Chapitre V : Destins Entremêlés

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            Ses doigts tremblaient presque d'excitation autour de la poignée. L'adrénaline – au lieu de lui insuffler de l'air – le lui retirait avidement pour lui voler ses battements cardiaques. La peur de la déception rendit son geste hésitant. Peut-être avait-il tout imaginé et lié entre eux des éléments dissociables ? Peut-être ce secret devait-il restait selon sa définition ? Décidant qu'il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir, sa prise se fit plus ferme contre le battant d'ouverture. Lorsqu'il poussa la porte, Yoongi fut surpris de ce qui se trouvait là. En lieu d'une réserve se présentait une chambre des plus simplistes. Bien que la literie sembla soyeuse et onéreuse, la pièce manquait trop cruellement de personnalité pour imaginer que quelqu'un ne pût s'y coucher. En plus du lit, une table de chevet en wengé se tenait juste à côté, vide de tout contenu. L'absence d'un moindre objet remettait son utilité en question. En face, une coiffeuse prune arborait une panoplie de produits de beauté, trop bien rangés pour que quelqu'un ne s'en servît quotidiennement. Les tiroirs ainsi que le contour du miroir étaient parsemés de diamants : c'était bien là le seul artifice - le reste de la pièce étant complètement dénué de décoration. Cette pièce devait être une chambre d'ami, bien que son manque de mobilier le laissait perplexe. Les autres étaient dans l'extravagance et possédaient des tapisseries ainsi que des incrustations aussi complexes qu'élégantes. Confirmant ses hypothèses, le maquillage surmontant le seul meuble semblait appartenir à une femme. Pourtant, il n'y en avait pas l'ombre. Seul existait cet enfant au centre de la pièce qu'il ne remarquât qu'alors. Cette présence l'étonna grandement. Peut-être celle que son ami fréquentait possédait un fils d'un précédent mariage ? C'était tout à fait probable à leur âge, bien que la crise la quarantaine n'arrivait que dans dix ans.

Quand bien même, laisser le petit seul enfermé dans sa chambre paraissait être une mesure disproportionnée. S'il le lui avait demandé, le jeune homme l'aurait surveillé pendant leur absence. Enfin, seulement contre quelques pécules. Il avait autre chose à faire que de jouer les baby-sitters gratuitement après tout. Gardant les yeux sur le garçon, Yoongi se demanda s'il devait l'interpeller ou attendre qu'il terminât de gesticuler. En effet celui-ci remplissait habilement l'espace mis à sa disposition en se déplaçant, tantôt au sol, tantôt dans les airs sur une mélodie qu'il semblait être le seul à entendre. Son corps virevoltait d'émotion pour mieux s'immobiliser par la suite, sans manquer pour autant d'intensité. Les courbes que décrivaient ses bras se mouvaient singulièrement tandis que les ondulations de ses jambes lui donnaient le vertige. L'inconnu plusieurs fois flirta avec la fatalité de la gravité sans jamais y succomber, à l'instar d'un chat retombant toujours sur ses pattes. L'admirateur fixait cette chorégraphie avec dérision, trouvant ridicule l'expression tiraillée du danseur qui remuait dans tous les sens. Il attendait inconsciemment d'être témoin d'une chute ou tout du moins de le voir se cogner quelque part. Comment cela pouvait-il être évité après tout quand la cible de son regard se déplaçait les yeux fermés ? À plusieurs reprises, son corps sursauta en pensant ce moment arriver. Mais ce ne fut jamais le cas. Le jeune homme dut bien avouer l'agilité de l'inconnu pour qui l'équilibre ne détenait d'apparence pas le moindre secret. Essoufflé, le principal acteur de cette scène chut finalement sur le matelas, la percussion comme absorbée par le moelleux des plumes. Considérant qu'il avait terminé, Yoongi s'approcha à peine d'un pas que le corps étendu sursauta en position assise. Le jeune homme eut un hoquet de surprise ; il ne s'attendait point à ce que l'autre ne se rendît compte si soudainement de sa présence en un simple mouvement. Le fin sourire étiolant les lèvres de l'inconnu se fana en une grimace apeurée. Les yeux écarquillés, celui‑ci s'était en un geste réfugié derrière le lit, loin de lui. Seuls ses cheveux caramels et la moitié supérieure de ses yeux noirs se laissaient entrevoir au-dessus des draps. Comprenant l'avoir effrayé, Yoongi entr'ouvrit les lèvres pour montrer ses paumes nues à hauteur d'épaules.

« J'vais pas t'faire de mal ! » se justifia l'arrivant.

Le présumé innocent regretta cette phrase aussitôt prononcée. Bien sûr, une personne malveillante aurait clamé les mêmes mots en pensant tout le contraire. Il décida alors d'approcher d'un pas, la panique scintillant davantage dans les pupilles de l'enfant. Toutefois, ses jambes s'appliquèrent à réduire la distance, très lentement, si bien qu'il faisait désormais face au garçon avec lequel il conserva une dizaine de mètres, histoire de lui laisser un espace de sécurité. Le voyant devant lui, l'apeuré s'effaça entre ses genoux qu'il encercla de ses membres supérieurs. Recroquevillé ainsi, le petit paraissait vieux de onze ans tout au plus. Sa taille semblait plus importante mais - le concerné se trouvant assis - Yoongi n'avait aucun moyen d'en être certain.

« T'as pas à avoir peur, je suis un ami de Himchan. Tu connais Himchan pas vrai ? »

Le cadet face à lui sortit légèrement la tête d'entre ses bras pour lui faire signe que oui. Yoongi sourit faiblement, c'était déjà un début de conversation.

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