Moi :
Il pleut.
Moi :
Le dos appuyé contre la tôle froide de la porte, je remplie nonchalamment mes poumons de fumée. Ça fait bizarre de retrouver cette sensation. Je n'avais plus tiré sur une clope depuis mon année à Manchester, il y a 5 ans. Ça n'a jamais été trop mon truc, la clope, mais quand Sam m'a tendu son paquet tout à l'heure, je me suis dit : « Tiens, pourquoi pas ».
Moi :
je ne me laissais jamais tenter sur un coup de tête, avant.
Tout ce que je faisais était réfléchi.
[...]
Moi :
Je regarde le nuage laiteux s'échapper de ma bouche pour se fondre avec le ciel nocturne de la ville. C'est étrangement apaisant. Pas que ce soit l'angoisse en temps normal, mais j'apprécie la sérénité du spectacle.
Moi :
Sérénité...
Moi :
L'adjectif est si peu adapté à cette petite bourgade de 10 million d'habitants qu'est Séoul...
Je ne sais pas si tu le sais, mais d'habitude, je suis plutôt du genre à aimer la solitude, le calme et l'absence de représentants de mon espèce, qu'ils soient mâles ou femelles.
Je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant de venir m'installer ici. J'ai fait abstraction de cette part de moi comme si elle n'était qu'un détail, un truc que je pourrais régler avec le temps. Mais ça fait un an, maintenant, et je déteste toujours autant cette effervescence humaine, partout.Moi :
Tiens, c'est même la première fois que j'écris noir sur blanc que je déteste quelque chose à Séoul.
Et pourtant, il y en a de choses que je déteste...
À toi, je peux le dire, ça fait 173 jours que je confie tout.[...]
Moi :
J'ai bientôt plus de batterie, putain.
[...]
Moi :
À mesure que je fume, j'avale goulûment l'atmosphère particulière de cette ville tant éloignée de ce que je pourrai nommer « maison ». Peut-être que j'essaye d'en imprimer la sensation au creux de mon ventre, d'en faire un petit bout de moi pour m'y sentir moins étranger. Je ne sais pas. Je me contente de respirer en écoutant les loups gris se mettre à hurler dans l'enclos principal du Grand Park. Je me demande ce qu'on fiche ici. Je déteste les zoos.
Moi :
Et je déteste la pluie.
Et la nuit, celle d'ici.[...]
Moi :
Et puis toi, aussi.
Un jour sans toi, et je te déteste aussi.
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Un jour sans toi
Hayran Kurgu"Jimin, Ça fait 162 jours. 162 jours depuis que j'ai planté ma vie. Peut-être même depuis que j'ai failli planter la tienne. Je ne sais pas pourquoi je continue de t'écrire tous les jours, comme ça. J'attends peut-être que tu sortes de tes gonds...