Cette nuit-là,
J'étais entrain de marcher près de toi.
Et c'était comme si tous les dangers autour de nous avaient disparus. Je me sentais en sécurité.
On était retournés vers la station métro. Sur le parking, dans un coin caché des yeux du monde.
Nous nous étions assis sur le rebord d'un mur, en tailleur, en face à face. Un fin sourire étirait mes lèvres.
«J'ai vraiment envie de te poser beaucoup de questions.» avais-je avoué.
Tu t'étais mis à rire, et tu ne sais surement pas l'effet que ça m'avait fait.
T'avais certainement le rire le plus craquant au monde.
«Te gêne pas.» t'avais répondu.
Tu souriais.
Visiblement, la situation t'amusait. Je pris alors la parole.
«T'es resté combien de temps, en prison?»
J'avais arqué les sourcils, tout en te fixant.
«Mh, trois ans.»
La surprise devait certainement se lire sur mon visage. Je le voyais dans ton regard.
Et ton regard me faisait frissonner.
«Mais... tu as quel âge, au juste?»
«J'ai vingt ans. Et toi? Tu as l'air très jeune.» tu faisais la moue.
Je me mis à sourire. J'avais trouvé amusant, le fait que tu me poses une question sur moi, alors que le sujet interessant, c'était toi.
«J'en ai juste l'air. Dix-huit ans. Bientôt dix-neuf.» j'avais alors répondu.
J'avais rapidement reprit la parole.
«Mais du coup, ça veut dire que... tu es rentré en prison à dix-sept ans. C'est super jeune.»
T'avais pouffé de rire, et baissé le regard pour fixer ta canette, comme gêné.
«Ouais, je sais.» t'avais alors marmonné.
Un fin sourire étirait mes lèvres. La curiosité me démangeait, et je n'avais pas pu retenir mes mots. Je voulais savoir ce que tu avais fait.
«Tu as cambriolé une banque?»
T'avais relevé le regard et tu t'étais mis à rire.
«Non.»
«T'as tué quelqu'un?»
«Peut être bien.»
Je ne parlais plus, et ne souriais plus. Je m'étais contentée de te fixer, ahurie. Ton regard était intense et ton visage affichait un air sérieux.
De longues secondes s'étaient écoulées, avant que tu décides à reprendre la parole.
«Je déconne, j'ai tué personne.»
Je m'étais alors autorisée à reprendre enfin mon souffle, alors que tu riais d'un rire franc.
«C'est pas drôle.» avais-je dis, avec un sourire amusé aux lèvres qui contredisait mes paroles.
«Si, un peu quand même.»
Tu t'étais calmé et avais sortis ton tabac et ton herbe, dans le but de rouler un joint.
Je te regardais faire, puis repris mon petit jeu.
«Bon, t'as fait quoi? T'as volé des bonbons?»
«Ouais, voila, t'as trouvé.»
On avait rit ensemble.
C'était l'un des moments les plus doux de mon existence. J'aurais aimé que tu le saches.
«T'as vendu d'la drogue?»
T'avais repris un air sérieux.
«Ouais. Mais c'est un peu plus... compliqué que ça.»
«Qu'est ce que tu as fait, alors?»
Tu m'avais fixé intensément. Puis t'avais soupiré. Tu avais mis plusieurs longues secondes à te décider à prendre la parole, cherchant tes mots.
«J'étais le plus jeune. On était quatre sur le coup... Tu sais, ce monde là, c'est une vraie jungle. Y'a des putes partout. Des gens qui t'balancent, d'autres qui te devancent. En bref, fallait tout faire pour qu'un gars arrête de vendre son matos à côte de notre réseau.» tu m'avais expliqué.
Je buvais tes paroles, concentrée.
«Et donc? Qu'est ce que vous avez fait?»
Tu n'avais pas l'air si fier de toi, de ce que tu avais fait. En tout cas, c'était ce que laissait penser l'intonation de ta voix.
«On a séquestré ce quelqu'un.»
Un frisson avait parcourut tout mon corps. Séquestré ? Cela donnait l'ouverture sur plusieurs scénarios possibles, tous aussi effroyables les uns que les autres.
«Et... vous lui avez fait quoi?» j'avais demandé, d'une petite voix.
J'étais pas sure de vouloir entendre la réponse, mais tu me l'avais donné l'instant d'après. Tu m'avais avoué que ce gars, il s'était fait tabasser durant des jours, enfermé dans une cave. Principalement par tes collègues, mais que tu avais aussi participé.
Tu m'avais alors longuement parlé de cette histoire. De ton jeune âge à l'époque, et de ta peur d'aller en prison. De ton angoisse lorsque la décision du juge était tombée.
Tu avais eu l'air si triste, quand tu m'avais parlé du regard de ta mère, lors de ton procès.
Puis de cette fille, qui t'avait quitté quand le verdict était tombé.
Je t'avais écouté parler, sans m'en lasser.
«Et dis, est ce que en prison, c'est vrai que vous finissez tous gays?»
Tu étais choqué par ma question. Mais tu avais quand même ricaner, tout comme moi. Il faut dire que, la tête que tu avais tiré était épique. Et j'en ris encore aujourd'hui, en y repensant.
«Mh, non, clairement pas non.»
Tu avais alors fini de rouler ton joint. Tu l'avais porté à tes lèvres roses et charnues, l'emprisonnant entre ses dernières, avant de l'allumer.
J'avais vu tes frissons lorsque tu avais fumé ta première barre dessus.
Tu avais fermé les yeux. Et moi, je me contentais de t'observer.
Ouais, je t'observais, longuement, intensément, me concentrant pour mémoriser chacun des traits de ton visage. Comme si tu allais t'envoler, comme si tu n'étais qu'un rêve, qu'un putain de mirage, s'apprêtant à disparaitre.
Cette nuit-là, je t'admirais.
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Yo ! C'est l'avant dernier-chapitre ihi. J'attends vos avis 🙄
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This Night. (DOB)
FanfictionCette nuit-là, j'avais les yeux rougis par mes pleurs, les joues trempées par mes larmes, et le regard vidé par la peine. Cette nuit-là, j'aurais du être seule. Comme d'habitude. Comme souvent. Mais non. Cette nuit-là, t'étais là. _____________...