Un Lou(p)rd Secret - Tome III

31. Lucie

Attachée par les poignets et les chevilles dans la cave de la cabane du Regional Park, Lucie émergeait peu à peu. Son esprit était encore embrumé par son repos forcé, mais elle entendait tout de même les éclats de voix qui provenaient de l'étage du dessus.

Elle reconnut immédiatement les voix des personnes responsables de son enfermement. Lucie voulut tendre l'oreille pour comprendre ce qu'ils se disaient, mais c'est à ce moment là qu'elle la sentit.

La soif.

La soif qui occultait ses sens, qui l'empêchait d'être elle-même tant qu'elle ne l'avait pas encore contrôlée.

Cette soif qui attisait en elle une rage dont elle était incapable de se débarrasser.

C'était comme si elle n'était plus la seule dans son propre corps. Sa personnalité humaine était restée intacte au fond d'elle. Mais la personnalité de cette vampire assoiffée de sang prenait constamment le dessus.

Dès qu'elle repensait aux événements dont la succession l'avait conduite ici, Lucie ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la colère et de la frustration. Elle essayait de se raisonner, en vain. Elle savait pertinemment, au fond, que ses amis n'y étaient pour rien. Elle comprenait bien qu'avoir ingérer du sang de Lewis la veille de sa mort lui avait sauvé la vie, si on pouvait le formuler ainsi.

Mais elle était incapable d'éprouver de la reconnaissance. Pas tant qu'elle n'avait pas accepté la fatalité.

Elle était morte.

Tous ses projets, ses rêves et ses espoirs étaient tombés à l'eau. Face à cette perte, Lucie avait besoin de blâmer quelqu'un.

Et c'était bien plus facile de blâmer ses amis pour le moment.

Lucie commença à agiter ses chaînes. Elle se sentait déjà emprisonnée par sa soif, elle n'avait pas besoin de l'être au sens littéral.

Elle tira dessus une fois, deux fois, trois fois. Puis, résignée, elle arrêta ses tentatives. Elle venait de se souvenir que ces chaînes avaient été faites pour contenir la force d'un loup-garou. Elle n'avait donc aucune chance de s'en sortir, à moins que quelqu'un vienne la libérer.

Elle entendit alors la trappe s'ouvrir et des bruits de pas provenant des escaliers résonnèrent dans la pièce. Quelques secondes après, Esteban, Amy et Lewis se tenaient tous devant elle, un air triste sur le visage.

Elle allait avoir le droit à une intervention, avec des beaux discours beaucoup trop mielleux, elle le sentait.

Pendant un temps qui paru une éternité pour Lucie, personne ne pipa mot. Seule la tristesse qu'il affichait tous flottait dans l'air.

Qu'est-ce que ça pouvait l'énerver de les voir comme ça ! Si quelqu'un devait afficher un air triste, c'était bien elle !

- Lucie, nous aimerions te parler..., commença Amy.

Lucie tourna la tête pour ne pas la regarder en face. La rage de sa personnalité de vampire se mêlait au désespoir de sa personnalité humaine.

- Nous avons quelque chose à te proposer..., continua son amie.

Lucie avait du mal à se concentrer sur les paroles de la louve. Tout ce qu'elle entendait, c'était le battement régulier de son cœur dans sa poitrine. Tout ce qu'elle sentait, c'était le sang qui coulait dans ses veines.

- On sait que ça doit être très difficile pour toi actuellement et...

- Tu ne sais rien, la coupa froidement Lucie.