Jour 182 - 9 avril

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Moi : 

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Moi : 

Le café est presque désert. Seuls quelques lycéens sirotent leurs boissons en bavardant, un peu à l'écart, hors du monde, dans le fond de la salle. Ils portent encore leurs uniformes, signe qu'ils ne sont pas rentrés chez eux depuis qu'ils ont quittés l'école. Peut-être qu'ils sortent tout juste de leurs cours du soir, profitant d'une heure de répit entre eux avant de retourner à la routine quotidienne.


Moi :

Une fille raconte sa dernière heure de piano. Les autres acquiescent d'un air compatissant tandis qu'elle dépeint la sévérité de son professeur, sa voix devenant plus vibrante de colère à chaque mot. Tous ont déjà vécu ce genre d'expérience et se reconnaissent sans mal dans le récit de leur camarade. La frustration de ne pas être assez bon, la violence de se le faire reprocher, c'est le pain quotidien de beaucoup d'étudiants, celui qui nourrit jour après jour leur adolescence sacrifiée. Réussir est une quête, la condition unique à un avenir radieux. Pour les autres, les moyens ou les moins bons, tout n'est que doute et incertitude. On distingue dans leurs yeux cette question muette que la société leur renvoie en écho : "Y parviendrai-je ?" , "y parviendras-tu ?".


Moi :

La petite bulle qu'ils ont créée autour d'eux prend des airs de comité de soutien. Chacun y va de son histoire, racontant ses difficultés et ses doutes. Les autres écoutent et renchérissent. Je vois leur souffle se relâcher, les langues se délier. Je visualise presque leur visage se détendre à mesure que leur fardeau de tracas s'allègent. En parler les soulage, au moins un peu.


Moi :

Je me demande où est passé l'insouciance qui devrait encore être la leur... Et je pense à toi, avais-tu cette même question dans le regard au même âge ? Et moi ?


Moi :

Les adolescents sont six, quatre filles et deux garçons, pas tous du même établissement au vu des écussons sur leurs vêtements. Ils se sont donné rendez-vous et savourent les retrouvailles dans les rires et la complicité. Un garçon baille depuis un moment déjà. Je vois bien qu'il lutte pour rester quand tout son corps le supplie de rentrer se reposer. Il a l'air heureux d'être ici, un sourire satisfait ne quitte pas ses lèvres depuis qu'il est entré, mais plus les minutes avancent plus il se tasse sur sa chaise. Les autres ne semblent pas l'avoir remarqué, ou l'ignorent simplement. À bien y regarder, ils sont tous dans le même état. La fatigue drape leur corps et un peu leur rire, aussi.


Moi :

Je les observe discrètement. Je cherche dans cette vision ce qui pourrait me renvoyer à mon adolescence, mais rien ne vient. Mes souvenirs semblent à des années-lumière du tableau que j'ai sous les yeux.

Un jour sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant