Serrant ses cheveux entre ses doigts crispés, Taehyung respirait à en perdre haleine. La sueur perlait presque aussi rapidement le long de son front que son cœur ne battait dans sa poitrine. En position fœtale, tous ses membres tremblaient. Une larme roula pour s'écraser sur son genoux. La fatigue brûlait ses yeux au point qu'il lui était difficile de les garder ouverts. Ses bras encerclèrent plus nerveusement ses jambes tandis que ses paupières abandonnèrent le combat. Cette angoisse qui l'avait étreint durant son cauchemar ne le quittait pas. Il avait cherché à fuir - quelque chose ou quelqu'un, il n'en savait trop rien. Son regard se porta sur la barricade de sa chambre. Dans son rêve, le danger était à l'intérieur et non derrière. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Ça n'avait pas le moindre sens. Il était en sécurité ici. Pourtant, la terreur ne désirait le quitter. Le garçon voulait juste que son aîné rentrât vite pour lui rappeler que tout ceci n'était qu'un délire onirique et que tout allait bien, comme ça l'avait toujours été.
Le souvenir de cette voix le hantait. L'individu ayant susurré ces mots semblaient souffrir le martyr. Elle avait été pleine d'une émotion que le garçon n'arrivait pas à identifier. Mon fils... Un vrillement attaqua son crâne. S'il était le fils de cette personne, alors elle était sa mère s'il ne se trompait pas. Sa mère... La seule chose qu'il savait à son sujet était qu'elle était douce et intelligente. Mais ce n'était pas ses propres souvenirs, on le lui avait simplement assuré. Lui ne se souvenait de rien. Sa migraine s'intensifia à trop y réfléchir. Trop d'images défilaient dans son esprit pour les séparer une à une. La poigne sur sa chevelure se raffermit. Il avait besoin de Himchan... Les larmes lui en coulèrent à se dire que cela était impossible pour le moment.
Il allait devoir comprendre par ses propres moyens. Sa tête tournait dangereusement. Forçant sur ses muscles, l'adolescent rampa jusqu'au bord de son lit pour s'en extirper. Manquant de force, il lui suffit de poser un pied à terre pour s'écrouler lourdement. Il avait oublié ne pouvoir se servir de sa cheville. Soupirant, sa main se tendit jusqu'à sa table de chevet de laquelle il sortit feuilles et crayons. L'enfant comptait mettre à plat ces réminiscences nocturnes pour essayer d'y donner du sens. La première chose que ses doigts tracèrent furent ces yeux bleus où paraissait se déchaîner l'océan. Étaient-ils plutôt azurs ou turquoises ?
Le revers de sa main essuya son nez qui le picotait ; la frustration le tuait. Leur couleur, leur forme, il n'était sûr de rien. Peu importaient les différentes combinaisons posées sur papier, ce n'était jamais exactement ce qu'il avait vu en rêve. Cherchant ce que sa mémoire avait conservé de cette nuit, l'artiste s'affaira alors à esquisser ce que ces pupilles avaient rencontrés par delà la fenêtre. Cette lumière criarde, ces formes mouvantes... Tout y passa un nombre incalculable de fois, sous différents angles, de différentes manières. Les croquis s'enchaînèrent à vive allure. Ses oreilles étaient sourdes à la douleur hurlant dans son poignet. Son esprit avait quitté ce monde, le faisant continuer tel un automate. Saisissant une énième feuille, ses doigts n'empoignèrent que de l'air. Pivotant derrière lui, Taehyung constata avoir usé toutes les surfaces de papier vierge. Cette observation suffit à le réveiller de sa transe. Les yeux arrondis, une main passa sur son front pour en dégager les cheveux s'y étant collés. La tête appuyée sur le bord du lit derrière lui, l'enfant chercha à retrouver son souffle. La douleur à son poignet choisit ce moment pour se manifester, le faisant trembler dénaturément. Il était épuisé, si bien que le moindre geste lui semblait impossible à réaliser. Cette fatigue extrême n'empêchait cependant pas les larmes de dégouliner sur son visage. Fermant les yeux un instant, Taehyung les rouvrit brusquement à cette odeur. Inspirant plusieurs fois pour s'assurer ne pas se tromper, la panique suffit à le mettre sur pieds. Sautillant sur une jambe, le garçon se précipita dans la cuisine et poussa l'homme présent pour éteindre la gazinière. Une serviette humide suffit à éteindre le début d'incendie. Il souffla alors de soulagement, tournant un œil assassin vers le responsable de ce presque accident.
« C'est pas à toi d'cuisiner, lui reprocha-t-il.
- Il est deux heures passées et j'crève la dalle. J'allais pas attendre après un gamin d'quatorze ans pour qu'i' m'fasse la cuisine.
- Ouais ben en attendant le gamin d'quatorze ans il fout pas l'feu à la cuisine ! Pousse-toi d'là, fit‑il en l'éloignant de l'espace de cuisson. T'essayais de cuisiner quoi au juste ?
- Des nouilles...
- Comment on peut... C'est pas grave, va t'asseoir, j'te prépare ça. »
Épuisé d'avoir autant parlé, le garçon expira longuement. Ne perdant pas de temps, ce dernier se mit aux fourneaux. Ayant déjà commencé à préparer la sauce pour les tagliatelles la veille, le cuisinier les mit simplement à chauffer à feu doux.
L'observant plus loin derrière, l'adulte arqua un sourcil. Le comportement de l'enfant lui semblait plus hostile que de coutume. Et plus fragile aussi. Des spasmes infimes l'ébranlaient des pieds à la tête. D'ailleurs, sa cheville gardée surélevée prouvait que son état ne s'était guère amélioré. Le plus étrange restait sa respiration trop bruyante pour être normale, ainsi que ce filet de sang quittant sa narine. Les yeux dans le vide, l'enfant paraissait prêt à s'écrouler d'un moment à l'autre. Son allure ne se portait pas mieux. La transpiration lui collait telle une seconde peau. Sa chemise blanche pourtant boutonnée jusqu'en haut ne couvrait plus rien, par transparence. Inquiet, Yoongi s'avança vers lui pour poser sa main sur son épaule.
« Ça va gamin ? »
Sa question dut le surprendre puisque le concerné sursauta pour vite se dégager de son contact.
« C'est... Ça va je... J'ai juste besoin de prendre une douche. Touche rien en attendant. »
Dépourvu de la moindre émotion, l'enfant se dirigea du mieux qu'il le pût vers la salle de bain. Trop éreinté pour tenir debout, celui-ci opta pour la baignoire qu'il bouchonna pour la remplir. Alors qu'il retirait ses vêtements, un frisson couru le long de sa colonne vertébrale. Le froid causé par ce courant d'air s'était emparé de la sueur le recouvrant pour la rendre de glace. Difficilement, le garçon se glissa dans la cuve dans laquelle il s'allongea, laissant à l'eau le temps de l'immerger.
Dormir représentait sa seule envie. Peut-être irait-il se reposer quelque peu une fois l'autre nourri. Il en avait bien besoin.
VOUS LISEZ
Ephemeral Innocence
FanfictionDes bruits, des voix, des rires étouffés par une paroi en bois. Ces sons constituent son unique vision. Il n'a la moindre idée des vices et perversions de l'extérieur, à l'abri dans sa prison dorée. Alors que la pureté éclaire encore son visage enfa...