Chapitre 14 : La reine des terres recluses

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Autour du cercueil orné de roses, les guerriers chantèrent en cœur dans une langue draconique que Ezarel ne connaissait pas. Cependant, le chant était si apaisant qu'il oublia un instant pourquoi ils chantaient cela. Puis il revint à la réalité et observa le cercueil de la femme qu'il aimait. Une main réconfortante se posa sur son épaule. Il ne tourna pas la tête mais savait que cette personne était Nevra. Karenn était positionnée aux côtés de son frère, pleurant à chaudes larmes. Nevra, de son autre bras, encercla la taille de sa sœur pour la prendre dans ses bras. Cet enterrement n'était pas juste un enterrement. Autour du cercueil, peuple des terres recluses et peuple d'Eel étaient réunis, pleurant la même personne. Une amie pour certains, une amante pour un autre, une Reine pour la plupart. Le chant des guerriers de Terena résonnait tandis que beaucoup pleuraient la mort de cet être qui avaient réunis toutes les races. Leïftan, nouveau chef remplaçant Terena, retenait ses larmes autant qu'il le pouvait. C'était dur, très dur. Sa tristesse, aussi grande soit elle, n'était pas loin de celle de Ezarel. L'elfe avait l'impression que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, et qu'il allait bientôt se réveiller. Mais tous cela était malheureusement bien réel. Le chant se termina, le cercueil fut enterrer. Une larme coula le long de la joue de Ezarel alors que, le visage dévasté par la tristesse et la souffrance, il murmurait :

- Adieu, Terena.

. . .

Dans la pièce, une odeur de menthe régnait. Le lit parfaitement fait rappelait qu'elle n'était plus là. Qu'elle ne reviendrait pas. Ezarel contourna le lit et vint s'asseoir sur la chaise de bureau. Il fut surpris de découvrir une lettre sur celui-ci. Fronçant les sourcils, il la prit et la tourna. Son cœur rata un battement en constatant que d'une fine écriture, son prénom était écrit. Il reconnaîtrait cette écriture entre mille. Tremblant, il ouvrit l'enveloppe et en sortit un papier qu'il déplia. 

Cher Ezarel,

Si tu lis cela, c'est que la guerre est finis et que je suis sûrement morte.

Le cœur d'Ezarel se serra et il contracta sa mâchoire pour ne pas pleurer.

J'espère que mes guerriers, mes amis, et surtout toi, allaient bien. J'espère qu'enfin, la paix régnera. Tu sais, quand je t'ai rencontré, je ne t'aimais vraiment pas. Tu m'insupportais avec tes sourires sarcastiques et tes mimiques insupportables. Puis, j'ai appris à te connaître, à te respecter, à t'aimer, et tes mimiques sont devenus les choses les plus belles à mes yeux. J'étais tiraillé entre la guerre que je préparais, moi qui vous ai trahis, et le fait que mon amour pour toi grandissait de jour en jour. J'avais peur que la guerre que je préparais te tue. J'espère de tous cœur que tu lis cette lettre et que donc, tu n'es pas mort. J'espère aussi que ne m'en veux pas. Même si je sais qu'après ce que j'ai fais, après tous ce sang versé, ce sera dur de me pardonner. C'est dur de t'imaginer me détester. Tellement dur que j'en ai les larmes aux yeux. Je suis pitoyable. Mais ma lettre n'est pas destinée à te dire que je suis une femme horrible. Je voulais te partager mes sentiments. Je ne sais si tu étais là à mon dernier souffle. Si j'ai réussi à te dire à quel point je t'aime avant de mourir. Alors voilà, je vais le faire dans cette lettre. 

Mon elfe bien aimé, mon amour, tu es le seul homme que j'ai vraiment aimé de toute ma vie. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Cette anxiété quand tu n'étais pas avec moi. Cette jalousie quand tu parlais à une autre femme. Ce désir quand nous nous frôlions. Cette passion quand nous nous regardions. Cette amour était si grand que j'ai beaucoup de mal à t'exprimer mes sentiments par écrit. Cependant, il fallait que je le fasse.

Ezarel, je t'aime tellement que je pourrais mourir pour toi. 

Je t'aime tellement, que j'ai hésité à arrêter cette guerre pour toi.

Je t'aime tellement que j'ai voulu te dire toute la vérité, même si je n'en ai pas eu le temps.

Je t'en supplie, même si ma demande est égoïste.

Ne m'oublie pas.

Je t'aime.

                                                                                        Terena

Ezarel replia la lettre et la posa sur le bureau. Prenant son visage entre ses mains, il ne put empêcher ses larmes de couler plus longtemps. Le visage de Terena flottait dans son esprit comme un doux rêve. Jamais il ne pourrait oublier son visage. Il ne voulait pas. La douleur qu'il ressentait était si intense, qu'il se demandait s'il n'aurait pas mieux valut qu'il meure en même temps qu'elle. Car tous cela aurait tellement était moins douloureux.

- Tu me manques tellement... Murmura-t-il entre ses sanglots.

 . . .

- Terena gagna la guerre et la paix régna entre les deux clans auparavant ennemis. 

Les enfants étaient tous fascinés par l'histoire qu'ils venaient d'écouter. Ezarel referma le livre qu'il venait de lire et sourit aux enfants face à lui. 

- C'est vous qui avez écrit ce livre, monsieur ? Demanda une petite fille.

- Oui c'est moi. Répondit l'elfe.

- Pourquoi? Demanda un petit garçon.

- Parce que la femme de cette histoire était celle que j'aimais.

Sa voix était douce et nostalgique en repensant aux moments passés avec Terena il y a plus d'un an.

- C'est trop romantique ! Cria l'une.

- Mais c'est trop triste ! Sanglota l'autre.

Ezarel tourna la tête et aperçut Nevra qui le regardait, les bras croisés et le sourire aux lèvres, fier de son ami. Après la mort de Terena, il s'était renfermé sur lui même et avait mis longtemps à réussir à remonter la pente. Chaque mot, chaque endroit lui rappelait Terena. Mais après un temps, il avait recommencé à sortir, se concentrant sur ce livre retraçant le parcours de la démone. Ezarel fit un signe de main à son meilleur ami, et posa son regard bleuté sur le livre, caressant du bout des doigts le titre écrit en doré : La reine des terres recluses.



La grande guerre  ~Eldarya~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant