation, s'évaporant en un nuage de particules scintillantes. Le spectateur resta coi devant cette scène pittoresque et tendant le bras vers les éclats, ceux-ci ne disparurent que plus vite. Comme une fleur, arrachée en un désir inassouvissable, qui se mourrait sous la prise d'une main étrangère. Le jeune homme récupéra son membre en un reflex coupable, bien que la futilité de la nature ne fût de son essor. Sentant ses paupières s'alourdir de plus en plus, son corps se redressa finalement pour quitter la cuve d'eau – ne désirant vraiment s'y endormir. Piochant une serviette propre sur la pile dressée à proximité, il s'en servit pour essuyer les gouttelettes collant à sa peau. Le contact du coton était si délicat qu'il ne sut que s'y frotter davantage – bien que depuis longtemps sec. La matière épousait à la perfection les crevasses microscopiques dont son épiderme était couvert. Mais le froid commençait à l'accabler, alors Yoongi dut se résoudre à enfin la nouer autour de sa taille. Ses doigts glissèrent dans sa chevelure afin de dégager sa vision, les ruisselets caressant le long de sa nuque et de son front. Zieutant le rebord du lavabo, le fouineur repéra une brosse à dents électrique. Vérifiant son état d'un bref coup d'œil, ses épaules se hochèrent avant de n'y répandre du dentifrice. Le reste de sa toilette terminée, le jeune homme gagna la chambre de son hôte. Il n'avait pas eut l'occasion de retourner à son domicile et les affaires lui manquaient. Celui dont il était question ne lui en voudrait certainement pas pour lui emprunter quelques vêtements. Ainsi, le squatteur s'empara d'un sous‑vêtement en élasthanne brodé d'or ainsi que d'une robe de chambre en velours d'un violet sombre. Un sourire moqueur se dessina sur son visage. De l'or sur un caleçon... Il trouvait la richesse de son homologue risible. C'était d'un ridicule. Il n'empêche... le raffinement de la matière semblait le choyer si délicatement qu'il ne sut restreindre le ravissement d'atteindre son expression faciale. Le pas traînant, l'emprunteur partit dans le séjour où il chercha quoi faire de sa journée. Une bruyante expiration le prit en constatant l'absence de télévision. Il ne comprenait pas. Himchan possédait plus d'argent que ses poches ne pouvaient en contenir ; tout son appartement empestait la bourgeoisie. Entre les estampes, le lustre en cristal, comment celui‑ci s'en sortait pour ne point posséder le moindre appareil électronique ? Pas de chaîne hi-fi, pas d'ordinateur, rien. Tournant la tête sur le côté, celle‑ci se hocha de gauche à droite en totale désapprobation. Une longue baie vitrée courrait sur le pan du mur. La vue sûrement sublime à cette hauteur était anéantie par toutes ces planches de bois la dissimulant. Son existence même lui aurait été inconnue s'il n'avait jamais posé la question par le passé. Cette barricade demeurait tout de même un éternel mystère. Pourquoi donc priver la pièce des rayons solaires ? Un frisson hérissa ses poils en imaginant le nombre de zéros teintant la facture d'électricité – la lumière demeurant allumée constamment. Ses épaules se haussèrent finalement. Ce n'était pas son problème après tout. Errant entre les ukiyoe et les Shakespeare, l'adulte s'arrêta soudainement, victime d'une illumination. Ses lèvres s'étirèrent tandis qu'il se ruait au bout du corridor au fond du salon. Ouvrant la porte de la cave à vin, des pépites dansèrent dans ses pupilles à cette vision aphrodisiaque. Jackpot. Cette pièce définissait le Paradis sur Terre, à tel point que son cerveau avait toujours du mal à en assimiler l'existence. C'était la première fois qu'il y pénétrait, mais il avait vu son aîné ouvrir cette porte pour le servir assez de fois pour connaître son emplacement. Le maître des lieux allait le trucider pour avoir violé l'entrée ; cependant, à l'instant, son âme il aurait vendu pour une simple gorgée d'alcool. Cela faisait des jours qu'il n'avait rien bu et sa gorge sèche hurlait à ce qu'on la désaltérât sur le champ. Traversant les allées, passant parfois les doigts sur les bouteilles étonnamment dépoussiérées, Yoongi se stoppa finalement devant un liquide qu'il trouvait considérablement plus attirant que les autres. Le buveur n'y connaissait rien en sélection de vin, mais cette couleur d'un pourpre profond lui faisait de l'œil. Ainsi, celui-ci s'en empara et retourna dans le salon d'un pas sautillant. Après être allé chercher un verre dans la cuisine, le jeune homme s'installa confortablement sur le sofa. Les jambes croisées, les coudes près du torse, sa main s'enroula finalement autour du cristal d'un geste qu'il avait maintes fois observé chez son aîné. Il inspecta le récipient, celui-ci défilant sous son regard fasciné. Le fluide ondulait au moindre de ses mouvements, conservant une ligne parfaitement plate malgré les inclinaisons du contenant. De légères vagues cabossaient la surface plane, permettant à la lumière d'incruster ses pépites entre chaque dune. Ces éclats contrastaient tellement avec la pénombre noircissant le fond du verre. Sa langue humidifia ses croissants rosés, désireuse de tremper sa pointe dans ce breuvage. Ce dernier manqua de se renverser sous la surprise, mais celui qui la tenait parvint à stabiliser sa poigne de justesse – déposant l'objet sauvé in extremis sur la table basse face à lui ; la porte d'entrée venait de s'ouvrir soudainement. Pivotant vers la direction du bruit, son sourcil s'arqua à la vue de la petite troupe entrant dans l'habitation. Le buveur n'eut le temps de comprendre ce qui se passait que son faciès se retrouva aspergé de vin. Indigné, Yoongi rouvrit les yeux pour découvrir Jimin, son verre encore à la main et l'expression fâcheuse. Le regard dur, son sang ne fit qu'un tour qu'il se releva promptement, prêt à lui sauter au cou pour son geste. Son bras fut intercepté en l'air.
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Ephemeral Innocence
Fiksi PenggemarDes bruits, des voix, des rires étouffés par une paroi en bois. Ces sons constituent son unique vision. Il n'a la moindre idée des vices et perversions de l'extérieur, à l'abri dans sa prison dorée. Alors que la pureté éclaire encore son visage enfa...