Kilomètre 888

Chapitre 8

Le ciel se colorait lentement d'or, la nuit laissant place au jour. Stan avait mal à la tête, les rayons du soleil le faisant jurer. Il ferma les paupières encore plus fort, comme s'il pouvait capturer ainsi la noirceur. Il roula sur le ventre, attirant la couverture avec lui. Rapidement, elle s'envola et Stan fronça les sourcils.

« Sale petit voleur. »

Le jeune homme tourna la tête en direction de la voix, se forçant par la suite à ouvrir les yeux. Ce fut le visage de Tess qui s'offrit à lui, à moins d'un mètre de lui. C'était elle qui lui avait dérobé la couverture d'un seul coup, offrant son torse nu à la fraicheur de la matinée.

Stan se redressa, en ignorant la massue tapant contre son crâne, pour prendre conscience de son environnement. Il n'avait qu'un vague souvenir de la fin de sa soirée. Il se souvenait avoir rejoint Tess après son quart de travail, une bouteille de Tequila Sunshine cachée au fond de son sac. Ils se l'étaient partagée, avaient dansé un bon moment, avant de s'écrouler de rire. De façon floue, Stan se rappelait avoir annoncé son départ. Il fallait croire qu'il ne s'y était pas résolu, si la jeune femme était encore à ses côtés. De plus, le soleil ne tapait pas aussi fortement de la fenêtre de sa chambre.

Le ciel s'ouvrait à son regard, vide de nuages. Ils s'étaient endormis sur le toit de l'immeuble abandonné préféré de Tess, y montant de peine et de misère un vieux matelas king. N'ayant qu'une seule couverture, ils s'étaient serrés l'un contre l'autre, dos contre dos. Ils s'étaient endormis ainsi, se partageant leur chaleur.

« J'ai mal à la vie. »

Tess lâcha un rire aux mots de son compagnon. « Comme chaque matin, quoi. »

Stan roula les yeux, avant de laisser l'esquisse d'un sourire se déposer contre ses lèvres. « C'est ça, fous-toi de moi. Encore. Et redonne-moi cette fichue couverture. »

« Jamais. »

Stan lui jeta un coup d'œil, haussant un sourcil. « Tu veux vraiment jouer à cela ? », lança-t-il d'une voix sourde. Puis, d'un geste rapide, il agrippa le bord de la couverture et réussit à la tirer à lui.

La jeune femme poussa un petit cri, ainsi confrontée à l'air frais de la matinée. Elle ne portait qu'un débardeur et une paire de sous-vêtements pour homme. Sa peau se couvrit rapidement de frissons.

« Sale petit voleur », répéta-t-elle en secouant la tête.

Stan savoura sa victoire, s'emmitouflant entièrement dans la couverture. Il ne resta pas triomphant bien longtemps, Tess revint aussitôt à la tâche. Elle sauta sur son compagnon, s'assoyant sur ses hanches. Puis elle lui découvrit le visage, avant d'essayer de lui faire lâcher sa prise. Elle tirait sur ses doigts, concentrant sa force sur l'une de ses mains, puis sur l'autre. Stan lâcha un rire, avant de riposter. Il l'agrippa par la taille, la faisant basculer contre le matelas. Tess poussa un cri, puis se mit à se débattre. Stan agrippa ses deux poignets d'une seule main, les tenant bien haut au dessus de sa tête. Si haut qu'ils effleuraient presque le béton du toit.

Leurs bousculades continuèrent de bonnes minutes, chacun reprenant l'avantage à son tour. Au bout d'un moment, Stan se retrouva couché contre le corps de sa compagne, l'écrasant presque. Ils étaient si près qu'il pouvait sentir la douceur de son souffle contre ses lèvres. Elle respirait fortement, et lui aussi. Leurs nez s'effleurèrent, avant que Tess ne tourne brusquement la tête.

« Tu devrais aller en cours. » La voix rauque de la jeune femme tremblait légèrement. Elle s'éclaircit la gorge, prête à appuyer son point de vue. Mais Stan la coupa dans son élan.