Jane Windia et la Coupe de Feu

Chapitre 59

Les jambes de Jane la lançaient à chaque pas franchi. Mais la jeune fille ne s'arrêtait pas. Elle ne ralentissait pas. Jamais elle ne s'arrêterait. Jamais.

A sa gauche, Cedric la poussait du mieux qu'il pouvait en esquivant les branches qui lui déchiraient les vêtements et lui griffaient sa chair. A sa droite, Harry tentait de les dépasser en poussant ses capacités jusqu'à leurs limites.

Jane gardait son regard mobilisé sur la lueur bleue. Cette lueur bleue qui se rapprochait, mais qui semblait aussi s'éloigner. Il n'y avait plus que quelques mètres à parcourir. Dans quelques secondes, elle s'en emparerait et le tournoi prendrait fin.

Cedric s'écroula à ses côtés. Jane ne se retourna pas. Elle ne lui lança même pas un regard. Elle continua. Sans même prendre le temps de réguler sa respiration.

Soudain, le cri déchirant de son ami la fit tressaillir. Elle s'obligea à s'arrêter, et son meilleur fit de même.

Cedric se débattait à quelques mètres, les membres emmêlés dans les racines et les branchages. Il leur criait de venir l'aider, de lui prêter secours, de lui donner une chance.

Jane resta quelques instants immobile. La lumière l'appelait, l'attirait comme si c'était un aimant. Sa raison lui chuchotait de laisser tomber le Poufsouffle, que ça faisait un adversaire en moins, et qu'elle était encore plus apte à remporter la victoire. Sa raison lui susurrait de continuer sans prêter attention aux cris du malheureux.

Mais son cœur lui ordonnait de revenir sur ses pas, de prêter mains fortes à Cedric. C'était son ami : elle n'avait pas le droit de l'abandonner et de le laisser se débrouiller. Surtout qu'il n'avait aucune chance.

Elle jeta un regard à la coupe qui brillait. Si attractive... Puis un regard à son ami qui disparaissait sous les broussailles.

Il fallait qu'elle décide. Harry la regardait intensément, comme si son choix reposait aussi sur le sien.

Jane brandit sa baguette magique vers son ami et cria aussi fort qu'elle put ;

-Reducto !

Elle se jeta à ses côtés et arracha les racines de ses mains tremblantes en veillant à ne pas se prendre au piège. Harry la rejoignit et l'imita. Cedric fut bientôt libéré et se releva.

Les trois amis-ennemis restèrent pantelants et essoufflés. Jane passa une main sur son front ; elle transpirait. Son corps entier était pris de soubresauts et sa gorge la tiraillait.

-Merci, murmura Cedric d'une voix éteinte.

-Je t'en prie, répondit Jane sans lui jeter aucun regard.

-Tu sais, pendant un instant, j'ai pensé que... tu allais me laisser dans ce piège...

Jane avait du mal à se l'admettre, mais elle aussi l'avait cru. Si elle n'avait pas été ami avec Cedric, sûrement aurait-elle continué sa route sans prendre attention à ses lamentations. Et quelque part, elle était contente d'avoir rebroussé chemin et d'avoir aidé Cedric. S'il lui était arrivé quelque chose, elle s'en aurait voulu toute sa vie.

-Pendant un instant, moi aussi...

-Drôle de jeu, hein ? questionna Harry d'une voix fébrile.

-Drôle de jeu, répéta Jane pour elle-même.

Soudain, le vent frais les balaya et Jane comprit immédiatement ce qu'il se passait : le couloir allait se refermer et les engloutir.

-COURREZ ! hurla Cedric.

Ils ne se firent pas prier et repartirent dans l'autre sens. Cette fois-ci, Jane se fichait bien de la coupe. Tant qu'elle ne se faisait pas avaler par cette bouche faite de verdures, elle pouvait la retrouver.