Chapitre 17

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Les mois s'écoulèrent paisiblement. Bien sûr, la vie de Camille n'était pas un long fleuve tranquille. Il lui arrivait de rechuter. Mais contrairement à avant, elle n'avait plus à supporter tout cela seule. Epaulée, soutenue, elle parvenait à lutter contre ses envies, ses démons. Après tant de temps à errer dans l'obscurité, elle se réhabituait à vivre dans la lumière.

Il ne lui restait qu'une chose à faire avant de pouvoir entièrement tourner la page, recommencer une nouvelle vie. Lissant la feuille de papier sur laquelle elle avait tenté à maintes et maintes reprises de poser les mots gravés dans son cœur, elle soupira longuement. Pourquoi était-ce si compliqué d'exprimer ses sentiments ? De nombreuses autres gisaient au sol, symboles de ses tentatives vaines.

Finalement, la jeune fille plia soigneusement la lettre et la glissa dans une enveloppe, traçant 4 lettres tremblantes dessus. Se levant, elle alla prévenir ses parents qu'elle s'absentait, avant d'enfiler son blouson et ses chaussures, prenant la direction du cimetière.

Être face à la tombe de Théo était douloureux. Elle n'avait jamais réussi à venir se recueillir ici, ses jambes refusant obstinément de la mener plus loin que le petit portillon à l'entrée. Mais cela faisait un an aujourd'hui que son premier ami avait quitté ce monde. Elle prit sur elle, s'avança lentement, jusqu'à y arriver. Un maigre sourire aux lèvres, elle sentit ses yeux se remplir de larmes. 

Rapidement, l'adolescente glissa l'enveloppe entre deux pots de fleur avant de bégayer à mi-voix, réfrénant ses sanglots.

- Dé-Désolée de ne pas être v-venue plus tôt... Tu... Tu me manques tant...

Rapidement, les perles d'eau salée vinrent baigner ses joues à présent plus rebondies. Tout aussi vite, elle les essuya tout en reniflant, ajoutant dans un petit rire nerveux.

- J-Je suis ridicule à parler et p-pleurer seule, hein ? C'est... Compliqué encore. J-Je t'ai tout écrit d'a-accord ? Je reviendrais, p-promis...

Sans plus rien dire, elle s'enfuit rapidement. Elle se sentait lâche, mais rejeta bien vite ce sentiment. Elle avait réussi à lui faire face cette fois. Elle avançait, doucement, mais sûrement.

Sur la petite tombe fleurie, le vent décoinça l'enveloppe frêle qui s'envola quelques secondes avant d'être rattrapée au vol, ailleurs. Un garçon figé dans le temps souriait, parcourant les mots des yeux avant de libérer le papier, s'en allant à son tour.

" Cher Théo ,

Je sais que t'écrire est totalement inutile, que tu n'es plus de ce monde, mais je devais le faire. Tu es le premier à m'avoir tendu la main, à m'avoir aidée. Tu es celui à qui je dois d'être en vie aujourd'hui, tu m'as sauvée. 

J'aurais aimé te voir passer la porte de l'hôpital en riant, des livres ou des films à la main. J'aurais aimé qu'on prenne des photos ensemble, qu'on aille au cinéma voir un film et manger un bon repas au restaurant. J'aurais aimé te connaître plus.

J'aurais tellement aimé que tu sois là pour voir que j'ai réussi à m'en sortir. Te présenter Anna, Charlie, Marie, Josh, Ben et tous les autres. Tu me manques beaucoup, tu sais ? Tous les jours. C'est dur, sans toi, mais j'essaie. Par exemple, ne me mutile plus. Enfin, je n'ai pas touché une lame depuis 3 mois. Pas mal hein ?

Je sais que tout n'est pas fait, qu'il me reste encore un long chemin à parcourir mais je compte bien y arriver. Je sais que tu veilles toujours sur moi, j'aime l'imaginer en tout cas. J'espère que tu es heureux là où tu es. Je me répète, mais tu me manques. Ton sourire, ta gentillesse... Tu resteras à jamais mon premier ami et, je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça.

En tout cas je te le dis et le répète, merci.

Essayons d'aller bien à présent et revoyons nous dans longtemps !

Camille. "



FIN.

Broken.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant