-Putain qu'est-ce-qu'on fout sur cette banquette?!
Mihi à raison... Qu'est-ce-que je fous ici?...
Je n'ai pas besoin d'un psy. Mais Lars a insisté.
On est assis sur une banquette Moi, Mihi et Lars.
Je regarde la psy. Elle me parle depuis 5 minutes et je n'écoute rien.
-Mademoiselle ! Répondez!
-Quoi? Dis-je tel un adolescent répondant à ses parents.
- Bon je reprends. Vous êtes allé voir un médecin ce matin pour votre insomnie. Pouvez-vous me parlez des raisons de votre insomnie ?
Lars prend ma main.
-Je...quand je ferme les yeux...je revois tout...
- Pouvez-vous détailler ce "tout" ?
Je regarde Lars. Il me comprend et sors de la pièce.
Il sait que c'est gênant pour moi d'en parler devant lui.
Pendant 15 minutes, je résume les trois derniers mois. En trois mots: viole, sang et folie.
Elle m'écoute attentivement. Lorsque je fini de parler, elle me propose d'aller chercher Lars. J'accepte et il revient s'asseoir à mes côté. Puis elle ajoute:
-Donc ça vous empêche de dormir?
-Pas seulement... Récemment, je voulais sortir dehors et... J'ai fait une crise d'angoisse.
Elle note tout sur une feuille. Lars reprend ma main et la caresse de son pousse. La psychologue reprend:
-Avez-vous fait une autre crise d'angoisse ?
Je me gratte la nuque, gêné.
-Et bien...dis-je hésitante. On était...au lit et ...quand il m'a... touché...j'ai paniqué... Et je l'ai frappé.
Lars sert ma main encore plus forte. Comme si il avait remarqué que je m'en voulais et qu'il voulait me dire "c'est rien".
-Ces crises sont dues à des ancrages. Dit la psychologue.
-Des ancrages? Repris Lars.
-Un ancrage grossièrement c'est quand votre cerveau associe un souvenir à une émotion physique. Par exemple, imaginons que les jours de votre rencontre avec votre compagne, vous ayez entendu une musique. Et bien cette musique vous fera penser à ce moment. Petite, je suis tombé malade après avoir mangé trop de chocolat. Du coup, je ne supporte plus l'odeur du chocolat. Le cerveau est un organe fascinant et son but est de vous protéger. Il apprend de tout. Pour mon cas, mon cerveau a compris que chocolat = malade. Donc il fait en sorte de me protéger de la maladie. Dans le cas de votre compagne, son cerveau a compris que dehors = kidnapping et être touché = viol. Votre compagne a un fort souvenir traumatique.
Lars me regarde avec un air triste. La psychologue se lève et dit:
-Monsieur, puis-je parler en privé à votre compagne ainsi qu'à vous?
Lars acquiesce et part dans la pièce voisine.
Elle me regarde et dit:
-Comment vous sentez-vous vis-à-vis de Lars?
Je réfléchi un instant. Hésitante je dis:
-Je...j'ai peur de ne plus l'aimer...
-Et pourquoi vous ne l'aimeriez plus?
-Et bien...quand je n'étais plus là...il m'a énormément manqué... Mais maintenant, quand il m'embrasse, je ne ressens plus rien... Pourtant je veux rester avec lui...je suis perdu.
-Ne vous inquiétez pas. Vous l'aimez encore. C'est juste qu'après tout ce qu'il c'est passé, le contacte physique reste difficile. Attendez et vous verrez. Bon. Je vais aller rejoindre votre compagnon.
Elle sort de la pièce.
Je me retrouve seule...enfin..." seule"...
-Vas voire ce qu'ils disent !!!
- Mihi...je ne peux pas... C'est... Privé.
-Ils parlent de toi! Donc ce n'est pas vraiment privé.
Une fois ma curiosité attisé, je m'approche de la porte pour écouter.
J'entends d'abords Lars parler.
-Donc qu'est-ce vous pouvez faire pour elle?
-Je suis psychologue. Un psy ne soigne pas les maladies. Elle aide le patient. Mais c'est surtout à vous de l'aider.
-Comment ça ?
-D'après ce que je sais, elle n'a pas de famille. Vous êtes la seule personne à être là pour elle. Et aussi... Elle va avoir peur de vous perdre.
-Mais pourquoi elle aurait peur?
-Les femmes victimes d'un viol n'ont plus de relations sexuelles avant un long moment. Certaines n'en n'ont plus jamais. Vue ce que votre compagne a vécus, ça ne m'étonnerait pas qu'elle n'en ait plus jamais. Et vous savez, un couple normalement sors souvent, couchent ensemble...si elle ne peut plus faire ça, elle va se considérer comme une "mauvaise petite amie". Il faut que vous lui montrez que vous serez toujours la avant qu'elle n'abandonne.
-Qu'elle abandonne ?
-C'est la jolie façon de dire "se suicider". Imaginons la guérison comme un jeu de plateau. Le chemin pour guérir est long et compliqué. Mais il y a un autre chemin extrêmement facile et rapide: le suicide. Il faut que vous l'aider à prendre le bon chemin et à avancer sur ce chemin. C'est le travail d'un psy. Aider le patient a avancé. Mais si le patient refuse, je ne peux rien faire.
Il y a un court silence.
La psychologue reprend.
-Comme ont dit, " c'est pour le meilleur et pour le pire". Montre lui que vous êtes là même pour le pire.
Je les entends revenir alors je me remets à ma place et fait mine de rien. Puis Lars et moi quittons l'établissement.
Nous allons dans sa voiture.
En face de moi, un sac de pharmacie remplis de somnifères et de calmant.
Je regarde Lars conduire l'air contrarié.
Je soupir.
Sa vie aurait été tellement mieux sans moi.
N.D.A: Hey. Voici en bonus, un petit article de Science&Vie datant de mars 2018:
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Exorde
Gizem / GerilimP S Y C H O S E n.f : Altération globale de la personnalité bouleversant les rapports du sujet avec la réalité. Je suis schizophrène, orpheline, addicte à la nicotine, suicidaire et dépressive. Je suis à la fois extrêmement seule mais toujour...