Foulant le bitume abîmé, sa chaussure frappa dans chaque caillou rencontré. Le trottoir n'en était presque plus un, déformé par les bosselures dont le goudron déjà sec suintait. C'était une journée plutôt grise. Le soleil haut dans le ciel se cachait derrière les nuages légèrement sombres. Un léger souffle accompagnait ses pas pour l'aider à avancer. Glissant plus profondément ses mains dans ses poches, Yoongi devint immobile à la vue du bâtiment familier. Tandis qu'il ravalait difficilement sa salive, son rythme cardiaque s'accéléra quelque peu, et ce n'était guère la faute du danger qu'inspirait ce lieu – bien qu'un frisson le parcourut à la vue des voisins discutant secrètement dans un coin au loin. Décidant qu'il valait mieux ne pas traîner ici, le jeune homme s'engouffra finalement dans l'immeuble. Le crépitement du mur l'accueillit aussitôt le seuil franchi. La poussière s'infiltrant par sa gorge pour enfumer ses poumons lui provoqua une quinte de toux ; sa gorge en était toute irritée. C'était fou... En une semaine à peine, son corps avait déjà perdu sa résistance à l'insalubrité. Qu'il détestait cet endroit !
Arrivé devant sa porte, l'adulte se demanda si ses clefs fonctionneraient encore sur la serrure ou si un autre locataire lui ouvrirait la porte. Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas payer son loyer et l'habitant n'était plus sûr d'en être encore un. Il aurait probablement dû vérifier la boite aux lettres en montant pour s'en assurer mais son cerveau venait tout juste d'y penser.
Entrant l'instrument de métal dans l'orifice de la porte, celui-ci s'y inséra comme un gant. Soulagé, le résident rentra dans son appartement après avoir retiré manteau et chaussures à l'entrée. Étrangement, un sentiment de chaleur embauma son cœur à la vue du théâtre de ses dernières années. Il haïssait cet appartement par dessus tout, mais le retrouver ainsi lui insuffla un picotement agréable dans l'abdomen qu'il n'avouerait au grand jamais.
Rassuré que ses affaires fussent encore là, le jeune homme se rendit en direction de la chambre afin d'en sortir un sac qui lui servirait à emporter l'essentiel. Le protagoniste s'arrêta cependant sur son chemin ; une sensation désagréable venait de lui chatouiller les pieds. Baissant les yeux vers ces derniers, l'homme remarqua une rivière se propageant à vitesse réduite. Remontant jusqu'au nid, l'adulte se retrouva dans la salle de bain. Ses yeux s'écarquillèrent. Ouvrant la bouche plusieurs fois pour la refermer aussitôt, nul mot ne parvint à dépasser sa gorge. Une montée trop intense d'émotions la rendait inutilisable.«Yun... Hee-ah... » parvint-il à murmurer.
La susnommée leva les yeux vers lui, interrompant ce faisant son action. La surprise se fit à son tour lire sur son visage. Ses mains lâchèrent alors outils et tuyauteries pour se redresser. Tapotant ses vêtements et retouchant ses cheveux, l'étudiante chercha à se faire un peu plus présentable, geste inutile pour cette beauté naturel qu'elle était. Leurs souffles leur fut dérobés en un instant, leurs poitrines compressées. L'air autour d'eux s'était condensé pour le rendre pesant. Sous ce poids, leurs pieds s'ancrèrent profondément dans le sol, presque aussi profondément que leurs regards s'étaient accrochés l'un à l'autre.
« Alors euh... Le robinet s'est euh... encore bouché ? commença le jeune homme comme si de rien n'était.
- ... Tu m'as manqué » l'ignora-t-elle royalement.
