Le sac pesant sur une épaule, Yoongi attendit que l'adulte ne le précéda pour quitter l'ascenseur. Les portes s'ouvrirent directement sur le salon où la lumière était déjà allumée. Celle-ci baignait la pièce d'un éclat aussi clair que perçant, au point qu'il croirait les volets ouverts s'il n'avait pas mieux su. Les rayons artificiels comblaient pleinement l'absence éternelle de l'astre de jour dans l'habitation. L'articulation douloureuse, l'arrivant lâcha son bagage dans un fracas et regretta aussitôt qu'il se souvint que celui-ci contenait son ordinateur. Aish... Il était dans de beaux draps si l'objet était cassé. Blasé, le maladroit attrapa une lanière pour relancer l'objet de tissu sur son dos et s'en alla dans sa chambre déposer ses affaires. La familiarité du lieu lui envoya une faible décharge d'endorphine. Qu'il faisait bon de rentrer chez soi. La maison lui avait manqué. Le squatteur se sentait étrangement à sa place dans tout ce confort et la simple vue de cette pièce pourtant dénuée de personnalité le mit en joie. Après avoir vérifié l'état de son PC, le malhabile vida le contenant sur le lit ; il rangerait plus tard. Attrapant quelques vêtements propres dans son placard, le fainéant s'en alla dans la salle de bain prendre une douche ; il en ressortit très agacé. Il entendait de là le vacarme provenant du séjour et sa migraine s'était réveillée rien qu'à l'idée de devoir affronter la troupe d'énergumènes y performant son numéro. Frottant une dernière fois ses cheveux d'une serviette, le jeune homme suivit l'origine du brouhaha et se laissa tomber sur l'extrémité du sofa la plus proche, les yeux fermés déjà prêt à faire une sieste.
« Putain qu'est-c'que vous foutez là... geint-il, la tête en arrière et le bras replié sur le front pour se protéger de l'éclairage.
- Hey wassup ! le salua Hoseok d'un ton enjoué.
- Tiens, salut hyung ! Alors, ce week-end ? »
Ledit hyung reconnut la tonalité de Jimin ; il ouvrit les paupières et baissa la tête pour en effet l'apercevoir. Ce dernier se tenait juste en face, sur l'un des deux fauteuils qui formaient – avec le sofa - un arc de cercle. À ses pieds, entre ses jambes, était assis Hoseok qui se faisait sagement tresser les cheveux par le plus jeune. Le spectateur haussa un sourcil mais ne posa pas de question pour autant. Himchan se trouvait juste à sa droite, et en se penchant un peu, il put aussi trouver, étalé sur la longueur du meuble à prendre toute la place, un Jungkook profondément assoupi. De ce fait, il était serré entre le plus âgé et l'accoudoir et dut fermer les jambes pour ne pas se sentir presser contre l'aîné. En plus des quatre présents, il ne vit pas Namjoon, ni Seokjin ; mais rien de plus normal pour un mardi soir. Le salon semblait cependant vide sans ces deux là pour compléter le groupe. Néanmoins, cela signifiait aussi moins de bruit donc plus de tranquillité, ce dont il rêvait plus que tout dans son état présent. Reportant son attention sur l'interrogateur, Yoongi entreprit enfin de répondre.
« C'était pas mal. Beaucoup mieux que c'que j'avais imaginé.
- Ça veut dire que vous allez garder contact ?
- Hum. En principe. Ils ont promis d'app'ler au moins une fois par mois, on verra si ça s'tient.
- Mais c'est génial ! J'suis trop content pour toi hyung !
- Hum. »
S'il n'avait pas spécialement envie de s'étancher sur le sujet, la sincérité du cadet lui arracha tout de même un sourire profond. Ce dernier ne manquait jamais une occasion de s'inquiéter pour les autres et de se réjouir de la sorte pour quelque chose qui ne le concernait que de très loin. La reconnaissance qu'il lui portait dépassait de loin les limites de l'entendement. Bien que la conversation eût pris fin, son interlocuteur arborait toujours cette expression de fierté ingénue. Le coin de ses lèvres remontait en lieu de ses joues qui elles se gonflaient en deux pommettes pleines, et ses yeux bruns disparaissaient presque derrière la barrière de ses paupières bridées. Lui ne sut que sourire davantage à cette vision crue d'un bonheur simple. Dérangé cependant par son action, le second plus âgé l'observa nouer les fibres capillaires de l'étudiant anglophone par terre. Sa joue gauche creusée poussait à croire qu'il se mordait cette dernière de concentration. Son regard fixe et ses gestes calculés montraient une habileté propre au garçon qui excellait en art manuel, son domaine de professionnalisation et sa passion certaine. Les nattes recouvrirent bientôt la moitié du crâne du cobaye. Le geste répétitif avait quelque chose de subjuguant qui monopolisait son attention sans lui permettre de s'en détourner. D'abord une mèche vers l'intérieur, puis vers l'extérieur alors qu'une troisième s'immisçait à son tour au centre pour sortir de l'autre côté. C'était la même boucle, copiée encore et encore avec la même exactitude qui dérobait son regard. Le contemplateur ne s'y arracha qu'en se rendant compte des trois quarts recouverts de cette chevelure ébène. Ses yeux clignèrent alors répétitivement, trop longtemps sollicités. Ses poings les frottèrent tandis qu'un bâillement écarquilla sa bouche. Il voulait dormir. Ici et maintenant. Dans cette optique, le paresseux se plaça de profil pour poser sa joue sur le haut du dossier, là où ses mains s'étaient liées en un oreiller fictif. Ce fut sans compter sur l'agitation du canapé trop petit pour trois si l'un y était allongé dans toute sa longueur. Suite à un mouvement de la part du dormeur, Yoongi perdit son appui et retomba à moitié sur Himchan. Le chômeur grogna en lui ordonnant de se pousser, bien qu'il s'eût déjà approprié sa chemise pour le tenir immobile tandis qu'il s'installait sur son épaule. Elle était bien plus confortable que le cuir du sofa, alors il laissa ses jambes prendre la place qu'il occupait précédemment pour les détendre à moitié, finissant ainsi mi-allongé contre son aîné. Ce dernier ricana avant de passer un bras autour de sa hanche pour le tenir au chaud durant son sommeil ; le concerné le remercia d'un soupir d'aise, déjà loin dans le monde de l'imaginaire. Il ne le quitta que plusieurs demi-heures plus tard, à grands regrets. Peu désireux de s'en extirper aussi vite, le dormeur se cala plus confortablement sur l'oreiller humain : il n'en trouva aucun. Intrigué, un de ses yeux s'entr'ouvrit pour rencontrer une place vide près de lui. Son autre œil l'imita pour avoir une vue d'ensemble : sa tête avait repris sa place sur le dossier et une couverture cachait ses jambes ; il ne se souvenait pas de sa présence naguère.
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Ephemeral Innocence
FanfictionDes bruits, des voix, des rires étouffés par une paroi en bois. Ces sons constituent son unique vision. Il n'a la moindre idée des vices et perversions de l'extérieur, à l'abri dans sa prison dorée. Alors que la pureté éclaire encore son visage enfa...