Chapitre 7

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La rentré arriva bien trop vite au goût des deux adolescents qui auraient préféré parler toute la journée. Camille monta dans son bus au moment où Théo enfourchait son vélo pour s'élancer en direction du lycée. Deux adolescents, deux mondes opposés. 

Lui s'arrêta au niveau une petite dame sans âge, devant un stand de nourriture. Il lui acheta quelques produit en souriant, sourire qu'elle lui rendait, accompagné d'un regard reconnaissant. Théo était l'un des seuls rares clients et malgré son âge, il venait tous les jours acheter la même chose : deux pommes et deux bouteilles d'eau. C'était une sorte de rituel, que la vieille commerçante et l'adolescent affectionnaient tous deux. Elle parce qu'elle devait vivre, lui parce qu'il l'aidait, tout simplement.

Il reprit son vélo, tandis que le bus s'arrêtait pour la deuxième fois. Mais Camille ne le voyait pas, elle somnolait tranquillement contre la vitre. Le calme avant la tempête, il fallait en profiter pour recouvrer des forces, autant que possible.

Théo roula jusqu'à une ruelle sombre, peu inquiet de s'y engager malgré son aspect peu accueillant. Il prit le petit sachet en plastique et s'approcha de deux silhouettes tapies dans l'ombre d'une benne à ordure. Souriant, il lança d'une voix calme, douce.

- Jeanne ? Noémie ?

Une petite fille frêle s'approcha de lui. Il s'agenouilla à sa hauteur et lui tendis le sachet, sans se défaire de son sourire paisible. 

- Tiens Noémie, il y a une pomme pour toi et une bouteille d'eau, comme toujours ! Et évidement ta maman à la même chose. Passe une bonne journée princesse, on se voit demain.

L'enfant se contenta de prendre le sac et de serrer l'adolescent dans ses bras maigres. Il sourit et lui rendis son étreinte sous l'œil vide de Jeanne. La mère et la fille vivaient dans la rue afin d'éviter les coups du père de l'enfant, un alcoolique violent. Depuis qu'il les avaient vues, encore une fois par hasard, il leur apportait tous les jours de quoi manger. Il aurait voulu pouvoir faire plus, mais Jeanne l'en avait défendu. Elle n'acceptait déjà son aide qu'à contrecœur, il avait dû se résigner. Il ne pouvait pas toujours aider tous le monde.

Une fois sa bonne action faite, il fila au lycée. Bien sûr la sonnerie avait retenti depuis longtemps mais il n'en avait rien à faire. Les cours lui importaient peu. Le jeune homme avait déjà redoublé sa seconde et il hésitait à arrêter totalement ses études. Camille était déjà arrivée depuis belle lurette et été parvenue à rejoindre sa classe sans encombres, rasant les murs. Elle avait été déçue de ne pas avoir vu le jeune homme, mais s'était rapidement concentrée sur son cours.

Théo entra dans la salle de classe sans toquer ni s'excuser. C'était inutile, même les professeurs avaient abandonné l'idée de lui faire la moindre remarque. S'asseyant au fond de la salle, il soupira et passa le reste de l'heure à regarder le cours de sport d'une autre classe de seconde par la fenêtre. Une fille maigre et à l'écart attira bien vite son attention. Il l'observa quelques instants encore, sourcils froncés, avant de se redresser, s'exclamant à voix haute.

- Camille !

Les élèves autour de lui le regardèrent un instant avant de se désintéresser. Certains marmonnaient, d'autres soufflaient ou levaient les yeux au ciel. mais qu'importe, le jeune homme, lui, contemplait l'adolescente d'un air étonné et heureux. Il ne s'attendait pas à la voir et profitait de ce moment volé pour détailler la jeune fille, autant que la distance le lui permettait. Malgré sa minceur et sa pâleur anémique, elle restait un joli brin de femme, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux clairs, vifs quand ils n'étaient pas baissés.

Il resta une bonne dizaine de minutes, focalisés sur l'élève qui semblait en difficulté. Au vu des exercices, elle devait être en plein cours d'athlétisme. Ce n'était vraiment pas l'idéal pour une personne si frêle. Se rendant compte qu'il était en train de se comporter comme un voyeur, un sourire béat aux lèvres, il se redressa, secouant la tête. Grognant contre lui-même, il décida de se concentrer sur son cours, pour une fois.

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