Un tiraillement empoigna son organe vital à ces mots. Sentant les larmes lui monter instantanément, la jeune femme n'eut le temps de battre des paupières que sa bouche se faisait voler. Fermant les yeux, elle se joint à son tour au baiser. Le contact était humide et affolé. Il ne l'embrassait pas simplement, il dévorait ses croissants de chair, y passant ses dents, sa langue. La température lui était déjà monté à la tête pour faire griller ses neurones. Son cerveau éteint ne contrôlait ni ses mains agrippant fermement ces cheveux chatoyants, ni ses doigts griffant sa taille. Ses mots n'étaient déjà plus que soupirs et le sang dans ses veines, une ébullition constante avide de plus de ferveur. Fou d'envie, Yoongi saisit l'occasion qu'elle lui tendit en enroulant ses jambes autour de ses hanches. Saisissant ses cuisses, le jeune homme la souleva pour la déposer sans délicatesse sur le sofa. Sans perdre une seconde, ses lèvres s'étaient jetées dans son cou, baisotant, mordillant, suçotant délicieusement sa peau d'albâtre. Ses gestes étaient tremblants, comme possédés par un corps étranger luttant pour un accès total à sa conscience. Geignant une fois de plus, le jeune homme se retira, à bout de souffle. Ses lèvres restées en suspens caressaient leurs semblables en un frôlement électrisant qu'il s'amusait à provoquer, frôlant le coin de ses lèvres pour venir effleurer leur centre de son souffle devenu ardent. Ses yeux s'étaient ouverts un instant pour capturer l'instant. Les sensations qui le grisaient semblèrent se décupler, si bien qu'il dut mordre le premier bout de peau qu'il trouva pour garder pieds. Sa raison regagnée aussitôt sa vue recouvrée l'obligeait à les refouler. Les spasmes qui traversaient son bras l'accompagnèrent lorsqu'il retraça les courbes de son corps avec envie. Après avoir passé sa poitrine de son pouce, ses doigts s'étaient arrêtés au creux de ses côtes, tâtant leur frêleur pour se convaincre de n'y toucher. À ce geste, la femme plaça une de ses paumes contre sa joue pour l'approcher le temps d'un baiser. Contrairement à précédemment, celui ci était doux et rassurant. Une vague de sentiments l'envahit alors. Dans cet océan de chaleur, le noyé faillit se soumettre pour laisser le courant l'emporter. Mais ses bras continuaient de ramer, très faiblement. La main libre de Yunhee se posa sur la sienne restée sur ses flancs pour l'obliger à descendre sur ses hanches, là où son haut remonté par leurs gestes ne dissimulait plus rien de sa peau. Un frisson le parcourut dans son entièreté à ce contact brûlant. Mais celui-ci bien trop court avait vite laissé sa place à un manque tout aussi intense. Il en voulait plus. Beaucoup plus. Se mordant la lèvre, ses yeux remontèrent pour croiser les siens déjà ancrés sur lui depuis déjà un moment probablement.
« S'il-te-plaît.... » supplia-t-elle en appuyant le contact de leurs mains liées pour le pousser à continuer l'action initiée.
Baissant un regard hésitant, ce dernier se fit soudainement plus déterminé. Sa hanche... L'échine si blanche et lisse à cet endroit était à présent striée de rouge. Quatre petits arcs vermeilles ainsi qu'un autre plus éloigné étaient gravés sur son épiderme. Retirant brusquement sa main, Yoongi regarda horrifié ses ongles qui s'étaient plantés sans le moindre remord dans cette peau si fragile. Il l'avait blessé...
« Hey c'est rien... tenta-t-elle de le rassurer en reconnaissant cette lueur de culpabilité teintant ses iris.
- C'est pas rien, fit-il, une pointe d'énervement dans la voix. J't'ai fais du mal !
- C'est juste des griffures, j'vais pas en mourir. J't'en ai fais bien plus tu sais ! »
Le jeune homme secoua la tête en dénégation. Pourquoi ne lui en voulait-elle pas quand il était évidemment qu'il avait commis une grave erreur ? Yoongi était un monstre d'avoir abîmé une si jolie poupée de porcelaine. Ne désirant extérioriser sur elle sa colère auto-dérisoire, il tenta d'une respiration contrôlée de se calmer. Ceci fait, il s'approcha à nouveau d'elle, passant amoureusement sa main dans ses cheveux soyeux.
« J'taime tellement mon cœur... J'veux pas t'faire de mal...
- Je sais bébé. J't'en veux pas, avoua-t-elle entre deux chastes baisers. On aurait pas dû laisser ça déraper comme ça. Hum.. T'étais venu pour prend'e quelques affaires non ? Tu veux un peu d'aide ?
Sa tentative de changer de sujet ne passa guère inaperçue mais il l'en remercia silencieusement, hochant faiblement de la tête.

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Ephemeral Innocence
FanfictionDes bruits, des voix, des rires étouffés par une paroi en bois. Ces sons constituent son unique vision. Il n'a la moindre idée des vices et perversions de l'extérieur, à l'abri dans sa prison dorée. Alors que la pureté éclaire encore son visage enfa...