Un Lou(p)rd Secret - Tome III

32. Esteban

- Amy ! Attends ! hurla-t-il.

Si elle l'avait laissé finir, elle aurait compris où il voulait en venir. Mais Amy étant Amy, il n'était pas étonné d'avoir à lui courir après pour pouvoir lui fournir une meilleure explication.

Son caractère fort, sa détermination, sa capacité à aimer et défendre les personnes qu'elle aimait corps et âme... C'était ce qu'il appréciait particulièrement chez cette louve. A ses côtés, il savait qu'il pouvait relever tous les défis. La manière dont elle s'était débarrassée de Dakota en était la preuve absolue.

Lassé de courir à une allure normale pour la rattraper, il boosta un peu sa vitesse et se retrouva devant elle en une fraction de seconde pour lui faire barrage.

- Amy, stop, laisse-moi t'expliquer.

- Non, je ne veux pas t'entendre. Le jour va bientôt se lever, nous devons rentrer. Conduis-moi chez toi. Je ne veux pas rester seule...

Esteban garda le silence. Elle venait de lui demander de l'amener à son appartement à lui. C'était tout ce dont il avait besoin pour le moment. Elle venait de lui donner la preuve que malgré sa colère, elle ne souhaitait pas se séparer de sa présence. Après la longue distance qu'ils avaient endurée, c'était tout ce qui importait pour lui pour le moment. Ses explications attendront donc un moment plus propice à leur écoute.

Ils reprirent la route sans un mot. Esteban, malgré sa concentration focalisée sur ce qu'il se passait devant lui, ne pouvait s'empêcher de jeter quelques coups d'œil réguliers à Amy, inquiet par ce qu'il pouvait se tramer dans son esprit. Elle avait posé sa tête contre la vitre et observait les passants sur les trottoirs de la ville, de manière distraite, perdue dans ses pensées. La mine abattue qu'elle affichait aurait pu lui provoquer un pincement au cœur, s'il en avait encore un en état de fonctionnement.

Lorsqu'ils passèrent la porte de son appartement, Amy et lui ne s'étaient toujours pas dit un mot. Sans lui adresser un regard, Amy se dirigea d'un pas assuré vers la salle de bain, dans laquelle elle s'enferma. Le message était clair, elle ne souhaitait pas être dérangée.

Esteban avait suivi du regard les mouvements d'Amy, en restant immobile dans le salon. Il ne savait plus comment agir. Il se remémorait les derniers jours qui venaient de s'écouler et il réalisa à quel point leurs vies, toutes liées les unes avec les autres, avaient été chamboulées depuis l'arrivée de Dakota à Phoenix. Tous ensemble, ils avaient trouvé un équilibre et cet équilibre avait été remis en question du tout au tout. D'abord, quand Dakota avait évincé Amy dans une volonté d'asseoir son ascendance sur lui et d'effriter petit à petit son amour, en le forçant à renoncer à sa bien-aimée. Puis, en tuant Lucie pour se venger, vengeance qui sans le savoir allait mener à la transformation de Lucie.

La mort de Dakota représentait un soulagement bien trop court face à ce qui les attendait maintenant. Esteban avait besoin de reconstruire sa relation avec Amy. Il devait se racheter pour la lâcheté dont il avait fait preuve face à Dakota. Il devait lui prouver à nouveau qu'elle était la seule et unique femme qu'il aimait et qu'il aimerait pour l'éternité. Et pour se faire, il devait pouvoir renouer le dialogue avec elle et lui expliquer en quoi procéder de cette manière avec Lucie était la meilleure solution.

Lorsqu'il entendit l'eau couler dans la douche, Esteban lâcha un profond soupir et se dirigea à la cuisine. Pour gérer l'attente qu'il allait devoir subir malgré son tempérament impatient, il avait besoin de se nourrir, et rapidement. Il alla se servir une poche de sang dans le frigidaire et partit dans le salon pour la déguster.

Au bout de ce qui lui paraissait des heures, il entendit les pas d'Amy approcher du canapé où il était installé. Quand ses yeux se posèrent sur elle, alors qu'elle n'était vêtue que d'un de ses t-shirts qu'elle avait dû lui emprunter et de sa petite culotte, Esteban déglutit difficilement. Il la trouvait magnifique. Mais lorsqu'il scruta son visage et particulièrement ses yeux, il devina qu'elle avait dû pleurer à chaudes larmes sous la douche. Son désespoir ne l'avait pas quittée, toutefois un éclat de résignation dansait sur ses pupilles. Peut-être était-elle prête à entendre ce qu'il avait à dire ?