Rêveur

Le lycée -chap 1-

-fais gaffe ! Cria une voix masculine, en colère.

Elle baissa la tête, désolée, mit un genou à terre et entreprit de ramasser ses livres et feuilles étalés au sol.

-excuse moi je t'avais pas vu Alex...
Il marcha sur les feuilles éparpillées, les froissa et déchira pour s'essuyer les pieds dessus.

-oh excuse moi Romane ! J'avais pas vu ! Dit il en éclatant de rire.
Elle serra ses poings. Se détendit peu après.

-C'est rien que des imbéciles... pensa t elle malheureusement à haute voix.

-hein ? Ose répéter gamine !

Elle porta une main à sa bouche, ramassa rapidement ses dernières affaires sauf les feuilles encore sous les chaussures d'Alex et se leva, elle le regarda dans les yeux.
Ils étaient cinq. Alex devant, les cheveux noirs et court sur les côtés, avec un petit peu de gel sur le dessus, les traits légèrement tiré par la colère, et les quatre autres juste derrière lui. Tous la dépassaient de bien une tête.
Elle prit son courage à deux mains et décida de ne pas se démonter.

-tiens... j'avais oublié que tu étais toujours accompagné par tes toutous.

Les traits encore plus tiré, il cracha des paroles plutôt que de les parler.

-tu ferais mieux de ne pas te moquer de nous !

-sinon quoi ? Petit Alex va lâcher ses chien chiens pour faire son sale boulot ? Ohhh noon... j'ai trop peur...

C'était à Romane de sourire maintenant, tandis que les autres avançaient d'un pas pour se dresser comme une barrière auprès d'Alex. Elle savait qu'elle n'avait pas la force pour ne serait ce seulement érafler l'un de ces colosses, mais les mots sortirent de sa bouche sans qu'elle n'en ai la réelle volonté. Elle n'allait tout de même pas se laisser marcher sur les pieds sans même riposter ! Même si ce n'était que des mots, son but n'était pas d'en venir aux mains, mais seulement de se moquer d'eux.
Alex la frappa d'une baffe sonore à la joue, elle perdit l'équilibre et tomba en arrière sur les fesses. Il éclata de rire, comme d'habitude.
Romane regarda autour d'elle, essaya de trouver un échappatoire. Mais déjà un rassemblement s'était construit autour d'eux, pourtant personne ne va lever le petit doigt pour elle, et elle le savait. La foule était divisé par des sourires moqueurs, des regards de pitié, désolé. Mais aucun n'allait intervenir.
Rapidement les larmes montèrent aux yeux de la jeune fille, ayant un an de moins que toutes ces brutes, sa confiance en elle disparue.
Sans dire un mot de plus elle rassembla toutes ses affaires, se fraya un chemin à travers la foule et parti en commençant à pleurer.

-chiale gamine ! Chiale ! Lui cria Alex, l'humiliant d'autant plus.

Une fois l'avoir vu disparaître dans un bâtiment, il se baissa, ramassa la dernière feuille collé sous ses pieds, lu à voix haute les quelques mots griffonnés dessus :
Voyage vers un monde meilleur.
Arrachant encore des moqueries de leurs part.

-un monde meilleur ! Répéta t il. Quelle rêveuse !

**

Romane ne sorti des toilettes qu'après avoir entendu retentir la sonnerie annonçant le début des cours. Elle se regarda un instant dans le miroir en passant. Ses yeux bleu-gris étaient teinté de rouge dû à ses larmes, et sur ses joues, légèrement rosées en temps normal, en perlaient encore quelques unes. Son t-shirt avait fini par être humide et lui collait la peaux, elle murmura avec un demi sourire :

-heureusement que je ne porte pas de haut blanc...

Elle sécha doucement ses larmes, se tenu droite, reprit de la contenance, souriait de nouveau. Romane s'en était remise. Comme à chaque fois depuis ce début d'année de seconde. Ayant sauté une classe, elle n'avait que quinze ans, et encore, dans une semaine, soit un an de moins que tous les autres, cela lui valait d'ailleurs souvent le surnom de "gamine". Elle s'observa encore dans le miroir, lissa ses vêtements, regarda quelques instants supplémentaires, ventre plat, taille fine, mince. Pas trop grande ni trop petite. Cheveux châtains, visage enfantin. Fille simple, plutôt jolie. Elle n'avait pas d'amis sauf ceux qu'elle invente. Elle ne se sentait pas à sa place, elle aimerait vivre dans le monde qu'elle s'invente, avoir les amis qu'elle s'invente...
C'est avec cette idée dans la tête qu'elle retourna en cours, de nouveau son sourire moqueur et sa mine insolente qu'elle arborait dans les couloirs.
Elle avait été faible un instant, elle ne le sera plus aujourd'hui.