Chapitre 18

3 0 0
                                    

« Comment tu te sens, ce matin ? »

La question de Stan resta sans réponse. Lui qui forçait un sourire en entrant dans la chambre laissa tomber la mascarade. Il vint s'asseoir sur la chaise qu'il avait amenée près du lit. Il s'y assit et fixa sa sœur. Comme à tous les jours depuis une semaine. Il la regardait, et elle l'ignorait. Elle lui imposait le silence. Il le méritait, il le méritait amplement. Après tout, c'était de sa faute, cette situation. Sa sœur avait failli mourir, à cause de ses fichus secrets.

Il était temps de faire exploser la vérité.

Mais Stan ignorait comment faire. Il ignorait où trouver les mots. Pourtant, il avait bien réussi, avec Tess. Les phrases avaient déboulé et elle l'avait écouté. Mais il ne se rappelait plus ce qu'il avait dit. Ce moment était un trou noir dans son esprit. En allant voir la jeune femme, plus tôt, Stan lui avait demandé de remplir ce vide. Lui avait demandé de trouver les bons mots pour sa sœur.

Tess s'était approchée de lui, avait déposé une paume contre son torse.

« Laisse parler ton cœur, Stan. C'est ça, qu'elle veut entendre. »

Là, de retour dans cette chambre aux murs bleus, il tentait à tout prix de trouver ce que son cœur avait à dire. Les images lui brûlaient l'esprit. C'était ça, qu'il voulait lui dire. Que les images l'avaient tant brûlé qu'il n'en était pas sorti vivant. Qu'il était hors de question qu'il la brûle, elle aussi.

En voyant son corps frêle toujours couvert de cloques, il se dit qu'il était trop tard pour ça.

Inspire, Stan...

« Tu mérites de savoir, Sky... »

Un rire amer quitta les lèvres de la jeune femme. Elle avait arrêté de croire à ce refrain il y a bien longtemps déjà. Du coin de l'œil, elle pouvait voir son frère. Et ce qu'elle lut sur son visage la chavira entièrement.

Stan se tenait la tête entre deux mains, il n'osait même pas ouvrir les yeux. Ses doigts tremblaient, bien cachés dans ses cheveux. Il émanait de lui une telle fragilité que Sky sentit son armure se fragiliser. Seulement une craque, mais c'était assez. Les émotions qu'elle retenait tant voulaient y faire leur chemin.

Le cœur de Sky battait à toute vitesse.

Stan releva la tête, plongeant dans son âme.

« Je vais te raconter. »


Des portes se claquaient. Avec vigueur.

Voilà ce qui le tira de son sommeil, au beau milieu de l'avant-midi. Il n'avait pas dormi longtemps, seulement une heure ou deux. Il avait l'impression d'être encore plus fatigué qu'au moment où il s'était glissé sous les couvertures. Il enfouit sa tête sous l'oreiller, dans l'espoir de grappiller encore quelques minutes de sommeil. Mais des cris se joignirent aux portes, et Stan se redressa dans son lit.

Il reconnut les voix. Mais ses parents n'étaient pas du genre à se disputer.

Il passa un t-shirt, puis une paire de jeans. Sur la pointe des pieds, il quitta sa chambre et se dirigea vers l'escalier.

Comme lorsqu'il était petit, il en descendit deux marches, avant de s'y asseoir. Entre les barreaux de la rampe, il avait une vue sur l'arche menant à la cuisine. La pièce n'était pas entièrement visible, mais juste assez. Sa mère se tenait dos à lui, le bras droit en l'air devant elle. Raide, sans tremblement.

Un éclat argent entre les mains.

Une arme à feu.

« Il faut qu'on y retourne. »

Kilomètre 888Où les histoires vivent. Découvrez maintenant