Les aubes sont mortes (2009)
Lorsque je me réveille, après m'être étiré de tout mon long, j'entends ce silence. Plus précisément, je le ressens. Pas un silence qui apaise, non, un silence qui signifie l'absence, le manque. J'ouvre alors rapidement les yeux et me souviens alors que je ne suis pas dans ma chambre, mais dans l'appartement d'Ambre, au milieu de son salon. Elle qui n'est plus dans son lit, à présent vide, mais les draps défaits, comme si elle venait juste de s'y échapper. Je suis sure que son matelas garde encore la chaleur de sa peau, le poids de son corps. La pièce est éclairée d'une douce lumière que l'on pourrait croire voulue tellement elle est parfaite pour un réveil en douceur.
Ce manque, c'était donc la respiration d'Ambre que mon cerveau avait entendu malgré lui toute la nuit et qui n'était plus. Elle était comme un bruit de fond auquel on finit par s'habituer, qu'on ne perçoit plus et qui, presque, nous rassure. Ce son a été remplacé par un autre, plus sonore, sans doute celui qui m'a réveillé : l'eau de la douche qui coule de l'autre côté de la porte.
Je me redresse enfin et me rends compte que la porte de la salle de bain n'est pas complètement close. On y perçoit, de l'autre côté, une ombre qui bouge. Je distingue le corps d'Ambre que je découvre réellement pour la première fois. En moi, quelque chose me dit de me détourner aussitôt, pourtant, mon regard reste fixe encore quelques secondes. Est-ce que cela fait de moi un pervers ? ou simplement un mec sous le charme, un mec en train de tomber amoureux ? Au moment de rincer ses cheveux tout juste lavés, elle jette sa tête vers l'arrière, son dos se cambre par la même occasion ; mon corps frissonne de plaisir.
Alors mes paupières se ferment. Je m'imagine me lever, m'approcher doucement de cette porte et la pousser. Ambre dirigerait son regard vers moi ; elle serait d'abord surprise, finalement ravie. Son sourire, ainsi que son visage, m'inviteraient à la rejoindre. Ce que je ne tarderai à faire. Je me déshabillerai alors jusqu'à me retrouver nu, devant elle. Sans aucune gêne, sans aucune honte de mon corps d'homme que certains qualifieraient de « bizarre ». Moi, à ce moment-là, je me dirai qu'il est simplement non conventionnel, juste atypique. Après ça, je monterai dans la baignoire et lui ferait face. Timidement. Je repousserai quelques mèches pour dégager son si beau regard et elle poserait ses mains délicates de chaque côté de mon visage. Je frissonnerai à son contact humide. Là, j'aurai cette audace de m'approcher d'elle et de coller mes lèvres sur les siennes. Ce baiser serait beau, charnel, je crois qu'il annonce le début d'une histoire sincère et authentique. Ce baiser est beau car il est le nôtre.
Je serai libre.
Et pourtant je suis encore là, planté en plein milieu de l'appartement, espérant simplement que ce fantasme devienne, un jour, réalité.
Comme pour me ramener un petit peu plus ici, mes jambes m'emmènent près de la fenêtre que mes mains ouvrent. La fraicheur du dehors contraste avec la chaleur du dedans, chaleur produite par deux corps. Ça fait du bien.
Le robinet d'eau se ferme enfin. J'entends le rideau de douche s'ouvrir, ses pieds mouillés au contact au carrelage, le frottement de la serviette de bain contre sa peau.
Et lorsque la très attendue Ambre sort enfin, enroulée dans une serviette Disney, je ne peux m'empêcher de sourire.
« Quoi ? dit-elle en voyant mon air amusé.
- C'est quoi cette serviette...
- ...la Belle et la Bête ! Tu ne connais même pas tes classiques ! » se moque t-elle en s'approchant près de moi, tout près de moi.
Mais bon sang, qu'est-ce que c'est que cette tension que je ressens à l'intérieur de moi ? Et d'où vient cette chaleur au creux de mon ventre ? ces frissons dans tout mon corps ?
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Ma Seconde Naissance [PAUSE]
General FictionAxelle, le bac fraichement obtenu, quitte tout pour s'installer dans la ville de ses rêves. Elle espère y trouver bienveillance et tolérance, conditions essentielles pour qu'elle puisse s'épanouir en tant que jeune femme homosexuelle. Alors qu'elle...