Ma Seconde Naissance [PAUSE]

Regarde le ciel, il est à toi, il est pour toi

Atomic Sky (1999)

J'émerge doucement de mon long sommeil, étrangement reposant. Aussitôt, je m'étire de tout mon long, je me grandis le plus qu'il m'est possible et lâche un soupir qui vient du cœur : là, je suis bien. J'aime tellement ces « réveils sans réveil » : sortir du pays des songes sans cette alarme stridente – il faut dire que même s'il s'agit d'une musique douce, que l'on aime, on finit toujours par avoir envie d'éclater cette machine dès qu'elle se met à sonner.

Et puis, au-delà de ça, ce calme intérieur vient sans aucun doute du concert d'Indochine qui approche. Je suis déjà excitée, rien que d'y penser. D'ailleurs, à y repenser, j'ai dû rêver que j'y étais ; oui, c'est ça. Et évidemment, c'était magique. J'ai l'impression d'encore ressentir, à l'intérieur de mon corps, ce que mes rêves m'ont permis de vivre. Je n'ai aucun souvenir de la scène. Rien de visuel, en somme ; il ne me reste que des bribes d'émotions, de ressentis, de sensations corporelles. Rien qui puisse me permettre de dire si le décor sera aussi gigantesque que celui du Black City Tour ; je me demande vraiment ce qu'ils nous préparent pour cette nouvelle tournée. Si Nicola nous a mis l'eau à la bouche, j'avoue que je vois difficilement comment ils peuvent faire mieux qu'avant, mieux que ce qu'ils nous ont offert lors de la tournée précédente. Malgré tout, j'ai tellement hâte. Hâte de les retrouver, hâte de me retrouver moi-même. Car, oui, je crois qu'il n'y a qu'auprès d'eux que je me sens authentique, vraie et surtout sincère avec moi-même.

Pour poursuivre mon rituel matinal, j'attrape mon portable posé sur ma table de nuit. J'ai l'habitude, dès les yeux ouverts, d'aller sur les différents réseaux sociaux, notamment pour voir les publications d'Indochine ; je tiens à être au courant de ce qu'il se passe. Je crois que ça me donne la sensation d'être au plus proche d'eux.

C'est là que je m'aperçois que j'ai un nouveau message :

Aujourd'hui, le grand jour ! Je vais enfin pouvoir te faire le plus gros câlin qui rattrapera tout ceux que je n'ai pas pu te faire pendant tout ce temps. Je prends mon train à Paris un peu avant 20h. L'avion va bientôt décoller. See u... very soon (je suis toute excitée de te revoir).

Je souris aussitôt, en réalisant que c'est bien aujourd'hui que je revois June. Depuis le temps que l'on attendait ce moment toutes les deux... Presque cinq mois qu'elle est partie à Minneapolis, presque cinq mois que je sens que quelque chose me manque, presque cinq mois que je fais mine d'être heureuse pour elle alors que ça me rend tellement triste de ne pas pouvoir partager toutes ces petites choses du quotidien avec elle. Ç'a été tellement dur pour moi de la laisser partir, sachant que je me retrouverai seule, que je serai sans elle pour la première fois depuis bien longtemps ; j'ai l'impression que, depuis que nous nous sommes échangées nos premiers mots à l'école primaire, nous ne nous sommes plus jamais quittées. Alors voilà, les premiers jours après son départ, j'ai cru que l'on m'amputait d'un de mes membres. C'était affreux. Bien entendu, pas un mot à June qui serait peut-être rentrée si elle avait su, laissant derrière elle son projet de devenir interprète, abandonnant son rêve le plus cher. Mais, j'ai finalement réussi à surmonter tout cela, car aujourd'hui, même si elle me manque, son absence ne me paralyse plus et ne me ronge plus autant qu'avant. Alors, plus question de ressasser ces moments difficiles !

Je pense donc à ce soir, lorsque nous nous retrouverons enfin et mon sourire revient aussitôt. Vu l'heure à laquelle elle m'a envoyé son message, elle devrait arriver à Metz vers vingt-et-une heures. Il me reste donc largement le temps ! Car, évidemment, j'ai prévu d'aller à la Gare pour l'accueillir comme il se doit ! Étant donné qu'avec mes 9m2 je ne pourrai pas les loger, June et Isa, sa mère, je veux pouvoir être auprès d'elle dès qu'elle sortira du train pour profiter d'elle au maximum.