Un Lou(p)rd Secret - Tome III

12. Lucie

La même routine s'était installée depuis maintenant quelques jours. Dès que la nuit tombait, Lucie et Lewis quittait l'appartement de cette dernière, laissant Esteban seul et dans l'attente. Ils ne quittaient jamais le vampire sans quelques mots d'encouragements, mais ces quelques mots devenaient de plus en plus difficiles à prononcer. Amy tardait à venir, ce qui faisait douter Lucie sur la pertinence de son idée. Et si jamais Amy ne rentrait pas, elle savait très bien que la foudre s'abattrait sur elle. Et cette foudre portait le nom d'Esteban.

Cette nuit ne dérogea pas à la règle. Lorsque Lucie eut terminé de se préparer, elle fit signe à Lewis qu'ils pouvaient y aller.

- Mec, on va te laisser. On rentre au petit matin. Téléphone-nous si elle est rentrée entre temps.

- Oui, comme d'habitude, répondit Esteban d'un ton las.

- Bonne chance, lança Lucie avec un sourire d'encouragement.

Ils passèrent tous deux la porte de l'appartement et s'élancèrent dans le couloir. Quelques pas leur suffirent pour croiser la vieille voisine de Lucie, Madame Croiset.

- Bonsoir Lucie !

- Bonsoir Madame Croiset, comment allez-vous ?

- Je vais bien et toi ma petite Lucie ? Tu es rentrée de ton voyage aux États-Unis ? Ça s'est bien passé ?

- Oui, ça s'est très bien passé, nous avons passé un bon moment, mentit-elle avec difficulté.

- Tu vas pouvoir m'accompagner prochainement pour mes courses alors ? demanda sans tact la vieille dame.

Lucie, dans sa bonté d'âme, aidait régulièrement sa vieille voisine lorsque cette dernière avait besoin qu'on lui rende un service. Elle n'avait plus de famille pour s'occuper d'elle et Lucie tentait de combler ce vide avec plaisir.

- Bien sûr, vous n'aurez qu'à me dire un peu à l'avance quand vous comptez les faire et je vous accompagnerai.

- Et peut-être que ton petit-ami pourrait nous accompagner ? Comme ça, je pourrai faire sa connaissance, déclara-t-elle en regardant Lewis.

L'allusion de Madame Croiset fit rougir Lucie.

- Ce n'est pas mon petit-ami, s'empressa de corriger la jeune femme.

- Pourtant, vous êtes sortis ensemble tous les soirs de la semaine ! Et vous sortez encore ce soir... J'ai cru que...

Elle avait beau apprécier sa voisine, Lucie commençait à être agacée par son indiscrétion.

- D'ailleurs, à ce propos, la coupa-t-elle, nous allons louper notre séance au cinéma. Je vous dis à bientôt alors Madame Croiset.

Lucie attrapa le bras de Lewis et le força à la suivre avant que la vieille dame n'ait l'idée de poser d'autres questions gênantes en présence du vampire, même s'il y avait peu de chances qu'il les comprenne.

Dans l'ascenseur les menant au rez-de-chaussée, Lewis l'interrogea.

- Qui était-ce ?

- Mon indiscrète de voisine. Ne te méprends pas, je l'apprécie. Mais elle allait commencer un interrogatoire auquel je ne voulais pas être soumise. J'ai dû lui faire croire qu'on allait au cinéma pour m'en débarrasser.

- A propos de quoi ?

Sans réfléchir, Lucie enchaîna :

- Elle voulait savoir si tu étais mon petit-ami, parce qu'on sort beaucoup toi et moi ces derniers temps. C'est ridicule.