Rêveur

Papa ? Cherche moi... -chap 9-

Ce qui devait arriver arriva. Quelques jours plus tard...
L'odeur de pain encore chaud attira rapidement l'attention de Romane un matin de vadrouille. Elle bifurqua, dirigée plus par son estomac que par sa tête, se fiant exclusivement à son odorat, elle arriva enfin à une boulangerie. Écrasée contre les vitrines, bouche bée devant ces dizaines de pâtisseries colorées. Elle aurait voulu tout acheter ! Recomptant rapidement sa monnaie, elle soupira légèrement puis elle ria doucement en restant optimiste :

-bon, un croissant suffira !

Lors d'un nouveau gargouillement, Romane se décida enfin à rentrer, demandant timidement un croissant et posant toutes ses pièces sur le comptoir.
Elle aurait voulu partir rapidement de cet endroit regorgeant de sucreries délicieuse mais le regard insistant de la vendeuse et sa non activité devant sa demande lui laissa tout le temps de regarder les autres vitrines pleines de gâteaux aux fruits multicolores, au chocolat qu'elle devinait fondant, à la crème...

-une jeune fille d'une quinzaine d'années, disparue depuis maintenant douze jours... 

La jeune affamée se retourna vers la voix : une télévision qui diffusait des informations sur elle ainsi que son visage. Elle fut prise de panique en comprenant que la vendeuse l'avait donc reconnue et qu'elle allait atteindre le téléphone. 
Romane se retourna vivement mais déjà un homme bloquait l'entrée. Le temps semblait s'arrêter, tous les regards étaient sur elle et seule la télévision, qui continuait de diffuser l'information, brisait le silence. 

-on le rappelle, elle aurait fuguée suite à une dispute avec ses parents...

Romane chercha désespérément du regard une sortie.《nan nan... je ne veux pas les revoirs... laissez moi seule...》pria t elle.

-allo police ? C'est pour la fugue... venez elle est avec nous, à la...

-laissez moi je vous en prie ! Explosa Romane, les larmes aux yeux.

L'homme qui l'empêchait de passer s'approcha doucement.

-calme toi... nous ne te voulons pas de mal, on va te ramener chez toi.

Elle recula machinalement d'un pas.《Comment est ce que je vais me sortir de là maintenant...?》, son cerveau réfléchissant aussi vite que possible, elle songea à toutes ses possibilités. Se battre ? Un gloussement sorti de sa gorge puis elle redevint sérieuse. 

-se rendre... murmura t elle, trop bas pour que les autres ne l'entende. 

-tu dis ? La questionna l'homme devant elle.

Romane arracha le téléphone des mains de la vendeuse et composa rapidement un numéro.  

-allo...? Papa...? Murmura t elle d'une voix étouffée, essayant de retenir ses larmes. 

Un sourire de triomphe s'afficha sur les lèvres de tous les clients : enfin ils ont réussi à la raisonner !

-viens me chercher...

**

Comme bon chauffeur, John venait de se garer là où le père de Romane devait aller : devant le commissariat pour donner plus de détails sur la disparition de sa fille. Lorsque son téléphone sonna et qu'il décrocha sans se soucier de son patron encore dans la voiture, attendant qu'on lui ouvre, et son visage sombre depuis plusieurs jours, s'illumina. Il avait directement reconnu la voix... Romane !
Avant qu'il n'ai eu le temps de parler, il l'entendit dire : papa. Réfléchissant rapidement, il improvisa pour ne pas dévoiler au véritable père que sa fille lui parlait. 

-où es tu ?... d'accord, ne bouge pas, j'arrive le plus vite possible, s'empressa t il de dire avant de raccrocher. 

-qui était ce ?

-ma tante, elle a eu un accident, je dois la rejoindre pour l'amener à l'hôpital.

La légère hésitation de John pour trouver un mensonge ne sembla pas inquiéter le passager.

-grave ?

-un peu, menti le chauffeur.

-prenez donc votre journée dans ce cas. Je me débrouillerais pour rentrer...

-merci Monsieur ! 

Il sorti rapidement pour aller ouvrir la porte arrière. Une fois dehors, le regard triste du père se fixa dans celui de John, il lui attrapa le bras.

-veillez sur ceux que vous aimez mon cher... veillez sur votre famille, vos amis... et si un jour vous avez la joie d'avoir un enfant...jurez moi de le protéger et de le rendre heureux quoi qu'il en coûte. 

-Monsieur...

-pour ma part il est déjà trop tard, le coupa t il, ma fille ne nous pardonnera pas sa mère et moi... Même si nous pensons son geste trop... excessif, nous le regrettons amèrement... nous voudrions juste la revoir vous savez... savoir quelle va bien, lui venir en aide...

Le père malheureux baissa la tête, rassemblant son courage pour ne pas pleurer devant son chauffeur. C'est ce dernier qui reprit la parole :

-nous la retrouverons, soyez sans crainte...

Après un léger hochement de tête, chacun fit ce qu'il avait à faire : John retourna dans la voiture tandis que l'autre entra dans le commissariat. 

-Romane... qu'est ce que tu as fait...