Broken.

Chapitre 16

Les jours se transformèrent en semaines dans la petite chambre blanche de l'hôpital. Camille s'y ennuyait souvent, le temps était long, elle en perdait la notion. Il lui fallait du repos, beaucoup, le temps de se remettre de ses blessures, mais aussi  et surtout, d'être stable. 

Ses journées étaient rythmées par les contrôles des médecins, les visites régulières des infirmiers et infirmières, de la psychologue et de ses parents. Ces derniers étaient plus attentifs, attentionnés. La petite famille avait pris conscience du fait qu'ils risquaient de se perdre un jour. Cette révélation avait eu un fort impacte, resserrant leurs liens.

Ils lui emmenaient des livres, des films. La jeune fille avait l'impression de vivre dans une bulle loin de la réalité, même si cette dernière revenait la frapper à chaque rendez-vous avez la psychologue. Elle avait eu du mal à s'ouvrir, lui parler. Elle avait beau ressembler à une gentille grand-mère attentive, ce n'était pas simple de lui raconter son quotidien infernal. Au fil des séances, elle avait appris à en tirer du soulagement également. Elle avançait à petits pas, il fallait s'accrocher.

Vint finalement le jour de sa sortie. L'adolescente n'était pas sûre d'être capable de rentrer chez elle, ayant trouvé un certain réconfort lors de ce mois loin de tout. Mais elle avait également compris qu'il fallait qu'elle affronte la réalité pour pouvoir réellement s'en sortir. Avec le soutien psychologique et de ses parents à présent, elle espérait y arriver.

Elle n'allait évidemment pas retourner dans son ancien lycée. Il était hors de question qu'elle y remette les pieds. Les bâtiments tout comme les personnes étaient hantés par son passé, ses mauvais souvenirs. Elle voulait avancer, non pas oublier, mais seulement vivre.

Changer d'établissement en cours d'année ne fut pas simple, et même assez compliqué, étrange.  Elle savait qu'elle serait une sorte de curiosité pour les autres adolescents qui auraient une foule de question à lui poser sur les raisons de son transfert. Pour limiter les choses, elle avait demandé à ce que cela soit fait discrètement, sans présentations officielles.

La traumatisme restait présent, bien qu'elle travaille chaque jour pour s'en remettre. Elle ne supportait toujours pas les gestes brusques, les cris. Elle avait du mal à parler en publique, à faire face à des inconnus. 

L'adolescente se fit aussi discrète que possible à la fin de son premier cours. Tout s'était bien déroulé, le professeur l'avait rapidement présentée sans la faire venir au tableau. A présent il fallait trouver la prochaine salle dans le dédale de couloirs et d'escaliers. Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas une voix l'appeler et sursauta en sentant qu'on lui attrapait le bras, s'éloignant rapidement. Deux adolescents la contemplaient, tout aussi surpris. Le premier toussota avant de lancer, un peu gêné.

- Désolé de t'avoir fait peur. T'es dans notre classe maintenant, non ? La salle est de l'autre côté...

- Oh. Oui, merci...

Nerveuse, elle esquissa un fin sourire avant de rapidement baisser les yeux, ne sachant plus où se mettre. Une fille arriva rapidement et mis un claque derrière la tête du garçon qui venait de parler, faisant une nouvelle fois sursauter la pauvre adolescente qui contemplait l'inconnue s'écrier.

- Josh ! Tu embêtes la nouvelle ? Fais pas attention à eux, ils draguent tout ce qui bouge. Viens, je vais te présenter aux autres !

Avant qu'elle ne puisse réagir, elle se retrouva entraînée par l'élève en direction de la prochaine classe. D'abord terrifiée, elle ne savait que dire ou faire. Mais les heures s'écoulant, elle se rendit compte que personne ne lui voulait le moindre mal. La fille s'appelait Anna, une jolie blonde très dynamique, souriante. Elle l'avait présenté à quelques autres élèves, l'intégrant tout naturellement dans un petit groupe d'adolescents qui s'avérèrent sympathiques.

Les jours passèrent et petit à petit, Camille retrouva son sourire et un semblant de joie, de confiance. Tout semblait simplement irréel, trop beau pour être vrai. Son calvaire n'avait été qu'un hasard ? Tout se serait bien déroulé si elle avait été immédiatement dans un autre lycée ? Elle n'en savait rien et refusait d'y penser. Aujourd'hui, elle goûtait au bonheur de mener une fille normale.