Chapitre 4 : L'écorché vif

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Eren traîne dans son lit ce matin. Il veut profiter d’une bonne grasse mat' pour dormir comme un loir et se tenir loin de la réalité  encore quelques instants. La chaleur réconfortante d'un lit et la douceur des draps il n’y a que ça de bon en ce moment. « Fuck la routine ». Néanmoins, c'est Mikasa qui le réveille avec tout la douceur du monde, le tirant peu à peu de ses songes. N’ouvrant point les yeux, il invite sa sœur à venir se blottir contre lui pour un petit câlin, comme ils le faisaient souvent lorsqu’ils étaient petits.  Du bout des doigts il joue avec quelques petites mèches de cheveux de sa sœur, toujours émerveillé de leur douceur. Il entrouvre les yeux au bout d’un long moment et pose le dos de sa main sur son front pour constater qu’elle est encore fiévreuse. Elle l'invite à venir prendre le déjeuner, ou plutôt le dîner, vu l’heure qu’il est. Une fois attablés, ils échangent quelques banalités, mais Mikasa tente à plusieurs reprises de remettre le sujet de la pizzeria sur le tapis. Pour elle, rouler seul en scooter le soir sous le poids de l'obscurité, c’est dangereux. Et elle a raison. Comme d’habitude, son frère essaie de la rassurer, lui assurant qu’il ne risque rien. Si elle venait  à savoir ce qu’il s’est réellement passé ce soir là, elle marcherait jusqu’au bout de la nuit pour retrouver ses agresseurs.
Le jeune homme part en scooter pour son essai en tant que modèle. Il s’emmitoufle le plus possible dans un bonnet et une grosse écharpe, pas question d’attraper froid à cause de ce fichu casque cassé. Il arrive à la résidence et sonne.

- Oui ?
- Je suis à l’heure !
- Avant l’heure c’est pas l’heure.

Eren reste bouche bée, complètement abasourdi que le tyran le laisse dehors. Il se prend pour qui ce type ! Il regarde sa montre : 14h49. L’heure tourne, puis il entend la porte grésiller pour qu’il puisse entrer et ce 11 minutes après son arrivée.

- Vous m’avez fait poireauter exactement 11 minutes dehors ! J’peux savoir pourquoi ?
- 15h c'est 15h. On dirait que t’as froid gamin? Ricane t’il intérieurement.

Il l'invite à rentrer. Le plus vieux se dirige vers la cuisine et commence à mettre de l’eau à bouillir. Il choisit une jolie boîte à thé  en métal, différente de celle de la dernière fois puis recommence sa cérémonie avec beaucoup de sérieux.

- Goûtes ça, lui dit il en lui posant la tasse fumante dans les mains. Thé vert.
- C’est… différent… répond t'il en prenant une gorgée. Corsé et fruité à la foi. Ça réchauffe et ça réconforte à la foi j’aime beaucoup c’est très étrange.
- C’était l’effet attendu. C’est pour ça que je t’ai fait poireauter dans le froid, pour que tu mettes tes sens en éveil et que tu ressentes l’effet de la boisson.
- si vous le dites ...

Livaï se lève pour débarrasser les tasses, puis revient les bras chargés de matériel. Des crayons, des fusains, des estompes, des craies, des pigments et le fameux carnet qu’Eren lui a offert. Il dispose soigneusement son matériel sur la table du salon, alignant ses crayons côte à côte comme un maniaque. Il croise les jambes, et pose son carnet sur sa cuisse.

- Installe toi en face de moi, lui ordonne t’il en pointant le fauteuil face à lui avec son crayon.
- Je me mets comment ?
- Je m'en fiche. Ça fait un baille que je n’ai pas eu de modèle je veux faire un essai pour voir si on est en à l’aise ensemble. Je veux savoir si tu  vas réussir à m’inspirer, et je veux savoir si je peux te capter, tu piges ? Allé grouille toi morveux, mon crayon brûle !

Eren ne sait pas quoi penser de toute cette salade de consignes. Il s’installe tout se même sur ce fauteuil qui ne l'inspire pas, face à l’artiste, en croisant les jambes et en posant ses bras sur les accoudoirs. Il se sent totalement ridicule, posant comme un enfant lors des photos de classe individuelles. Vous savez ? Ce genre de photos avec une pose très naturelle et un sourire décontracté ? Oui, celle-là. De longues secondes passent, le silence régnant en maître. L’artiste l’observe, laissant son crayon inactif, bougeant nerveusement sa cheville posée sur sa cuisse.  Il jete son carnet sur la table, s’allume une cigarette, prend une taffe ou deux tout en plongeant ses yeux plissés dans ceux du plus jeune. Puis il se pince l’arrête du nez pour réfléchir un instant tout en soufflant la fumée nocive.

L'accro des émeraudes *TERMINÉ*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant