Protégé de l'extérieur, Taehyung se tenait au chaud dans sa couverture en cachemire. Bien que ses membres demeurassent de glace sous l'épais manteau de poils, la température élevée l'emmitouflait de son enveloppe protectrice pour lui offrir un confort des plus délectables. Le plaisir était tel qu'il se sentait doucement dériver vers le monde du sommeil. Il n'était toutefois pas prêt à le rejoindre de si tôt, pas lorsqu'une vue aussi passionnante le gardait éveillé.
Près de lui, Himchan fixait son ordinateur avec une concentration absolue. Les sourcils légèrement froncés, sa langue s'incrustait parfois dans le coin de sa bouche avant que ses dents ne mordissent tantôt sa lèvre inférieure, tantôt l'intérieur de sa joue. L'homme d'affaires paraissait plongé dans son travail, si bien que ses sclères ne reflétaient rien d'autre que la lumière de son écran. Avec le même sérieux, ses doigts frappaient rythmiquement le clavier sans s'arrêter plus de quelques secondes, lorsqu'il semblait chercher ses mots. L'admirateur n'avait aucune idée de ce que l'adulte pouvait bien faire ; ce dernier lui avait vaguement expliqué remplir des dossiers et écrire des lettres électroniques un jour où il lui avait posé la question – cela et une liste de tâches similaires que son cerveau avait manqué d'emmagasiner. Pendant quelques secondes, l'envie de se poser sur son épaule afin d'épier distraitement ses agissements le traversa. Il avait pris cette habitude à cause de ces soirées où Yoongi décidait de lui montrer quelque chose, ou qu'il se tenait simplement à portée. Le chef d'entreprise lui interdisait cependant l'accès à sa machine en général, il n'apprécierait donc sûrement pas. Par conséquent, l'artiste resta à sa place.
L'entrepreneur travaillait assez peu fréquemment à domicile, préférant se rendre sur place pour veiller au bon ordre de l'endroit et garder un œil sur ses employés. De temps en temps, quand aucun entretien ne nécessitait sa présence, il lui arrivait toutefois de s'accaparer le divan des heures durant, comme aujourd'hui.
Sentant sa nuque douloureuse, le spectateur pivota pour lui faire directement face, les genoux repliés et les mains jointes entre le dossier et son profil en un oreiller de fortune. Cela l'étonnait toujours de voir son aîné aussi calme et appliqué. Dès l'instant où ils n'étaient que tous les deux, le symbole de maturité muait généralement en une boule d'énergie. Ses joues plates se creusaient pour former des fossettes au milieu de ses pommettes et son regard s'allongeait à l'instar de sa mâchoire qui dévoilait deux rangées de dents parfaitement alignées. Il n'y avait bien que lorsque ses responsabilités l'appelaient que l'enfant agité en lui s'assagissait. Voir son visage aussi neutre, aussi froid, le rendait plus charismatique que de coutume. Le PDG dégageait une certaine autorité qui ébranlerait la moindre personne sans qu'il n'eût besoin d'ouvrir la bouche. Sa prestance à elle seule imposait l'émerveillement.
Le coupant de sa transe visuelle, le plus âgé s'interrompit dans son écriture puis lança un coup d'œil en sa direction.
« J'en ai encore pour un bon moment tu sais. Tu devrais aller t'occuper en attendant.
- Hum. C'est pas grave, j'suis bien là.
- Peut-être, mais tu m'déconcentres à m'observer comme ça.
- Oh... Désolé. »
Gêné, l'adolescent plaça son attention ailleurs, ou en tout cas, physiquement ; l'intérieur de son cerveau se constituait toujours de la même image. Ne pouvant décidément s'en empêcher, quelques œillades furent lancées en direction du patron, très discrètement. Qu'il l'ignorât ainsi le frustrait pleinement. Le garçon comprenait que son semblable fût occupé, mais il l'était constamment en fin de compte. Puisque ses absences dépassaient les limites du nombrable, il aurait aimé que quand l'autre fût ici, cela signifiât qu'il passerait tout son temps en sa présence. Il ne demandait qu'à être sa seule préoccupation, rien de plus. L'homme lui manquait constamment. D'autant plus que depuis qu'un troisième habitant séjournait ici, se voir régulièrement relevait de l'impossible. La dernière fois remontait à au moins quatre jours... Ce supplice l'attristait énormément.
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Ephemeral Innocence
FanfictionDes bruits, des voix, des rires étouffés par une paroi en bois. Ces sons constituent son unique vision. Il n'a la moindre idée des vices et perversions de l'extérieur, à l'abri dans sa prison dorée. Alors que la pureté éclaire encore son visage enfa...
