Rêveur

Son univers détruit -chap 4-

Romane s'installa à table. A l'effigie de la maison, elle était immense, tenant facilement une quarantaine de personnes. Son père en bout de table, elle était assise à sa droite, et sa mère à la gauche de son mari.
Le repas fut servi et les hostilités commencèrent. 

-je ne t'ai pas encore vu travailler cette semaine, débuta le père. 

La tête penchée sur son assiette de soupe, elle répondit sans même lui adresser un regard, lasse.

-je n'en ai pas besoin.  

-bien sûr que si !

-pff j'ai de loin les meilleures notes de ma classe et sans doute de toutes les classes.

-et ? Ne voudrais tu pas t'améliorer ? Continuer à faire partie des meilleurs ?

-je continuerais à l'être sans travailler mes mathématiques ou mon français, merci de t'inquiéter pour moi ! Finit elle avec ironie.

Un silence pesant s'installa, le plat arriva.
Le père continua avec un air désinvolte :

-vus que tu n'avais pas l'air décidé... nous avons rangé ta chambre.

-pardon ?!

-ta chambre est enfin en ordre.

Essayant de métriser sa colère, elle murmura en serrant les dents :

-vous n'avez rien jeté, n'est ce pas ?

-tout ce qui nuisait à ton apprentissage à trouvé le chemin des ordures. 

-mon ordinateur ?

-non, mais tous les jeux ont été desinstallés.

-quoi ?! Mais ma progression ! On m'attendait ce soir ! Ça va me prendre des heures à tout refaire !

Une autre question, bien plus importante lui vint à l'esprit. 

-mes écrits...?

-poubelle, répondit sèchement sa mère, qui prononçait là son premier mot du repas.

Romane se leva immédiatement, renversant sa chaise au passage, et se précipita à l'étage, là où se trouvait sa chambre, sous les aboyamants de ses parents qui lui ordonner de revenir s'asseoir.

**

Plus rien.
Sa chambre était vide. 
Refusant trop de luxe, Romane avait pris une des pièces les plus petites de la maison pour en faire sa chambre, malgré cela, la salle était tout de même plus grande que les chambres classique. 
En ouvrant la porte elle fut frappé par la lumière des derniers rayons du soleil qui se reflétaient sur le miroir de son armoire et donnaient une couleur orangée à toute la pièce. A gauche son lit, à droite son premier bureau où se trouvait son ordinateur, parfaitement rangé, fini les nombreuses feuilles qui lui permettaient de mettre sur papier les nombreuses informations des les jeux. 
Mais elle n'y pretta pas grande attention, elle marcha tout droit jusqu'à son second bureau en bois, juste devant la fenêtre. Le bureau des rêves, comme elle l'avait baptisé et gravé sur le bois. 
Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux. Vide. Plus aucun de ses écrits n'étaient dessus. Plus que des crayons rangés, des affaires scolaires, ses livres du lycée. Aucune trace de ses rêves sur papier, ses espoirs, ses vies inventées... elle fouilla tous les tiroirs. 
Rien. Elle ne trouva rien. Il n'y avait plus rien. Comme si il n'y avait jamais rien eu... 
Elle sentait comme une part d'elle même partie en fumée. Elle pleura à chaudes larmes, debout devant la fenêtre, silencieuse, elle caressait du bout des doigts la gravure.

-Bureau des rêves... établie de l'espoir... meuble de cauchemar ! Cria t elle en explosant de colère.

Elle jeta ses crayons, ses livres scolaires au sol, défit le lit, frappa contre l'armoire, donna des coups de pieds à une commode. Incapable de calmer sa colère et ses larmes, elle cassa tout dans sa chambre. 
Ses parents entrèrent, inquiétés par le vacarme. 

-Romane !

-laissez moi !

Son père lui attrapa les poignets avant qu'elle ne réussisse à frapper contre le miroir.

-c'est pour toi qu'on a fait ça ! Tu te terrais dans ta chambre tout le temps ! Jamais n'as tu voulu inviter des amis à la maison ? Dans ta chambre ? Faire des soirées comme tous les enfants normaux de ton âge !

Sa fureur s'accentua :

-pour moi ?! Laisse moi rire ! Mes vrais amis étaient là ! Dans cette chambre ! 

Elle désigna son ordinateur.

-mes amis même loin, jouaient avec moi !

Elle pointa du doigt son ancien bureau des rêves. 

-mes vrais amis étaient écrit en détail sur les feuilles qui étaient là ! Et comme tous enfants normaux ? Je ne suis pas assez normale pour vous ? Parce que je nourri mes rêves d'illusions ? D'espoirs que vous vous amusez à détruire ?

Jamais autant de larmes n'avaient coulées de ses yeux. Ses écrits étaient ce qu'elle avait de plus cher au monde.

-vous ne me comprenez pas ! Si vous vouliez une enfant entre guillemets normale, vous n'aviez qu'à en faire un autre ! Ne pas me laisser fille unique bombardée par vos exigences ! J'avais les bonnes notes qui vous fallaient, pourquoi ne m'avez vous pas laissé le coin de paradis que je demandais ?!

La gifle fusa, droit dans la figure de Romane. Sans doute la première fois que son père la frappait. Le deuxième coup aujourd'hui. S'en était trop.
Elle le regarda d'abord avec surprise, puis se reprit. Se libéra des mains de son père, attrapa un stylo dans son bureau si bien rangé qu'elle considérait maintenant comme inconnu. 
Ne comprenant pas, ses parents la regardaient faire, la regardaient rassembler quelques feuilles vierges, attraper un stylo et sortir de la pièce. 

-où vas tu ?

Elle couru vers la porte d'entrée, sorti en claquant la porte, dévala l'escalier et continua sa course dans la rue sous les cris de ses parents qui n'arrivaient pas à la rattraper.